Joseph Gordon-Levitt est un homme pressé. Venu au Festival de Gand pour sa première réalisation, Don Jon, il est resté 20 minutes chrono pour une conférence de presse très décontractée dans laquelle il a notamment précisé qu’il avait aimé son travail de réalisateur et qu’il aimerait le refaire mais , par contre, les rumeurs qui le voient comme Ant-Man pour Marvel… ne sont que des rumeurs !
Je vous propose une rencontre avec l’acteur-réalisateur américain juste avant qu’il ne file vers d’autres cieux pour poursuivre la promo de son long métrage.
Don Jon parle d’un sujet dramatique, pourquoi en faire une comédie ?
Je pense que la meilleure façon de dire que quelque chose est substantiel, c’est simplement de le faire avec humour. Et c’est ce que j’ai fait, je voulais que Don Jon soit un film qui rende les gens heureux une fois sortis de la salle. Je voulais que les gens commencent des discussions et des débats sur le film. Et beaucoup de mes films préférés sont des comédies : ‘’Docteur Folamour’’ de Kubrick ou ‘’Bienvenue, mister Chance’’ (Being There) de Hal Ashby, ce sont des films qui ont beaucoup à dire avec un sens de l’humour
Pourquoi avoir choisi de tourner le film dans une banlieue plutôt que dans une grande ville ?
A vrai dire, je viens d’une banlieue, de la banlieue de San Fernando Valley à Los Angeles plus précisément, et puis, beaucoup de comédies romantiques se passent dans des villes riches telles que Manhattan et Londres, ce n’est pas ce que je voulais pour mon film.
Penses-tu que la fin de Don Jon soit réaliste ? Car on ne peut s’empêcher de la trouver un peu optimiste.
Est-ce qu’elle est optimiste ? Oui. J’aime penser que les gens peuvent changer. ‘’Don Juan’’ de Molière est une tragédie, il est détruit par ses péchés mais je pense que les gens peuvent changer, c’est à travers nos relations, nos interactions avec d’autres personnes qu’on commence à changer. Je ne voulais pas que le personnage de Don Jon soit totalement différent à la fin de mon film, on peut le voir changer à pas de bébé et c’est un commencement.
Comment était-ce d’être le réalisateur ET l’acteur sur le plateau ?
Sur un plateau, si vous mettez de bons acteurs, vous n’avez plus grand-chose à faire en tant que metteur en scène. Et puis, je n’étais pas vraiment le patron mais plutôt l’ambassadeur. Les acteurs ont très bien travaillés ensemble, ils s’entraidaient pour trouver les vrais moments de sincérité et d’humour. Mon boulot était plus technique, comme vérifier que la caméra soit à la bonne place. J’ai réalisé beaucoup de courts-métrages ces dernières années. J’ai d’abord commencé à me filmer moi-même. J’ai ensuite travaillé sur l’ordinateur, j’ai édité et mis de la musique. Je me suis donc habitué à voir mon propre visage et à entendre ma propre voix. Je me souviens que je me sentais un peu mal à l’aise au début, mais maintenant, je m’y suis habitué et je me regarde plus objectivement.
Quelle était la plus grande leçon en tant que réalisateur ?
Une chose que j’ai apprise avec les trois réalisateurs avec qui j’ai travaillé avant de tourner Don Jon, à savoir, Rian Johnsson, Christopher Nolan et Steven Spielberg, c’est d’être spontané. Sur un plateau, on arrive avec un plan, une idée, et si on reste trop collé au plan de départ, votre travail finira par être altéré. Si on est trop souvent séduit par de nouvelles idées, on se retrouve avec une vision trop singulière. Ce sont des choix qui se présentaient constamment donc voir ces trois réalisateurs prendre ces décisions m’a vraiment beaucoup appris.
Pour un premier film, pourquoi avoir choisi ce thème ?
Don Jon est un film sur la façon dont les médias influencent nos pensées et notre façon de voir les choses. Je suis acteur depuis mon enfance, aussi bien à la télévision qu’au cinéma, donc j’ai énormément fait attention à l’impact de ce que nous voyons à l’écran, un impact sur nos perspectives des choses. J’y ai beaucoup pensé en travaillant. Et je pense que c’est pourquoi je me suis concentré sur ça.
Était-ce voulu de montrer une image assez fantaisiste de la femme classique ?
Je me souviens d’un film dont Scarlett Johansson et moi avons parlé : ‘’Le Mépris’’ de Jean-Luc Godart. Dans ce film, le public est aussi séduit par des images magnifiques de Brigitte Bardot. Puis d’un coup, le film vous donne une gifle au visage, vous tend un miroir et dit ‘’regardez comment vous considérez les femmes !’’. C’est un peu ce que j’ai essayé de faire avec les images de Scarlett.
Avez-vous reçu des conseils d’autres réalisateurs ?
Rian Johnsson m’a énormément aidé, c’était la première personne à qui j’ai fait lire le script. J’ai également parlé à Christopher Nolan pendant le tournage de ‘’The Dark Knight Rises’’, à ce moment-là je finissais le script. Il m’a posé plein de questions. C’est quelqu’un de très discret donc il aurait pu dire : ‘’Ah cool, tu réalises un film, tant mieux pour toi !’’ Mais à la place il a dit : ‘’Tu veux le faire avec un studio ou indépendamment ? Quel budget ? Quelle ville ?’’ Pour moi c’était une preuve de confiance, il me prenait au sérieux. Jonathan Levine, réalisateur de ‘’50/50’’, Seth Rogen et Evan Goldberg m’ont aussi donné leurs impressions.
Jon Martello est un jeune homme athlétique, séduisant et séducteur. Ses amis l’appellent Don Jon en raison de son talent à « lever » une nouvelle fille chaque weekend, mais même les rencontres les plus excitantes ne valent pas les moments solitaires qu’il passe devant son ordinateur à regarder des films pornographiques. Barbara Sugarman est une jeune femme lumineuse, ravissante et un brin vieux jeu. Nourrie aux comédies romantiques hollywoodiennes, elle est bien décidée à trouver son Prince Charmant et partir avec lui sur son cheval blanc. Chacun ayant des attentes illusoires sur le sexe opposé, Jon et Barbara vont devoir lutter contre un monde de fantasmes véhiculé par les médias dans le but d’espérer trouver une véritable intimité.
Sortie : 20/11/2013 (Belgique) – 25/12/13 (France)
Durée : 1h30
Année de production : 2013
Genre : Comédie
Origine : USA
Réalisateur : Joseph Gordon-Levitt
Acteurs : Joseph Gordon-Levitt, Scarlett Johansson, Julianne Moore, Tony Danza