Depuis le fort retentissement de l’expulsion de la jeune Leonarda en pleine sortie scolaire, ont circulé sur le net un certain nombre d’articles à ce sujet tous plus surprenants les uns que les autres. Outre le fait que 74% des français s’opposent au retour de cette dernière ainsi que de sa famille sur le territoire français, c’est le contenu de ces articles qui m’a particulièrement choquée.
Pas plus tard que ce matin, je lisais un article du Nouvel Observateur invoquant le fait que Leonarda et sa famille n’étaient pas intégrés, et que par conséquent ils ne méritaient pas de revenir. Les critères pour juger de la bonne intégration qui étaient utilisés étaient l’absentéisme scolaire des enfants, le cambriolage, tenez vous bien, d’une déchetterie, par le père qui est également accusé de ne pas chercher de manière sérieuse un emploi, ainsi que des potentielles violences de ce dernier sur ces enfants, plainte qui a ensuite été retirée.
Comment voulez-vous, lorsque vous êtes sans-papiers, être tranquille lorsque vous vous déplacez. Parents comme enfants, sont habités par la hantise d’être interpellés, et cela quotidiennement. Je ne connais bien entendu pas les tenants et les aboutissants de cette affaire, ni dans quel état d’esprit se trouve cette famille, mais comme tout sans-papier, l’assiduité à l’école n’est pas simple et plus encore la recherche d’un emploi, alors même qu’elle n’est pas simple dans la conjoncture actuelle lorsque l’on est titulaire des "Cent Papiers", nécessaires à l’obtention d’un contrat. Qui peut vous employer lorsque vous n’êtes pas "en situation régulière". C’est le serpent qui se mord la queue, on vous demande de travailler, d’être scolarisé, mais cela est bien difficile sans ces précieux parchemins, et lorsque vous demandez à être régularisé, hé bien non, vous n’êtes pas assez intégré et vous ne faites pas les démarches pour.
Un cambriolage dans une déchetterie, une fois de plus, je ne connais pas le cas d’espèce de cette affaire, mais que je sache, ce n’est pas une bijouterie et pénétrer, même illégalement dans une déchetterie pour y récupérer des affaires n’est pas, à mon sens, un prétexte sérieux pour juger quelqu’un sur sa bonne intégration. Je ne suis de toute manière pas surprise, lorsque je vois que des gens se font licencier car ils ont osé récupérer une salade dans une poubelle.
Comment juger de manière claire et nette les efforts fournis par quelqu’un pour s’intégrer et surtout comment peut-on se placer en bon juge de ce processus? Cela me paraît bien difficile surtout dans la mesure où faire un procès à quelqu’un sur son intégration est à mon sens une idiotie et une grave erreur.
En effet, je suis toujours aussi choquée de voir qu’il n’y a qu’aux immigrés que l’on demande à s’intégrer. Pourquoi donc?
Je connais pourtant beaucoup de français qui, s’ils devaient être jugés comme l’a été la famille de Leonarda, ne seraient pas non plus "techniquement" intégrés. Des famille où les enfants (beaucoup de petits bourgeois d’ailleurs), ne vont pas en cours parce que la veille, l’avant-veille et l’avant-avant-veille, ils étaient à une soirée hype où la coke et le champagne coulaient à flots. Des personnes qui même en n’ayant pas de problèmes volent quand même, des cleptomanes, ou encore des gens qui tout simplement ne veulent pas travailler, et qui préfèrent vivre en marge de la société. Et eux? Où devons-nous les renvoyer? Aux pays des pas intégrés? Eux, bien évidemment, on ne les juge pas, ils ont le précieux sésame "Nationalité Française". Par ailleurs, Il ne viendrait à l’idée de personne de juger nos voyous en costard.
Si l’on part du principe que nous vivons en société, il faut demander les mêmes conditions et offrir les mêmes privilèges à tous et donc de ne pas demander seulement à une seule catégorie de la population de bien vouloir s’intégrer. L’article 1 de la Constitution de 1958, qui est tout de même le texte de loi qui prévaut sur tous les autres commence comme ceci: "La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion".
Sociale… Egalité sans distinction d’origine… Ah bon…
L’intégration doit aller dans les deux sens et cela pour tous et toutes. Chaque individu, quelle que soit sa situation, sa couleur, son origine géographique, ses croyances où la marque de biscottes qu’il prend le matin, doit fournir les efforts nécessaires pour honorer les valeurs de la société dans laquelle il a choisit de vivre et doit faire en sorte de respecter ses règles. Réciproquement, en vertu de la liberté inhérente à chaque être humain, et du choix de chacun de l’endroit où il lui convient de vivre, la société en question doit elle aussi faire les efforts nécessaires pour accueillir et adopter chacune de ces personnes qui a élu domicile chez elle et offrir les mêmes conditions de vie à chacune d’elles.
Le lieu de vie et d’installation doit être et doit rester un choix de vie, un choix personnel respecté par tous et qui ne doit pas entrer en conflit avec des histoires de papiers et législation. L’Humain naît et demeure libre et cette liberté doit aussi valoir pour le lieu de son installation et je ne comprends pas qu’aujourd’hui un pays ou 74% d’une société puisse décider de l’installation ou pas d’une famille sur un territoire donné.
A bons entendeurs, SALAUDS!
Révolutionnairement vôtre,
La Robe Rouge.