Une adolescente a disparu et le village est en émoi. Très vite, on s’en doute, chacun et chacune accusent le voisin et la voisine. Au secret des maisons, les couples se déchirent, enfants et parents s’invectivent. Rien ne résiste : le commerce, l’école, la famille. Rémi De Vos jette du rire sur le feu qui couve. Les portraits sont caricaturés : le boucher que la chair excite, la bouchère insatisfaite, l’institutrice hystérique, le père remarié dominé par sa femme et, surtout, par sa sœur, un inspecteur trop sensible, une commissaire rigoureuse. Tout le monde va se tromper sur la réalité de l’affaire. Si Adèle est une victime, ce n’est pas d’un malfaiteur, violeur, possible assassin ; c’est de cette société étouffante où chacun épie chacun, où chacun jalouse l’autre. Emma, l’amie d’Adèle, nous met sur la piste, elle qui apprend par cœur Antigone et Rimbaud.
La mise en scène réserve des surprises : les personnages ne cessent de sortir de la salle et d’y revenir, comme si l’espace de la représentation ne suffisait pas. Le théâtre déborde du théâtre. Le texte englobe les spectateurs. Quoi ? Nous aussi, nous serions jaloux des autres ? Il suffit d’aller faire un tour sur les forums d’Internet quand un malheur arrive quelque part : la méchanceté dégouline des messages. Et c’est au régisseur que la metteuse en scène confie Adèle, le régisseur qu’on ne voit pas pendant le spectacle mais qui met en lumière l’espace de la parole.
J'ai vu ce spectacle, interprété par l'Atelier théâtre adultes, animé par Céline Roux, à la MJC de Villebon-sur-Yvette (91)