Sous-charge
Pourtant, elles sont loin d’être une panacée : leur facteur de charge en France (rapport entre l’énergie électrique effectivement produite sur une période donnée et l’énergie produite par un fonctionnement à la puissance maximale durant la même période) est de 13% en photovoltaïque, et de 23% en éolien (21,7% en 2011, 24% en 2012, source : RTE). Conséquence : une énergie non fatale (que l’on peut produire à la demande : thermique carbonée, nucléaire ou hydraulique, principalement) doit fournir les deux tiers de l’énergie nécessaire.En éolien, la puissance garantie (celle sur laquelle le gestionnaire du réseau peut compter en permanence) n’est disponible que pendant 5% du temps (source : rapport ENERGIE 2050). Ce qui signifie que pendant 95% du temps, des sources d’énergie non fatales doivent fonctionner. Celles-ci fonctionnent donc la plupart du temps en sous-charge, ce qui en majore le coût.
Une question de coût
De plus, ces énergies renouvelables sont coûteuses, et il faut subventionner lourdement leur production (la « CSPE », taxe qui est prélevée à cette fin sur les factures d’électricité, représente déjà 3 milliards d’euros par an pour la France, et 20 milliards en Allemagne). Ces subventions créent une distorsion de concurrence avec le gaz, qui pourtant peut seul (avec l’énergie des barrages à lac hydro-électriques) satisfaire les pointes de consommation.Du coup, cette utilisation partielle du gaz réduit la rentabilité de cette énergie, ce qui entraîne la fermeture de nombreuses centrales à gaz (51 GW ont déjà été supprimés, soit l’équivalent de la moitié de la puissance électrique française, et c’est 130 GW qu’il faudrait éliminer au total). Avec pour conséquence un risque accru d’effondrement du réseau européen en cas de grand froid.
Paradoxe...
Et on arrive aujourd’hui à ce paradoxe : les principales entreprises européennes d’électricité demandent l’arrêt des subventions des énergies renouvelables … ce qui aurait pour conséquence que ces entreprises devraient vendre à perte l’électricité renouvelable. C’est dire que cela aboutirait à un abandon pur et simple de ces filières, un retentissant et coûteux échec industriel. C’est d’ailleurs ce que vient de faire l’Espagne, qui ne subventionne plus de nouvelles installations de ce type (mais devra continuer à assumer ses contrats passés, dont les subventions lui coûtent actuellement 7 milliards d’euros par an). Pour ce qui concerne la France, Gérard Mestrallet, PDG de GDF-Suez déclare : "Nous avons besoin d'un marché plus harmonieux en ce qui concerne les capacités. Nous demandons d'intégrer les énergies renouvelables dans le marché réel et de laisser de côté les subventions"Comment réagiront les gouvernements ? En Allemagne, Angela Merkel, récemment réélue, a promis de réexaminer cette question. Mais ce qui semble sûr, c’est qu’elle ne reviendra pas sur l’abandon du nucléaire, ce qui ne laisse comme alternative que l’augmentation de l’utilisation du charbon (alors que c’est le produit le plus polluant, surtout pour le lignite, pour lequel 26 centrales sont en construction en Allemagne). En fait c’est Angela Merkel qui porte la responsabilité de cette « Energiewende » (transition énergétique), puisqu’elle avait déclaré le 29 octobre 2004, alors qu’elle était chef de la CDU et avant de devenir chancelière (hôtel Hyatt, Cologne) : "à la longue, il y aura tellement de bénéficiaires de la politique en matière d’énergie éolienne qu’il deviendra impossible de trouver une majorité pour y mettre une borne".