«La seule solution face au loup, c'est un fusil»
La prolifération du loup, désormais aux portes de Paris, insupporte José Bové. Le député écologiste européen n’a pas peur d’aller à l’encontre des convictions de sa famille politique pour défendre l’agriculture traditionnelle.
Face à la présence du loup en France, José Bové se fait une question de principe de défendre l’agriculture pastorale. « Je suis un paysan avant d’être un élu écologiste, clame-t-il haut et fort. Le lien entre l’homme et la nature passe par l’agriculture traditionnelle. »
Peu importe s’il nage à contre-courant au sein de sa famille politique. « Je savais qu’en prenant position, je m’exposerais aux critiques d’associations défendant le loup, qu’ils allaient caricaturer mon propos. Ce qui est important pour moi, c’est que dans le sud du Massif Central, là où j’habite, les gens étaient contents qu’un écolo comprenne enfin les enjeux de leur quotidien. Je ne suis pas un écologiste hors sol. Je suis fondamentalement connecté à la réalité de mon territoire, je ne peux pas me désintéresser de cette question. »
« Un prédateur invasif »
Le parlementaire européen se plaint de voir le loup protégé comme une espèce menacée. « Le loup est un prédateur invasif, qui est en expansion. On a récemment vu le loup en Haute-Marne et dans l’Aube, soit à 200 kilomètres de Paris. Voilà le paradoxe: le loup fait partie des espèces que la Convention de Berne protège, sauf que ce n’est pas une espèce en voie de disparition, mais une espèce en voie d’expansion. »
Source : Le matin
José Bové est un paysan avant d’être un écologiste
Le loup à 200 kilomètres de Paris! Et alors? Pour chacun de nous, il y a une distance qui nous sépare du loup, mais cette distance ne se mesure pas en kilomètres, mais en respect de l'animal sauvage, distance culturelle qui dépend en partie de notre peur du loup mythique. Nous avons été enfants avant que d'être hommes. Les petits chaperons rouges ont grandis en nous, nous devrions avoir appris à maîtriser cette peur enfantine. Le loup est un animal sauvage comme les autres, ni ange, ni démon, un prédateur qui mange ses proies, comme nous. Pouvons nous lui laisser une place, sa place, son rôle de régulateur, son droit à la vie, à se nourrir, à se déplacer, à se reproduire?
Le paysan est anti-nature...
Michel Chansiaux est Ingénieur agronome, issu d'une famille d'agriculteur en Bourgogne et journaliste dans la presse agricole depuis plusieurs années. Il avait écrit un texte sur son blog "Le cri de l'échalotte", texte que je ne retrouve plus, mais je l'avais publié à la Buvette. En voici un extrait:
Michel Chansiaux : Par nature, le paysan est anti-nature ! Depuis des siècles, il n’a eu cesse de la dompter, de la défricher, de la dominer, de la contraindre. L’aboutissement de cette emprise de l’homme sur la nature, c’est le Nôtre et le jardin à la française.
Si les paysans voient d’un très mauvais œil, le retour du loup, du lynx ou de l’ours, ce n’est pas que pour le risque qu’encourt le bétail. C’est aussi pour la symbolique régressive que représente la nature.
Je me souviens encore des longues promenades dominicales que nous faisions en famille en Bourgogne. Nous quittions la vallée de la Saône pour rejoindre la Côte et l’Arrière Côte. Nous abandonnions alors la voiture et, étudiant en sciences naturelles à l’époque, j’entraînais mes parents à découvrir la richesse de la flore des combes.
...mais ému par le paysage
Ni les tapis violets d’anémones pulsatiles ou les champs de neige d’ails des ours, pas plus que les lys martagons, n’émouvaient plus mes parents, qu’au retour, le damier des champs de colza et d’orge.
Mon père ne cachait pas son émerveillement devant ce « paysage » parfait, maîtrisé, œuvre du travail des hommes. La nature, trop sauvage ou trop divine, ne fait pas partie de l’univers paysan.
La nature est dangereuse
Pour les citadins, le paysan fait partie de la nature. C’est une erreur fondamentale, il n’a de cesse que de s’en extraire. Car la vraie nature, inconsciemment, par atavisme, il la connaît. Elle est dangereuse, cruelle, meutrière…
Un des mes ancêtres, qui a vécu, de 1851 à 1946, a légué à mon père (né en 1927), non seulement des écrits, mais aussi des souvenirs qu’il tenait de son propre grand-père (né en 1774). Une époque où les loups hantaient couramment les abords du village, où l’été 1893 était si chaud et sec, que le bétail n’avait comme chance de survie que de pâturer dans les bois, où les enfants des bûcherons mourraient d’infections des tiques qu’ils avaient dans les cheveux, où les marais étaient si nombreux que le paludisme faisait des ravages.
