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Tartine d’ego et problème de taille

Publié le 23 octobre 2013 par Lheureuseimparfaite @LImparfaite
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J’ai besoin de vêtements à ma taille.

Je me suis débarrassée de mes anciens jeans devenus trop petits, mais j’ai gardé nombre de robes, t-shirts et de pulls. Sauf qu’eux aussi sont devenus trop étriqués, trop courts et inconfortables.

Et je garde encore un vague espoir de « peut être qu’ils m’iront de nouveau dans quelques temps ».

Mais je ne suis pas sûre que ce soit la meilleure façon d’avancer que de se raccrocher au souvenir d’un corps passé.

Il y a un moment où on est bien obligée d’accepter qu’on ne peut pas tout avoir : continuer de ne se priver de rien, ne plus s’adonner à la moindre restriction et garder un corps menu. Surtout en vieillissant. Ok je ne suis pas encore nonagénaire, mais après trente ans on n’a certainement plus le métabolisme d’une adolescente ! Et les calories avalées deviennent plus difficiles à éliminer.

Bref, je suis partagée entre la nostalgie de mon ancien corps et cette tranquillité d’esprit qui accompagne le nouveau (zéro frustration alimentaire, pas de crise de boulimie en réponse à trop de privations et aussi une vie sociale simplifiée). Enfin cette forme de nostalgie et de regrets me prend principalement au moment de m’habiller ou lorsque j’aperçois mon reflet sur telle ou telle surface vitrée. Quelque part ce que je vois ne correspond pas à l’image que j’ai gardé de moi en tête. L’image que j’avais en tête et que je reflétais encore il y a un an ou deux. Je crois que le corps change plus vite que ce que notre tête est capable d’enregistrer comme transformation.

J’étais mince quand j’ai rencontré le Hibou, mince encore quand j’ai croisé la route du Dandy. Je pouvais porter sans problème des robes en petit 36 et jouer de mes jolies jambes. Aujourd’hui ça n’est plus tout à fait ça ! Avec deux tailles de plus je ne suis certes pas encore gironde, mais certainement plus menue non plus. Les robes en laine que j’ai conservées sont devenues ultra moulantes et très tendues, alors qu’elles étaient un peu lâches et fluides. Impossible de les remettre et trop de mal à m’en défaire.

J’avais aussi l’habitude, pas terrible mais c’était la mienne, d’entrer dans une boutique, de vite regarder les articles en embrassant les pendants d’un seul regard et de choisir les articles qui me plaisaient sans me donner la peine d’essayer. Je connaissais mon corps, je savais quelles coupes étaient susceptibles de m’aller et dans quelle taille choisir mes t-shirts comme mes robes. Aujourd’hui il vaut mieux que je m’abstienne de refaire ce genre de choses si je ne veux pas être obligée de revenir en magasin procéder à un échange « parce que la taille ne convient pas madame « .

D’ailleurs j’ai voulu me trouver un jean à ma taille et mettre la main sur autre chose qu’un skinny ressemble à un parcours du combattant -à moins d’avoir un budget confortable et de se trouver une bonne vieille coupe chez Lewis- J’ai commencé par H&M, sûre d’en avoir pour 30€ ou moins et je n’ai vu en tout et pour tout que trois maudites coupes : skinny, ultra skinny (comme si la précédente ne suffisait pas) et slim. Heu, oui ? Et si on a envie d’autre chose que d’un jean méga moulant ? Et bien ce n’est pas non plus chez Zara qu’on trouvera notre bonheur, encore les mêmes coupes, déclinées à cette différence près, en davantage de motifs, coloris et matières. Hum. Mango : rebelote, skinny par-ci, skinny par-là.

J’ai abandonné tout espoir finalement chez Bershka en repartant avec un jean (trop moulant) mais au moins dans une matière doute et élastique. (Vous avez déjà essayé un skinny dans ces drôles de matières enduites ? C’est un vrai cauchemar d’irritation et de gratouillis pénibles pour la peau !). Alors ce jean skinny, on va dire que grosso modo il est à ma taille, mais fondamentalement il ne me va pas : il ne me convient ni ne me sied ! J’ai les mollets qui crient « Au secours, libérez-nous ! », le jean qui plisse sous le genou, la toile qui se tend trop sur la cuisse, qui baille sous les fesses et qui glisse trop bas sur les hanches (même avez une ceinture ça ne va pas, vu qu’il n’y a pas assez de passants). Bref le skinny ça ne va vraiment pas à tout le monde…

J’ai bien vu un ou deux « boyfriends » aussi. Mais là encore moins moyen de trouver un modèle qui conviennent. Allez savoir pourquoi je ne peux absolument pas glisser mes cuisses dedans ou alors quand j’y arrive (à force de prendre et reprendre une taille plus grande jusqu’à ce que mon égo se soit liquéfié sur le sol de la cabine d’essayage) le tour de taille est tellement grand et béant autour de moi que cela en devient ridicule.

J’ai donc le sentiment que je ne sais plus m’habiller. Je n’étais déjà pas méga fan de shopping, mais là ça devient une vraie corvée. Et sitôt rentrée chez moi je me change pour enfiler un survêt gris en éponge bien large. Je cultive un haut degré de glamour à la maison c’est fou !

Il faudrait que j’accepte de faire davantage le vide et de tri dans mes affaires. Que je mette encore un peu plus cet orgueil mal placé en sourdine et que je passe aussi du temps à essayer des fringues susceptibles de m’aller. Mais outre le fait que mon porte-monnaie n’a rien d’une bourse de lutin (remplie à l’infinie de pièces d’or), je n’ai aucune patience pour faire les magasins et essayer des fringues ressemble plus à une séance de torture qu’à une partie de plaisir (j’ai l’impression d’y perdre mon temps, que ça va toujours trop lentement, qu’il y fait toujours trop chaud, que la cabine est toujours trop petite, qu’il n’y a jamais assez de place pour accrocher toutes mes affaires et tous les cintres… et j’ai horreur des « conseils » avisés des vendeuses…). Allez Lucette, on oublie définitivement le 36-38 et on se tourne vers le 40-42.

Ouai, ben on a beau dire haut et fort que la beauté n’est pas une question ni de taille, ni de poids ; vous en connaissez beaucoup vous des nanas qui se sentent fières et contentes d’afficher deux tailles de plus ? Honnêtement, le changement vous n’auriez pas tendance à le préférer dans l’autre sens ?

Enfin voilà, tout ça pour dire que mes armoires sont pleines de vêtements qui ne me vont plus. Que je n’ai pas le courage de tout vider ni d’essayer des vêtements à ma taille. Que -oui, je sais- il y a pire que moi, mais quand même j’ai du mal à me reconnaître. Je ne peux pas m’empêcher de penser à ce que j’étais « avant » ni de me comparer et de me dire que j’étais tout de même vachement mieux. Sans oublier que ça va être sacrément coton d’arriver à me plaire comme ça voire à plaire tout court avec ce corps et l’image que j’en ai. Mais bon, bref si je portais au moins des fringues à ma taille, dans lesquelles je ne me sente pas à l’étroit je pourrais déjà être un peu moins obsédée par tout ça, un peu moins monomaniaque du bout gras supplémentaire qui pendouille ça et là et penser à des choses autrement plus utiles et plus sympathiques…


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