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L'art (presque perdu) de ne rien dire

Publié le 23 octobre 2013 par Espritvagabond
Certains d'entre vous auront peut-être noté le relatif silence de ce blogue depuis plusieurs jours. Comme le titre de ce billet l'indique, j'ai préféré ne rien dire que de me prononcer sur des sujets d'actualité ou de raconter mes activités depuis mon retour d'Espagne.
L'art (presque perdu) de ne rien direMon sentiment habituel post-retour de voyage y est pour beaucoup - le choc du retour, même s'il frappe moins fort avec le temps et que je ne suis parti que 7 semaines - alors que la vie quotidienne reprend son droit et que les éléments de celle-ci sont moins intenses ou moins excitants que ceux vécus en voyage. Il ne faut pas croire que la vie ici est plate pour autant, j'ai par exemple pu voir le merveilleux film Gabrielle de Louise Archambault au cinéma Beaubien près de chez moi, une expérience aussi enrichissante qu'agréable.
Sinon, le titre de ce billet fait évidemment référence à un livre de Dany Laferrière; et ce n'est pas accidentel, puisque depuis mon retour, j'ai beaucoup mis le nez dans des livres de toutes sortes (essais, romans, BD, revues, nouvelles), et dans plusieurs langues en plus, consacrant ainsi mon temps libre à lire plus qu'à écrire sur ce blogue pour faire changement.
J'aurais bien pu parler du sujet de l'automne au Québec; l'avant-projet de charte des "valeurs", mais tout semble avoir été dit sur le sujet. J'aurais plus tendance à commenter longuement si le projet était au moins cohérent, mais il ne l'est pas du tout et je déteste l'incohérence quand vient le temps de discuter ou d'argumenter. Je n'arriverai jamais à comprendre en quoi le fait que madame X préposée à la SAAQ ne porte plus de voile serait merveilleux pour la laïcité de l'État alors que le maire Jean Tremblay de Saguenay peut continuer à prier sous la statue de la vierge avant le conseil municipal et que l'assemblée nationale se réunisse toujours sous le crucifix posé là par Duplessis, les deux instances étant précisément là où se prennent les décisions de l'État. Une incohérence assez ostentatoire, je trouve. Le sujet me permet de noter au passage qu'avec les années, l'ancien professeur de mon alma mater (HEC Montréal) et moi sommes de plus en plus souvent sur la même longueur d'ondes (je parle de M. Parizeau), mais que pour une des seules fois en plus d'une décennie, je partage le même avis que Lucien Bouchard, un événement qui mérite d'être souligné par son caractère exceptionnel.
J'aurais aussi pu parler de la nouvelle entente de libre-échange avec l'Europe, mais pour en dire quoi? Cette idée de négocier une telle entente n'a jamais été débattue en campagne électorale, n'a jamais fait l'objet de mandats clairs envers nos dirigeants, a été négociée à huis-clos, et les détails ne sont pas encore publiés, donc au fond, à part de la propagande ou des rumeurs, nous ne savons rien de concret sur celle-ci.
La politique municipale n'est pas plus encourageante, puisque pour Montréal, les dés semblent déjà jetés en faveur du candidat qui était le plus connu du lot avant la campagne, prouvant une fois de plus que la politique n'est qu'une affaire d'image et non de contenu, ce qui est d'autant plus déplorable que cette année, après tous les scandales de corruption ayant secoué la ville (et plusieurs autres villes du Québec), on aurait espéré que la population s'intéresse aux programmes et à la vision de chaque candidat avant de faire son choix. Le fait que le meneur (Denis Coderre) ait bâti son équipe à partir des vestiges du vieux parti de Gérald Tremblay ne laisse évidemment présager rien de bon pour ceux qui espéraient que les choses changent à l'hôtel de ville.
Même constat avec la désolante pseudo-commission Ménard sur le printemps étudiant de 2012, une véritable "patente à gosse" montée strictement pour fermer la trappe à ceux qui auraient voulu de véritables réponses et une véritable enquête sur les débordements policiers, les arrestations arbitraires, le profilage politique et la violence qui a marqué le printemps/l'été 2012.
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L'art (presque perdu) de ne rien direJ'ai donc préféré ne rien dire dans les dernières semaines, ou en dire très peu en ce qui concerne ce blogue.
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J'ai donc gardé le silence, assisté à la marche de zombies la fin de semaine dernière, et vu plusieurs films, comme Gabrielle, mais aussi Prisoners,;deux excellents films réalisés par des cinéastes d'ici dans deux registres complètement différents.
Mais, tel que mentionné ci-haut, j'ai surtout beaucoup lu. Je suis d'ailleurs en train de lire l'excellent roman Cien anos de soledad de Gabriel Garcia Marquez, auteur hispanophone lauréat du Prix Nobel de littérature, et l'intérêt de ce roman à mes yeux, à part le fait qu'il s'agisse d'un classique qui mérite les louanges dont il est l'objet, c'est que je le lis en version originale espagnole. Ce n'est pas le premier livre que je lis dans la langue de Cervantes, mais c'est le premier grand roman classique que je lis en version originale espagnole.
Auparavant, à part quelques nouvelles, essais et autres textes, j'avais surtout lu, pour me faire l'oeil, disons, des romans en traduction espagnole. Lire un polar, par exemple, demeure une lecture un peu plus facile pour un néophyte que de lire Garcia Marquez, dont le style et l'écriture riches demandent une meilleure maîtrise de la langue espagnole si on veut apprécier l'oeuvre dans toute sa complexité.
L'art (presque perdu) de ne rien direParmi les romans en traduction que j'ai lu récemment en espagnol, on retrouvait deux enquêtes de l'inspecteur Wallander, de l'auteur suédois Henning Mankell. C'est un cas intéressant puisque comme Mankell écrit en suédois, une langue dont je ne connais absolument rien, j'en suis réduit à le lire en traduction (Je n'ai pas assez de talent pour les langues pour apprendre le suédois seulement pour lire les polar que j'aime). J'ai découvert Mankell à la fin des années 90 en traduction française, puis suis passé à la traduction anglaise quelques années plus tard (à la fois pour pratiquer mon anglais, et parce que j'ai découvert que la plupart des traductions anglaises étaient meilleures que les traductions effectuées en France et pleines d'argot insupportable). En lisant Mankell en traduction espagnole, il devenait le premier auteur que j'aurais lu en trois langues (et sans avoir pu le lire dans sa version originale, de surcroit). Je préfère évidemment lire les versions originales aux traductions, mais dans ce genre de cas, je joins l'utile (la pratique d'une autre langue) à l'agréable (lire les romans d'Henning Mankell).
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Ce billet sur le silence pourrait enfin être conclu par la constatation que ce n'est pas parce que j'ai décidé de ne rien dire pour un moment, que je n'ai rien écrit pendant ce laps de temps. Bien au contraire, car plusieurs projets ont bourgeonné ou avancé depuis mon retour, ce qui est toujours positif en ce qui me concerne. Et, bien entendu, j'ai aussi réfléchi à mes prochains projets de voyage.
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