La route 66 sous la pluie, en Oklahoma ©Kubla76 (Flickr)
L’Amérique de Jack Kerouac est une Amérique maccarthyste, encore sous le coup de la ségrégation, un pays que l’on embrasse et que l’on rêve au moyen d’acides. Aujourd’hui, la majestuosité des paysages est toujours présente ; la Californie reste un petit havre Beatnick, et ses lois sociales font aujourd’hui la fureur des adeptes du Tea Party.
Ressentir la Californie
La Californie de Kerouac doit passer par le Nevada pour être appréciée à sa juste valeur. Comme l’auteur le fait remarquer dans son roman, l’arrivée sur la côte est une expérience unique. La chaleur du désert laisse alors la place à un climat plus tempéré.
Et il y a Reno, la petite Vegas du Nevada, et son quartier chinois, pour lequel Jack Kerouac s’était enthousiasmé lors de son premier voyage. Aujourd’hui, la nuit continue d’être rythmée par les casinos ; début septembre, on peut venir y admirer une course d’avions en rase-motte autour des pylônes. Un spectacle unique !
Une boucle sur les traces de Kerouac
Arriver à Reno n’est pas toujours facile. Si vous avez opté pour une location de voiture à l’aéroport de San Francisco, il est possible d’emprunter la route 99 que Kerouac utilisa lors de son premier voyage et qui mène vers le parc naturel de Yosemite. De là, la 108 puis la 395 vous conduiront vers le Lac Tahoe et Reno. La boucle vaut la peine d’autant plus si, sur le retour vers San Francisco, vous bifurquez vers la vallée de Napa connue pour ses vins. N’oubliez pas de visiter au préalable les vestiges de la ruée vers l’or à Sacramento, une ville qu’on oublie souvent mais qui vaut quand même le coup d’oeil.
San Francisco et la côte Californienne
Le retour dans l’ambiance urbaine de San Francisco sera l’occasion de découvrir ce que vous aviez laissé de côté à votre arrivée : la prison d’Alcatraz, le célèbre tramway, le Golden Gate, le siège de la Wikimedia Foundation (!). N’oubliez pas le Beat Museum qui vous éclairera sur la génération Beat et ses lieux de prédilection. Vous pouvez ensuite suivre la baie de San Francisco en direction de la Silicon Valley, avant de gagner les plages de Big Sur par l’incroyable route n°1, également appelée Cabrillo Highway. Ce sera l’occasion de changer de livre et de s’intéresser à Big Sur du même Kerouac. L’auteur se retira en effet dans une cabane de cette partie de la côte Californienne pour écrire le roman. Les plages de Big Sur, qui s’étendent sur plus de 140 km à partir de Carmel, sont parmi les plus belles des Etats-Unis. Un point de passage obligé est la chute d’eau McWay dans le Julia Pfeiffer Burns State Park.
Los Angeles, la ville perdue
La route n°1 se prolonge ensuite jusqu’à Los Angeles, que Kerouac qualifia de « lonely city ». Profitez de votre véhicule pour faire des haltes dans des lieux touristiques connus des seuls américains, comme Pismo Beach et ses dunes. Ce sera une bonne manière de faire du On The Road Again, à la rencontre de l’Amérique traditionnelle. Arrive alors Los Angeles et son quartier de Venice, haut-lieu de la culture Beat dans les années 50, mais plus connu depuis pour avoir été le lieu de tournage de la série Alerte à Malibu. Sa fondation remonte à 1905, lorsque qu’un riche marchand de tabac décida d’y reproduire les canaux de Venise. Un quartier étonnant qui est aujourd’hui habité par des stars d’Hollywood, qu’il est possible de visiter non loin de là.
L’Amérique de Kerouac est (heureusement) un lointain souvenir. Mais c’est toujours un bonheur de se prendre pour un Beatnik, pour un clochard céleste ou pour un routard romantique du XXIe siècle …
Par Alexandre McMurphy