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Joyce Carol Oates a un côté effrayant. Je viens à peine de...

Publié le 21 octobre 2013 par Mmepastel
Joyce Carol Oates a un côté effrayant.
Je viens à peine de terminer son dernier roman publié en français, Mudwoman, (de près de 600 pages !) et j’apprends qu’elle en a déjà publié deux autres outre-Atlantique (dont l’un, The Afflicted, pavé de plus de 600 pages encore, semble être un thriller gothique situé au début du XXème siècle dans la veine des Mystères de Winterthum- miam miam). Impossible de suivre ce rythme, pour les traducteurs, et presque pour les lecteurs.
Qui est cette frêle femme pâle et maigre ? Son dernier roman (enfin, bref, le dernier lisible en français), nous dit précisément que derrière les visages, les personnalités sont insondables. Mudgirl, la petite fille rescapée d’une mort programmée par sa mère démente, qui devient une femme lettrée et puissante, est ce qu’on peut considérer comme un exemple typique et éclatant de résilience. Elle s’extrait de la boue primitive dans laquelle on a voulu qu’elle meure pour gravir les échelons de la réussite sociale. Mais, quitte à faire mentir Boris Cyrulnik, le passé ne passe pas tout à fait. C’est un grand roman sur le subconscient ; il refait surface dans la vie de M. R., l’héroïne, jusqu’à venir boursoufler son visage, qui est pourtant son passeport social (une des meilleures idées du livre). Le masque de boue qui la rendrait impassible, est passé sous la peau, et infecte son corps comme un virus. Il la ronge de intérieur, et c’est passionnant à lire. Terrifiant. Rêves et dérapages montrent la lente et inéluctable chute du personnage de l’échelle prestigieuse mais insupportable (car verrouillée de toutes parts) ; si haut qu’elle soit, il y a toujours cette main sévère qui lui tient un pied. Mudgirl va tomber. 
La description de l’apprentissage de M. R., de sa formation intellectuelle, de la découverte de son intelligence, de son absorption dans le monde des idées au détriment d’une vie de femme, d’une vie charnelle, sa dévotion à son talent, tout cela, m’ont fait penser à Joyce Carol Oates elle-même. Difficile de ne pas penser à son parcours tout entier dédié à l’écriture. Je pense qu’il y a pas mal de JCO dans Mudgirl. C’est une impression involontaire mais tenace (qui l’énerverait sûrement). Je me demande bien quelle est sa blessure primitive à elle, qui fait qu’elle n’écrit jamais aussi bien que sur le tourment, sur la douleur, sur le mal, l’horreur et le grotesque. Ça ne me regarde pas bien sûr. Mais quand même. Parfois, même la lectrice la plus fervente fait un pas de côté et oublie l’art et s’interroge sur la personne de chair et de sang qui tient son stylo.
Une énigme.

Joyce Carol Oates a un côté effrayant.

Je viens à peine de terminer son dernier roman publié en français, Mudwoman, (de près de 600 pages !) et j’apprends qu’elle en a déjà publié deux autres outre-Atlantique (dont l’un, The Afflicted, pavé de plus de 600 pages encore, semble être un thriller gothique situé au début du XXème siècle dans la veine des Mystères de Winterthum- miam miam). Impossible de suivre ce rythme, pour les traducteurs, et presque pour les lecteurs.

Qui est cette frêle femme pâle et maigre ? Son dernier roman (enfin, bref, le dernier lisible en français), nous dit précisément que derrière les visages, les personnalités sont insondables. Mudgirl, la petite fille rescapée d’une mort programmée par sa mère démente, qui devient une femme lettrée et puissante, est ce qu’on peut considérer comme un exemple typique et éclatant de résilience. Elle s’extrait de la boue primitive dans laquelle on a voulu qu’elle meure pour gravir les échelons de la réussite sociale. Mais, quitte à faire mentir Boris Cyrulnik, le passé ne passe pas tout à fait. C’est un grand roman sur le subconscient ; il refait surface dans la vie de M. R., l’héroïne, jusqu’à venir boursoufler son visage, qui est pourtant son passeport social (une des meilleures idées du livre). Le masque de boue qui la rendrait impassible, est passé sous la peau, et infecte son corps comme un virus. Il la ronge de intérieur, et c’est passionnant à lire. Terrifiant. Rêves et dérapages montrent la lente et inéluctable chute du personnage de l’échelle prestigieuse mais insupportable (car verrouillée de toutes parts) ; si haut qu’elle soit, il y a toujours cette main sévère qui lui tient un pied. Mudgirl va tomber. 

La description de l’apprentissage de M. R., de sa formation intellectuelle, de la découverte de son intelligence, de son absorption dans le monde des idées au détriment d’une vie de femme, d’une vie charnelle, sa dévotion à son talent, tout cela, m’ont fait penser à Joyce Carol Oates elle-même. Difficile de ne pas penser à son parcours tout entier dédié à l’écriture. Je pense qu’il y a pas mal de JCO dans Mudgirl. C’est une impression involontaire mais tenace (qui l’énerverait sûrement). Je me demande bien quelle est sa blessure primitive à elle, qui fait qu’elle n’écrit jamais aussi bien que sur le tourment, sur la douleur, sur le mal, l’horreur et le grotesque. Ça ne me regarde pas bien sûr. Mais quand même. Parfois, même la lectrice la plus fervente fait un pas de côté et oublie l’art et s’interroge sur la personne de chair et de sang qui tient son stylo.

Une énigme.

  • #Mudwoman
  • #Littérature
  • #Joyce Carol Oates

3 notes

  1. Joyce Carol Oates a un côté effrayant.
Je viens à peine de...
    loicthisse likes this
  2. Joyce Carol Oates a un côté effrayant.
Je viens à peine de...
    dsata likes this
  3. Joyce Carol Oates a un côté effrayant.
Je viens à peine de...
    nuitsparisiennes likes this
  4. Joyce Carol Oates a un côté effrayant.
Je viens à peine de...
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