Phénomène littéraire sans équivalent depuis les années 50, J. D. Salinger reste le plus mystérieux des écrivains contemporains, et son chef-d’oeuvre, » L’attrape-coeurs « , roman de l’adolescence le plus lu du monde entier, est l’histoire d’une fugue, celle d’un garçon de la bourgeoisie new-yorkaise chassé de son collège trois jours avant Noël, qui n’ose pas rentrer chez lui et affronter ses parents. Trois jours de vagabondage et d’aventures cocasses, sordides ou émouvantes, d’incertitude et d’anxiété, à la recherche de soi-même et des autres. L’histoire éternelle d’un gosse perdu qui cherche des raisons de vivre dans un monde hostile et corrompu.
Je n’avais jamais lu l’Attrape coeur et quelle erreur !
Ce roman, best seller est un petit bijou.
Écrit à la première personne, il permet au lecteur une totale immersion dans la vie de son protagoniste, Holden, un jeune lycéen. Le style utilisé par l’auteur y fait également beaucoup. Un style très familier, où les tics de langages sont très nombreux (il dit par exemple « bicause » au lieu de parce que et termine presque toute ses phrases par « et tout ») qui laisse transparaitre la moindre émotion, la moindre pensée du jeune homme. Un jeune homme qui, comme beaucoup d’autre traverse l’adolescence et ses tracas. Il se pose énormément de questions, il se sent perdu face à son corps, son esprit, ses envies, son passé, son futur. Et puis il semble en décalage face aux autres jeunes hommes de son âge. Il ne couche pas avec les filles (il semble à la fois excité et terrorisé à l’idée de passer à l’acte), il ne joue pas au football, il n’est pas très costaud, il dénigre tous ses camarades de lycée, tous les gens qu’il croisent… Comme s’il ne se sentait à sa place nul part. Il se sent marginal alors qu’au fond son malêtre est celui de milliers de jeunes de son âge… Simplement est-il peut-être un peu plus sensible que la moyenne. On ressent à travers son récit une extrême solitude. Ces 3 jours passés à errer dans New York sont emplis d’angoisse pour le lecteur. J’ai eu peur à chaque instant qu’il lui arrive quelque chose de grave (cela m’a rappelé ma lecture de « Moi Christiane F… » lorsque j’étais plus jeune) alors qu’au final il ne prend pas de grand risque (il a de l’argent sur lui, il peut retourner dans sa famille si besoin…), si ce n’est le risque de se laisser aller à la solitude, à l’ennui, à la déprime.
Un livre finalement assez intemporel malgré le fait qu’il ai été écrit avec la seconde guerre mondiale et qu’il décrive le New York des années 50.
Un récit d’apprentissage sur le passage de l’enfance à l’âge adulte.