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Pierre Huyghe : l’après-midi d’un Faune

Publié le 23 octobre 2013 par Pantalaskas @chapeau_noir

Entre nature et mythologie, entre biologie et histoire, Pierre Huygue expose. Il s'expose également  à l'agacement que peut provoquer ce rébus mystérieux qu'il nous faut débusquer au Centre Pompidou.

Mère-Anatolica

Pierre Huyghe : l’après-midi d’un Faune

"Mère-Anatolica", Parvine Curie Collège Pierre de Coubertin Chevreuse

En pénétrant dans l'espace livré à l'artiste,  la toute première oeuvre visible marque le passage d'un monde ancien à un monde  nouveau. Quelle est cette sculpture quelque peu délabrée qui ouvre le parcours ?  L'oeuvre est une création de Parvine Curie, qui fut la compagne d'un autre sculpteur réputé : François Stahly. La sculpture de Parvine Curie, "Mère-Anatolica", a été récupérée sur un terrain vague du collège Pierre de Coubertin à Chevreuse. Tout est résumé dans ce raccourci : le temps du "Un pour cent" , de la sculpture totem , brillante exception dans un décor  sinistre, n'est plus concevable. Les oeuvres hiératiques comme furent celles d'un François Stahly ou de Parvine Curie, quelles que soient leur ambition de s'inscrire dans le temps, connaissent parfois le sort injuste de l'oubli, et même de l'abandon .
Cette présence d'entrée de jeu dans l'espace Pierre Huygue alerte sur la fragilité de la création. Mais peut-être que si "L'éphémère est éternel" pour reprendre le titre d'une pièce de Michel Seuphor, tout espoir n'est pas perdu pour Pierre Huyghe. Le provisoire de ses installations au Centre Pompidou nous met face à une énigme  à décrypter.
Avant même de me livrer à cette enquête, c'est un sentiment de liberté que m'a très vite communiqué le parcours de ce lieu singulier, à l'image de ce lévrier blanc à la patte droite peinte en rose aperçu dans une des vidéo et qui s'est échappé de l'écran pour déambuler à sa guise, silencieusement et calmement, dans les allées de l'exposition.
Singulière zoologie que ce Bernard-l’Hermite  habitant la tête de la Muse endormie de Brancusi.

Pierre Huyghe : l’après-midi d’un Faune

Pierre Huyghe

Pierre Hughe explique :  « J’essaie de travailler l’espace comme un organisme : ce ne sont pas tellement les points, mais la circulation, le jeu qui se produit entre ces éléments »

Un chien  nommé "Human"

Le lévrier blanc à la patte rose, nous l'avons donc vu dans une des vidéo.. Sa présence vivante dans les allées du Centre Pompidou suffit à transformer immédiatement ce qui pourrait être une exposition en lieu inédit dans lequel une atmosphère étrange s'installe. La déambulation aléatoire de cet animal n'a rien d'une intrusion artistique provocante comme l'histoire de l'art en a a été si souvent agitée. Human n'a aucune préoccupation artistique. Il se retrouve, a son corps défendant, le centre de toutes les curiosités,  surprenant les uns ou les autres au détour d'une cloison.
"Certains projets présentés auparavant à la Documenta y sont déposés : un des chênes déracinés de Joseph Beuys, le banc rose de Dominique Gonzalez-Foerster, une sculpture des années 1930. Cet endroit, où l’on jette les choses mortes est aussi le lieu de leur transformation. Le travail du temps y engendre une porosité entre les formes, entre l’oeuvre d’art, le végétal et le règne animal. La silhouette sculptée d’une femme allongée surgit de la boue et des massifs de plantes psychotropes qui l’entourent. Sa tête est recouverte d’un essaim d’abeilles. Un chien blanc à la patte rose, sorti d’un bestiaire fantastique habite ce microcosme générant décomposition, germination et hybridation."

Pierre Huyghe : l’après-midi d’un Faune

Exposition Pierre Huyghe Centre Pompidou 2013

Dans cet univers sylvestre et animal, peut-on s'attendre à l'apparition de quelque Faune mythologique ?  Allons-nous découvrir un de ces demi-dieux à forme humaine ?  Soudain, dans l'exposition, une silhouette étrange se met en mouvement, le visage couvert d'un masque de lumière. Ce Faune, accompagné du lévrier blanc à la patte rose, vient peut-être d'une autre planète, d'une autre mythologie. Cet après-midi d'un Faune au Centre Pompidou m'a confirmé que le quotidien nous fait perdre de vue l'étrangeté de notre condition.
Peut-être le prélude à toute approche de l'art contemporain.

Photo Parvine Curie : site de l'artiste
Photo Documenta : Centre Pompidou
Photo expo: de l'auteur

Exposition « Pierre Huyghe »
Centre Pompidou  Paris du 25 septembre 2013 au 6 janvier 2014

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