Minorité

Publié le 23 octobre 2013 par Malesherbes

Dans les articles évoqués dans mon billet précédent, apparemment tous issus d’une même dépêche AFP, on pouvait également lire ceci : « A la question de savoir si seulement une minorité de Roms avaient un projet de vie et voulaient s’intégrer en France, M. Valls a répondu :ˮ Oui, il faut dire la vérité aux Français ˮ». Cette technique de recherche de l’information me semble tout à fait condamnable. Tout d’abord, à l’issue d’une lecture rapide, on peut croire que M. Valls a prononcé les paroles relatives à la volonté d’intégration des Roms, alors que ce n’est pas le cas. Il faut ensuite regretter que, au lieu de poser une question ouverte, laissant l’interlocuteur libre de sa réponse, le questionneur quête son approbation d’une formule toute prête.

L’affirmation exposée est totalement gratuite. Elle est peut-être exacte mais on serait bien en peine de prouver sa validité. Il faudrait en effet savoir qui sont ces Roms. Lorsque l’on veut connaître la volonté d’un peuple, on procède en démocratie à une consultation. Les électeurs potentiels sont alors recensés, répertoriés. On dresse des listes électorales permettant de vérifier que chaque personne se présentant pour voter, après avoir justifié de son identité, figure bien sur ces listes. Après avoir voté, elle signe le cahier d’émargement, ce qui empêche une même personne de voter plusieurs fois et permet de déterminer qui a voté et qui s’est abstenu. Pour ce qui est des Roms, connaît-on seulement le nombre de ceux qui sont présents sur notre sol ? Est-il possible de de disposer de l’identité des immigrants illégaux ?

À supposer, contre toute évidence, que toutes ces objections soient levées, comment peut-on connaître l’existence d’un projet de vie, la volonté de s’intégrer de ces personnes ? Au fait, qu’est-ce qu’un projet de vie ? Et comment détermine-t-on quelle est la volonté, l’intention d’une personne ? Et comment procède-t-on ensuite pour calculer quelle est la part, prétendue ici minoritaire, de la population considérée, que ces individus dignes de vivre sur notre sol représentent ?

Pour fonder un raisonnement sur des bases aussi fragiles, il faut être très léger et, me semble-t-il, pas nécessairement sans idée préconçue.