Suite de l’article 1 – L’esprit d’une fondation
Suite de la rencontre de la fondatrice et gérante d’une société de réalisation audiovisuelle et de Marie-Laure Voisard, coach d’Amvoilure.
Vous avez créé, en 2007, une société familiale à quatre associés (père, mère et deux fils) issus tous les quatre du domaine artistique (écriture, image et son). Vous étiez la seule à avoir une expérience de l’entreprise pour avoir été salariée 35 ans. Après en avoir évoqué l’esprit lors de la création, j’aimerais que vous nous parliez de ce chemin d’apprentissage, individuel et commun. Comment cela s’est il fait ?
Durant les trois premières années, nos commandes furent essentiellement des films ou des vidéos associant images et sons. Notre service est très particulier : le client doit se retrouver dans son film. Cela exige une grande préparation, de connaître les codes de la communication et de livrer un produit accompli. Nous avons appris à nous découvrir en situation professionnelle, à respecter nos périmètres, cela ne coulait pas de source. Conseillés par mon mari, nous avons instauré des « mile stone*» et des « post mortem**». Les règles de bon fonctionnement se sont imposées. Notre objectif était de capitaliser sur nos expériences pour nous professionnaliser et devenir rentable. Notre offre et nos procédures se sont mises en place et ajustées au fur et à mesure. Ce fut un gros investissement en temps pour chacun, indispensable à notre survie.
L’intérêt et l’engagement ont été progressifs. Oui, à cette époque, j’ai été la locomotive. Puis chacun de nos fils s’est clairement investi dans le pôle Image et le pôle Son, dont ils sont responsables aujourd’hui, avec une égale motivation.
Forcément, cette structure existante leur a donné envie d’y accrocher leur propre projet. Leurs deux univers se déploient avec l’avantage d’une organisation stable et d’un soutien appréciable du reste de l’équipe. Nous voilà tous uniques et polyvalents. Les connexions et les alliances fluctuent, chacun y trouve son compte, c’est le gros avantage d’une famille.
« Nous découvrir en situation professionnelle » avez-vous dit ?
Je dirais que cela a été fondateur. Une entreprise, c’est une vie commune qui sollicite tous les ressorts. Mon mari et moi-même sommes souvent admiratifs des conseils et suggestions de nos deux fils. Eux doivent reconnaître – et apprécier plus d’une fois l’expérience des deux « routiers » que nous sommes.
Je me souviens que la deuxième année je disais : « Je rêve d’une véritable équipe». Un de mes fils m’a répondu : « Tu ne le vois pas, on est cette équipe». Nous sommes passés d’une relation deux adultes parents de deux enfants à une relation de quatre adultes, ensemble, à part égale.
Parlons argent, c’est souvent un sujet qui fâche. Comment faites-vous ?
Les 3 associés ont un accès permanent au flux de la trésorerie (achats, salaires, charges…). Les décisions sont prises en commun par vote, comme je vous l’ai déjà expliqué.
Rodés à la persévérance grâce à nos parcours artistiques, nous avons été lucides et réalistes, tous, en acceptant de ne pas nous payer tout de suite. Chacun a pu continuer son activité en parallèle. Nous avons investi en matériel et logiciels au fur et à mesure des facturations.
Nous fonctionnons par CDD. Nous veillons à valoriser l’ensemble des tâches dans l’obtention du CA : défrichage, prospection, informatique, conception, administratif, organisation… Prochaine étape : des CDI !
Pour terminer que diriez-vous du travail en famille ?
C’est un gain de temps, car on connait nos logiques réciproques, on a le même ADN. Chacun a librement développé l’excellence dans son domaine, c’est une grande force. Cette assise solide nous donne confiance en l’avenir, avec la certitude que le meilleur est devant nous…
Avec des valeurs communes, nous n’avons pas eu besoin d’établir une charte car elle était évidente :
- Créativité et qualité
- Empathie avec le client
- Éthique
- Respect de chacun (nous – les clients)
A retenir
- Le travail en famille, ou en équipe, ne peut fonctionner que si chacun :
a une compétence professionnelle utile au projet
souhaite participer à ce projet
se professionnalise individuellement et ensemble.
- Il s’agit de passer d’une relation familiale à une relation d’associés. L’organigramme d’une société ne correspond pas à un arbre généalogique. Ici, les associés sont passés d’une relation parents/enfants à une relation professionnelle découlant des compétences mises en œuvre dans l’entreprise. La volonté d’organiser des temps d’échanges accélère et favorise ce processus.
- La transparence sur tous les plans de la gestion d’une société développe la connaissance de chacun des associés sur les impératifs de gestion d’une entreprise. C’est d’autant plus important lorsque les associés sont issus d’un univers hors entreprise. C’est aussi une des conditions pour pouvoir partager les décisions en toute connaissance de cause.
- La confiance en famille ne suffit pas dans la vie en entreprise, elle peut faire gagner du temps. Il est nécessaire de construire une confiance professionnelle distincte, issue d’un respect des compétences de chacun.
* point à mi étape – **point en fin de projet
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