Magazine Asie
Ou serait-ce l'inverse?
Kashgar, au temps de la route de la soie, représentait une étape importante, un arrêt indispensable pour les caravanes qui avaient contourné le désert du Taklamakan avant de passer les montagnes du Pamir, une pause bienvenue pour celles qui venaient de les franchir et pouvaient s'y reposer avant de poursuivre leur route. Pendant des siècles.
Ouverte dès 200 av. JC, la route de la soie contribuait aux échanges commerciaux et culturels. De Chine partaient les soieries et des inventions telles que l’imprimerie, le papier, la poudre. Des caravanes apportaient d’Europe raisin, épices, noix, verre. Et même des spectacles de nains, des filles nubiles et des chevaux si féroces qu’on disait qu’ils ne transpiraient que du sang. Les nombreux marchands et pèlerins y ont introduit le bouddhisme d’Inde, le zoroastrisme, le manichéisme de Perse, l’Islam d’Arabie. On y troquait les chameaux devenus inutiles contres des chevaux à ceux qui faisaient la route inverse. Il est vrai qu'à une certaine époque et jusqu’au début du XX siècle, l’endroit attirait toute une faune pour la moins bigarrée. Marchands afghans, russes, indiens, musulmans, tribus mogoles se mêlaient aux brigands de grands chemins. Les pilleurs de temples et tombes côtoyaient les colons chinois exilés. Marco Polo décrivait néanmoins Kashgar comme une oasis regorgeant de vergers, de vignes et de domaines prospères.
Les Kashgaris, mais aussi les Kirghizes des environs ou les Tadjiks habitant les montagnes proches, venaient acheter quelques denrées indispensables ou vendre leurs bêtes en surplus. Le bazar du dimanche était tellement animé qu'on y circulait difficilement. Peu de choses ont changé, on pourrait se sentir quelques dizaines ou même centaines d’années en arrière. Dans cette région immense et quasi désertique, paysans et nomades ont appris à travailler et à vivre avec leurs animaux, à les respecter aussi. Jusqu’à maintenant le tracteur n’a pas encore tout à fait remplacé la charrue et le bœuf. Il n'y a qu'au marché que les véhicules motorisés utilisés pour le transport des animaux nous rappellent que nous sommes en 2013.
J'avais vu des images de ce marché, elles m'avaient parues irréelles, elles étaient fidèles à la réalité, maintenant je peux le confirmer. Kashgar et son marché montre un visage ouvert et humain des rapports qu’entretiennent les hommes et les bêtes. Les transactions y sont concluent, garantissant à certains un revenu principal. Ils va bientôt s'endormir pendant l'hiver, en raison de températures très basses et des chutes de neige abondantes. On y mange aussi, du mouton, des nouilles, des soupes, des fruits. Les images sont belles.
Textes empruntés à Bernard Roch (www.geopleinair.com) et Jérôme Bellaize (http://www.participez.com/contenu/reportage/chine-le-marche-de-kashgar), modifiés, bidouillés, coupés, complétés par mes soins.