Le retour de l’ours ou du loup, pour les paysans, c’est la réminiscence dans leur inconscient collectif, de ce passé sans doute moins idyllique que nous l’imaginons.
Michel Chansiaux
« Le lien entre l’homme et la nature passe par l’agriculture traditionnelle. »
Les Etats-Unis sont le premier consommateur mondiale de pesticides, devant l’Inde et la France, 1er consommateur en Europe. Malgré les recommandations du Grenelle de l’environnement, la France est toujours championne de l’utilisation des produits phytosanitaires en Europe. On trouve des insecticides, herbicides, fongicides partout, y compris dans notre environnement.
Selon l'IFEN, ce sont 36% des rivières françaises qui comportent des pesticides à un niveau de seuil considéré comme "mauvais" et plus de 90 % des rivières françaises qui sont polluées
En 2004, les pesticides ont été présents sur 96% des points de mesure des cours d’eau en France.
- 61% des points de mesure des eaux souterraines contenaient des pesticides
- 27% des points d'en eau souterraine devrait être traités pour éliminer les pesticides s’ils étaient utilisés pour la production d’eau potable en eaux de surface
- 49% des points de mesure ont une qualité moyenne à mauvaise
Pesticides : la France mauvaise élève
L'organisme des Français contient des doses relativement élevées de pesticides par rapport à d'autres pays proches, révèle une étude nationale. une vaste étude a mesuré les niveaux moyens de pesticides présents dans la population.
Cette étude se base sur des tests sanguins et urinaires de 3.100 Français adultes, représentatifs de la population. Trois catégories de pesticides, aux effets et aux usages variables, ont été prises en compte:
- Les pesticides organochlorés. Ces produits aux propriétés fongicides et antimicrobiennes sont pour la plupart interdits aujourd'hui. Il était néanmoins nécessaire d'étudier leur impact car ils persistent longtemps dans l'environnement.
- Les pesticides organophosphorés: développés dans les années 1970, ils sont très efficaces contre les insectes, mais peuvent être très toxiques -voire mortels- pour l'homme si l'individu est exposé à une forte dose. Un certain nombre d'entre eux ont été interdits depuis 2006, année où les prélèvements biologiques ayant servi à l'étude ont été réalisés.
- Les pesticides pyréthrinoïdes: ces insecticides sont utilisés en agriculture, horticulture, dans le domaine forestier, dans les hôpitaux, dans les constructions publiques et commerciales, mais aussi à un niveau domestique, pour protéger les plantes et les textiles. Ils sont aussi présents dans les diffuseurs antimoustiques.
Pour les trois familles de pesticides, l'exposition des Français est supérieure à celle observée aux États-Unis et au Canada. La France fait mieux que l'Allemagne pour les organophosphorés mais moins bien pour les pyréthrinoïdes. Globalement, l’étude estime qu'une « attention particulière doit être portée aux pesticides organophosphorés et pyréthrinoïdes pour lesquels les niveaux français semblent être parmi les plus élevés en référence à des pays comparables ».
José Bové est à côté de la plaque quand il affirme que « Le lien entre l’homme et la nature passe par l’agriculture traditionnelle ». L'agriculture traditionnelle est industrielle, sinon nous n'en serions pas là, à ne plus savoir ce que l'on mange, ni quoi manger, ni comment ne pas s'exposer à tous ces poisons destinés à "combattre" les "mauvaises herbes", les "insectes nuisibles", les "ravageurs" des récoltes?
Pour la paysan, la nature est dangereuse, c'est un combat permanent...
Dans un communiqué de l'ADDIP de février 2010 (« Ours ; stop aux mensonges »), on peut lire:
" Sans ces femmes, ces hommes, ces troupeaux, le pays serait un désert envahi de broussailles : enfrichement, ensauvagement, fermeture du milieu, ce paysage accueillant et ouvert aux activités de loisir deviendrait une porte close." (...) "Le choix est pourtant simple : Ensauvagement du massif et populations d'ours réellement viables OU Beauté des paysages humanisés, production alimentaire durable et de qualité, cadre somptueux pour vos loisirs. L'élevage extensif est la clé qui ouvre toutes ces portes, un patrimoine à conserver et continuer... Ce second choix est notre vie et notre engagement, une promesse d'avenir dans le droit fil de toute l'histoire des Pyrénées. "
Un bel exemple de haine de la nature qui m'a donné envie de contacter Jean-Claude-Génot, pour lui demander l'autorisation de publier son texte "Que la montagne est belle !"
"La beauté des montagnes est autant le résultat de la tectonique, de la faune et de la flore, que du travail séculaire des hommes. Une montagne sans paysans n'est plus qu'une friche hirsute, un jardin à l'adandon, un squelette décharné, sans âme, sans passé ni avenir".
Sources ; Le Figaro, Planètoscope.
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