Tandis que bon nombre de jeunes de leur âge écoutaient obsessivement les hits pop de X Factor de la Grande-Bretagne, les membres de la formation The Strypes fouillaient dans la collection de vinyles de leurs parents.
L’agence Rocket Music Management d’Elton John a signé le groupe et les a booké un peu partout en spectacle au Royaume-Uni. Le groupe a bénéficié d’un gros buzz. Peu après, le groupe s’est retrouvé en studio et a commencé à écrire ses propres compositions originales. Leur premier album, Snapshot, est produit par nul autre que Chris Thomas. Ce dernier a notamment produit des albums pour les Beatles, Pink Floyd, Roxy Music et les Sex Pistols.
Dans son ensemble, Snapshot rend bien hommage aux influences des Strypes, mentionnées précédemment. L’album est franchement efficace. Les pièces sont très dansantes, courtes et rythmées. Des chansons comme Mystery Man, Blue Collar Jane, She’s so Fine et What A Shame sont très accrocheuses et frappent la cible en plein milieu. Chacun des instruments prend bien sa place et apporte quelque chose d’intéressant. L’omniprésence de l’harmonica plaira aux fans de blues à la Slim Harpo, Billie Boy Arnold et autres du genre.
Rollin’ & Tumblin est également très explosive et met en vedette chacun des membres du groupe. Tour à tour, chaque instrument a droit à son moment de gloire grâce à de courts moments durant lesquels on peut entendre individuellement chacun des membres se produire. Assez réussi.
Le plus grand moment de Snapshot est la pièce Angel Eyes. Josh McClorey, guitariste et principal songwriter des Strypes, y démontre le meilleur de son jeune talent. Angel Eyes se démarque du reste de l’album par sa durée et sa texture musicale. Elle est plus lente, langoureuse et offre une ambiance bluesy fort efficace. Elle peut rappeler Since I’ve Been Loving You de Led Zeppelin par moments. McClorey y performe deux solos de guitare fort impressionnants qui se greffent parfaitement à la pièce.
Fidèles à leurs débuts, les Strypes offrent également trois reprises. I Can Tell, You Can’t Judge a Book de Bo Diddley ainsi que Heart of the City de Nick Lowe. Elles proposent une version plus accélérée et plus mordante des versions originales.
Lyricalement, les Strypes ne réinventent pas la roue mais sont tout de même efficaces. La majorité des chansons parlent et/ou s’adressent à de jeunes femmes. Leur écriture est généralement très droite au but, occasionnellement légèrement poétique. La simplicité des paroles pourrait leur être reprochée mais pour ce genre de musique, ça fonctionne. De toute manière, les paroles se perdent un peu derrière la musique assez puissante que le groupe nous envoie.
Snapshot est un tout cohérent et plutôt bien orchestré. L’album présente des pièces franchement groovy et rend bien hommage aux styles et époques qui l’ont influencé. C’est d’autant plus impressionnant lorsque l’on considère que les membres des Strypes étaient âgés entre 16 et 17 ans lors de l’enregistrement de l’album.
Un élément que l’on pourrait cependant reprocher à cet opus est que, par moments, les pièces se ressemblent. Cela est plus évident dans la première moitié de l’album. Les chansons, quoique efficaces, sont généralement construites sur le même frame et ont une rythmique très similaire.
Somme toute, Snapshot est un bon premier effort. Il laisse présager beaucoup de potentiel. Il présente un son très rétro tout en étant au goût du jour. Josh McClorey est quant à moi la révélation de l’album par son talent de musicien, sa versatilité, et son habileté à écrire des chansons accrocheuses. Il est définitivement à surveiller. Il sera intéressant de voir comment il évoluera sur ses prochains projets. Snapshot propose un très fort mélange de rythm and blues et de pub rock, style musical qui est relativement absent du paysage musical depuis de nombreuses années. Il sera également intéressant de voir à quel point ce groupe évoluera et à quel point il pourrait délaisser ses influences quelque peu afin de se forger un style qui lui est encore plus propre.