Une claque visuelle
Cinq ans plus tard, on est assis dans une salle, les lunettes 3D sur le nez, à attendre le film tant acclamé par la presse, et présenté comme « le meilleur film de 2013″ ou encore « le meilleur film dans l’espace de tous les temps ». Et le premier plan arrive : 12 minutes et 30 secondes de plan séquence (chrono en main). La caméra virevolte, passant d’un plan large (la navette spatiale et la Terre en arrière plan) à un gros plan de George Clooney. Véritablement scotchante, l’image du film va faire des jaloux parmi les réas. On appréciait déjà les plans séquences dans Les Fils de l’Homme, c’est désormais une véritable leçon de cinéma que nous livre Alfonso Cuaron dans son nouveau film. Et la question se pose : comment peut-on faire ça ?
Dans un interview, le producteur David Heyman expliquait que l’équipe du film avait conçu une boite de 3 mètres sur 3, composée de panneaux de LED et animée par un robot, lui-même piloté par ordinateur. Bref, n’entrons par dans les détails (même si c’est déjà fait), tout simplement : Gravity est à ce jour, ce qu’il s’est fait de mieux en terme de technique. Le plan séquence dans Panic Room de David Fincher ? Déjà vieillot. La 3D d’Avatar ? Ringarde. J’exagère peut-être, mais devant ce sentiment de maîtrise totale, on ne peut que s’émerveiller.
Sensation d’immersion : 110%
Le film procure une sensation d’immersion encore jamais vue, accentuée par les plans séquences et les scènes à vue subjective d’un réalisme à couper le souffle. Renforcé par une bande-originale très prenante, le film nous raconte l’histoire de deux astronautes (George Clooney en Matt Kovalski et Sandra Bullock en Dr. Ryan Stone) confrontés à un accident dans l’espace et qui tentent de survivre.
Côté scénar, que peut-on vraiment dire ? Il faut tout de même reconnaître que cette immersion visuelle de haute qualité brille plus pas son côté technique que par son récit. Mais a t-on besoin de chercher une histoire très complexe pour un film qui se déroule dans l’espace ? (comme l’a fait Prometheus ?). Moon de Duncan Jones est d’une grande simplicité mais est pourtant extrêmement bien réussi. Et c’est également le cas de Gravity : le scénario colle très bien au film et à ses interprètes (le grand retour de Bullock, après quelques années d’errance depuis Collision, à part Extrêmement Fort et Incroyablement Près), qui nous livrent une performance hors du commun. Très éloignés l’un de l’autre, les deux acteurs forment cependant un duo très efficace et crédible. Tant de thèmes sont abordés dans ce film qu’il serait réducteur de dire qu’il s’agit d’un simple « film de survie », même si sur le papier, c’est bien cela. Métaphore de la naissance, questionnement sur l’existence, barrière du langage, opposition féminin/masculin : voilà le sujet de Gravity.