Cet article est la contribution de Fabienne Poelmans à l’événement « A la Croisée des Blogs » d’octobre sur le thème « Être », organisé par Techniques de Méditation et DeveloppementPersonnel.org.
Quand j’étais enfant, ma mère me disant toujours : « quand tu seras grande, il faudra que tu te maries avec un homme bien ». Et un jour, je lui ai demandé, selon elle, ce que représentait un homme bien… Elle m’a répondu ceci : « C’est un homme qui a un bon métier, un gros salaire, une belle maison, une voiture confortable, etc… ». J’ai ressenti un grand malaise et me suis demandée si j’étais normale car je n’adhérais absolument pas à la description qu’elle me brossait d’un homme « bien ».
C’est bien plus tard que j’ai découvert que nous ne fonctionnions pas selon le même « mode » de réflexion. Mes aspirations, mes ambitions étaient dissemblables. A l’époque, j’étais encore incapable de spécifier mes attentes mais une chose était certaine, ce n’était pas les biens matériels qui allaient me rendre heureuse et épanouie. Ma quête était plus centrée sur « Etre » que sur « Avoir ». Je m’intéressais plus à ce que les gens pensaient, ressentaient qu’à ce qu’ils possédaient…
Il est évident que notre société essaie de nous démontrer que plus nous consommons, plus nous détenons des biens, plus nous serons heureux. Nous sommes également dans une ère où la communication est mise en évidence. Mais celle-ci est plus virtuelle que réelle. Nous nous connectons sur Internet et nous omettons de nous brancher à l’essentiel, c’est-à-dire Nous. Et lorsque j’entends les personnes autour de moi qui discutent, c’est souvent sur leur dernier achat (voiture, nouvelle robe, installation d’une piscine etc…)
J’ai donc compris que j’allais m’engager dans un parcours du combattant pour plonger à l’intérieur de moi-même, voir et regarder la réalité du monde et des gens qui m’entourent… C’est ce que j’allais vivre et ce que j’allais ressentir qui feraient de moi la personne que je suis… Plus je serai dépouillée et détachée de tout ce qui est matériel et plus je pourrai me sentir proche de moi et des autres. Plus je pourrai me recentrer sur ce que je suis et ce que je veux ETRE.
Je ne peux m’empêcher de penser à Bouddha, à Sœur Emmanuelle, à Gandhi et tant d’autres qui ont compris que seul le détachement peut nous apporter la lumière grâce à un travail d’introspection. Ils n’ont pas réussi DANS la vie mais ont réussi LEUR vie. Je pense également à tous ces philosophes qui ont écrit des livres entiers sur le thème « Etre et Avoir », « Etre ou Avoir »…
Je pense que notre vie prend un tout autre sens si nous décidons de vivre selon le mode « Etre ». Etre attentif à ce que nous ressentons, à ce que l’on donne, à ce que l’on reçoit (amour, attention, affection). Arrêtons-nous de courir, de penser à ce que nous devrons faire demain ou acheter pour être satisfaits.
S’arrêter quelques instants et « Etre », là, ici, maintenant. Allons puiser les vraies richesses qui sont enfouies en nous. N’ayons plus peur de ce que nous ressentons et réfléchissons sur ce dont nous avons réellement besoin pour « Etre »…
Je vous invite à découvrir la chanson « Avoir et être » d’Yves Duteuil qui illustre bien mes propos :
Loin des vieux livres de grammaire,
Ecoutez comment un beau soir,
Ma mère m’enseigna les mystères
Du verbe être et verbe avoir.
Parmi mes meilleurs auxiliaires,
Il est deux verbes originaux.
Avoir et être étaient deux frères
Que j’ai connus dès le berceau.
Bien qu’opposés de caractère,
On pouvait les croire jumeaux,
Tant leur histoire est singulière.
Mais ces deux frères étaient rivaux.
Ce qu’avoir aurait voulu être,
Etre voulait toujours l’avoir.
A ne vouloir ni dieu ni maître,
Le verbe être s’est fait avoir.
Son frère Avoir était en banque
Et faisait un grand numéro,
Alors qu’être, toujours en manque
Souffrait beaucoup de son égo.
Pendant qu’être apprenait à lire
Et faisait ses humanités,
De son côté sans rien lui dire
Avoir apprenait à compter.
Et il amassait des fortunes
En avoirs, en liquidités,
Pendant qu’être, un peu dans la lune
S’était laissé déposséder.
Avoir était ostentatoire
Lorsqu’il se montrait généreux,
Être en revanche, et c’est notoire,
Est bien souvent présomptueux.
Avoir voyage en classe affaires.
Il met tous ses titres à l’abri.
Alors qu’être est plus débonnaire,
Il ne gardera rien pour lui.
Sa richesse est tout intérieure,
Ce sont les choses de l’esprit.
Le verbe être est tout en pudeur
Et sa noblesse est à ce prix.
Un jour à force de chimères
Pour parvenir à un accord,
Entre verbes ça peut se faire,
Ils conjuguèrent leurs efforts.
Et pour ne pas perdre la face
Au milieu des mots rassemblés,
Ils se sont répartis les tâches
Pour enfin se réconcilier.
Le verbe avoir a besoin d’être
Parce qu’être, c’est exister.
Le verbe être a besoin d’avoirs
Pour enrichir ses bons côtés.
Et de palabres interminables
En arguties alambiquées,
Nos deux frères inséparables
Ont pu être et avoir été.
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