Le marché financier algérien est loin des espérances de certaines entreprises qui souhaitent voir l’émergence d’un marché de capitaux afin de diversifier leurs sources de financement. Pour l’expert en finances, Liès Kerrar, le temps est opportun pour lancer ce marché.
L’Econews : Après plus d’une année du lancement d’un plan de réforme par la bourse d’Alger pour relancer le marché boursier en Algérie, ce dernier demeure toujours comme il était, timide et sans répercussion sur la place financière. Selon vous, quelles en sont les raisons?
Liès Kerrar : Les travaux pour la réforme des marchés financiers avaient commencé bien avant. Ce sont, en fait, les conclusions des travaux qui ont été rendues publiques il y a un peu plus d’un an. Avant le début de ces travaux, nous avions réalisé plusieurs rapports détaillés décrivant précisément les leviers susceptibles de permettre le développement de nos marchés boursiers. Le Forum des Chefs d’entreprises a rendu publiques des propositions précises sur le sujet. Il n’y a aucune ambiguïté sur ce qu’il y a à faire pour que notre Bourse puisse rattraper son retard et contribuer à servir notre économie. Les acteurs du marché veulent voir des actions concrètes et des mesures sur le terrain.
Certaines entreprises publiques seront cotées en bourse prochainement, est ce que cela est suffisant pour donner confiance au privé et l’encourager à franchir le pas ?
C’est évidemment nécessaire. Pour atteindre sa taille critique notre Bourse doit refléter notre économie et sa capitalisation doit comprendre au moins les secteurs les plus représentatifs de notre économie : Energie, télécommunications, banques et services financiers, travaux publics et infrastructures, matériaux de construction.
L’ouverture du capital et la gouvernance adéquate aidera surement pour atteindre les objectifs visés. Plusieurs entreprises privées considèrent et envisagent leur cotation en Bourse. Elles travaillent et se préparent, la plupart discrètement. Ce dont elles ont besoin, c’est simplement que cela fonctionne, que les règles soient claires, que le chemin pour l’introduction en bourse soit « huilé » et les problématiques administratives ou légales réglées, qu’il y ait un minimum d’investisseurs institutionnels qui agissent sur le marché de façon professionnelle.
Croyez-vous que le fonctionnement actuel de l’économie nationale qui ne dépend pas du marché financier n’entrave pas l’émergence de ce dernier ?
Il est vrai que notre économie a un besoin criard de marchés financiers plus développés. L’épargne est importante et nous avons besoin de produits de placement. Notre système bancaire, déjà surliquide ne peut répondre à lui seul à toutes les demandes de financement des entreprises. Sans un marché boursier, il nous manque un outil qui représente en général la moitié des sources de financement. Il est impossible de développer notre économie et de la diversifier sans commencer à développer nos marchés financiers. C’est un préalable et une priorité.
Le manque d’intérêt des sociétés algériennes pour le financement boursier, n’est-elle pas pour quelque chose dans le retardement du développement de ce marché ?
Non. Les entreprises algériennes sont comme toutes les entreprises dans le monde. Elles s’adaptent aux conditions de leur environnement. Pour avancer et être constructif, c’est sur l’environnement de l’entreprise qu’il faut faire les efforts. Les entreprises vont suivre.
Khelifa Litamine
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