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Une pitoyable manière de faire de la politique

Publié le 21 octobre 2013 par Nicolas007bis

SayaAvec l'affaire Leonarda, notre démocratie atteint le fond. Une expulsion, pourtant décidée et confirmée après mout recours par la Justice fait l'actualité pendant une semaine sur tous les médias, elle met la pression sur le Ministre de l'intérieur de la République Française au point qu'on demande sa démission, elle l'amène à écourter son séjour dans les départements d'outre mer, elle provoque des grèves de lycéens avec blocages de Lycées, elle conduit à toutes les hystéries (certains parlent de rafle) et le pompon, elle amène le Président de la république lui même à intervenir dans une intervention solennelle pour trancher...à moitié. Intervention qui relance de plus belle la polémique.

Certes, les conditions de « l’interpellation » de cette jeune fille sont discutables. Malgré les précautions qui semblent pourtant avoir été prises et notamment le fait de ne pas l’avoir fait descendre du bus devant ses petits camarades, c’est le symbole lui-même qui a choqué. Mais cet élément n’est pas contesté, le manque de « discernement » a été officiellement acté et Manuel Valls s’est empressé de publier une circulaire demandant aux préfets de sanctuariser l’Ecole et ses prolongements.

Pour autant, l’expulsion de la famille Dibrani est d’une banalité sans nom. Juridiquement inattaquable et moralement tout à fait défendable compte tenu du passif du père, des mensonges des uns et des autres et de l’absence flagrante de volonté de s’intégrer des parents.

D'évidence il y a des cas d’expulsion qui crèvent beaucoup plus le cœur que celui-ci.

Alors, comment en est t’on arrivé à faire de cette incident, malheureux certes, mais anecdotique, une véritable affaire d’Etat ?

J’y vois principalement deux raisons :

Tout d’abord, le sujet sous-jacent, l’immigration. L’immigration est un sujet à propos duquel les clivages sont extrêmement importants et qui, pour cette raison, n’a jamais été traité de manière satisfaisante. Clairement, il n’y a pas de consensus ni sur la Loi, ni sur la manière de l’appliquer. Ce sujet est l’occasion de combats permanents ou le manichéisme est roi. Les bons humanistes s’opposent aux xénophobes réalistes renfermés sur leurs petites frontières.

Les uns évoquent leur indignation face à la misère du monde, les autres rétorquent qu’accueillir cette misère sans discernement n’est guère raisonnable. L’humaniste face au boutiquier, le combat n’est pas égal.

La 2éme c’est l’ambiance délétère qui règne sur la politique française. Ce n’est pas nouveau mais elle s’est clairement détériorée depuis l’arrivée de François Hollande au pouvoir.

Dans ce contexte, l’affaire Leonarda a servi de détonateur. Elle a constituée le prétexte à toutes les oppositions contestataire de France et de Navarre et elles sont nombreuses. Elles en ont toutes profité pour régler leurs comptes avec l’Exécutif. Tout d’abord avec Manuel Valls, l’occasion était trop belle pour affaiblir celui qu’ honnissent dans une belle unanimité, le Front de Gauche, EELV, l’UMP, le Front National et une partie du PS. L’homme est trop de droite pour la gauche, trop populaire pour la droite qui voit en lui un concurrent déloyal. Imaginez, un socialiste qui prône l’ordre, la sécurité et qui accuse sa consœur Ministre de la justice de laxisme !

Puis avec François Hollande. Il faut bien avouer que tant sur la forme d’une déclaration solennelle que sur le fond avec cette décision faussement consensuelle, celui-ci a tendu le gourdin pour se faire battre. Son intervention donnait trop d’importance à un fait qui ne méritait certainement pas une intervention présidentielle et elle s’est conclue par une proposition qui ne pouvait satisfaire personne. Par-dessus le marché, il s’est fait publiquement rabrouer par celle qu’il a voulu aider.

Pour tous ces gens, la maladresse de François Hollande a été la cerise sur le gâteau, l’aubaine inespérée pour clamer haut et fort que, définitivement, cet homme n’est pas à la hauteur de sa tâche.

Sans surprise, les premiers à se lâcher, on les trouve dans sa propre majorité et chez ses pseudos alliés qui sous prétexet de leçon de morale, trouvent là une occasion de contester haut fort son autorité sinon sa légitimité. Quoi, vous exigez d’une jeune fille de 15 ans qu’elle choisisse entre la France et ses parents, père indigne, président indigne !!!

La Gauche déboussolée et divisée comme jamais, la Droite morcelée sans chef ni doctrine, tous ont non seulement abusé de l’émotion populaire provoquée par un fait largement surmédiatisé mais ils l’ont nourris en surenchérissant dans la fausse compassion. Tous l’ont utilisé pour se refaire une santé sur le dos d’un Président encore plus mal en point qu’eux.

Notre démocratie ne sortira certainement pas grandie de cette pitoyable manière de faire de la politique.


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