Don't be like the one who left behind his name
'Cause they're waiting for you like I waited for mine
And nobody ever came...
Jeff écrivait comme il chantait, en se mettant à nu. Et c'est cette absence de distance qui rendait sa musique si forte. A l'inverse de bon nombre de chanteurs et chanteuses à voix qui sont toujours dans la maîtrise, lui n'avait pas peur de dévoiler ses sentiments. Son père était moins égocentré ou plutôt différemment, époque oblige. Il se confiait rarement car c'était pour lui un signe de faiblesse d'avouer ses doutes et ses craintes. Et puis, c'est assez prétentieux de les étaler en public. Comme si chacun n'a pas déjà ses problèmes à résoudre. Tim glissera quand même dans "I Never Asked To Be Your Mountain" présent sur ce qui est pour moi son chef d'oeuvre, "Goodbye and Hello", des allusions évidentes à Mary Guibert, son ex et mère de Jeff.
The Flying Pisces sails for time
And tells me of my child
Wrapped in bitter tales and heartache
He begs for just a smile
O he never asked to be her mountain
He never asked to fly
And through his eye he comes his love
And tells her not to cry
Comme s'il voulait se débarrasser définitivement du poids d'une paternité qu'il n'a jamais souhaité. Comme s'il déchargeait la responsabilité de l'éducation de Jeff à sa mère, ce "poisson volant", en référence à son signe astrologique, qui le tiraille. Cette volonté de rayer son fils de sa mémoire, même s'il lui en a coûté, n'a pu que marquer Jeff de manière indélébile. Tous deux étaient pourtant des garçons extravertis, mais ils n'ont jamais réussi à se parler autrement que par chansons interposées.
I'm sailing all my sins
And I'm climbing all my fears
And soon now I'll fly
disait Tim toujours dans "I Never Asked To Be Your Mountain". Oui, leurs oeuvres respectives restent bien au-dessus de la mêlée. Puissent-ils là-haut, se réconcilier enfin, comme des frères. Des frères de rêve.