Si ce livre était un roman, il serait parsemé de points de suspension, pour précéder les premiers mots, un passé de griffures, de désirs, d'attentes; si ce livre était un roman, il serait suivi de points de suspension, un avenir incertain peut-être, précaire, obsédant; mais il s'agit de poésie, d'instants célébrés, là où l'obscurité de toutes choses révèle le corps, la peur et la faim, la vivante flamme jaillie de l'abîme qu'entretient l'autre, cette étoile qui danse. Un présent d'interrogations où alternent la résistance et l'abandon, l''avidité et l'insondable: Rien ne vous parlera de ma part d'errance / sous le pré bouclé des lunes / ni de l'amitié des morts claquée à la corde des doigts.
Une mélodie attachante comme une musique de chambre épanouie et sèche, mélancolique à la manière d'une liane rare qui enserre l'arbre, s'accroche à ses plus hautes branches sans pouvoir s'y maintenir.
Donnez-moi un tas dur / une croix sous le bâton du vent / que ce soit vos bras / votre main nue / qui me rende lourde à la neige des feuilles / car ceux qui m'aiment ne savent pas / ce qui enfonce en moi / et qui jamais ne se tassera.
Outre un recueil de nouvelles, Ses pieds nus et Poésies 1997-2004 qui ont déjà été présentés dans ces colonnes, Claire Genoux - née à Lausanne en 1971 - a obtenu, avec Saisons du corps, le Prix Ramuz de la poésie en 1999. Ses ouvrages sont disponibles aux éditions Bernard Campiche.