21 octobre 2013
Ou comment se plonger au cœur de l’Afrique équatoriale sans quitter les abords immédiats de l’avenue Victor Hugo !
Le musée Dapper (du nom de l’humaniste hollandais du XVIIème siècle Olfert Dapper) est un lieu d’exposition dédié aux cultures et civilisations Africaines et Caraïbes et à leurs diasporas, moderne, confortable et bien agencé, toujours passionnant.
Samedi après-midi, par le plus heureux des hasards, nous en avons bénéficié à deux titres. En admirant la superbe exposition temporaire – masques, objets rituels, bijoux, statues – et en assistant à la projection d’un film terriblement éclairant sur l’histoire de la colonisation du bassin du Congo après la Conférence de Berlin (novembre 1884 – février 1885).
Je reprends la présentation de l’exposition par ses commissaires :
« Les initiations représentent des étapes déterminantes dans la vie des êtres humains. Elles scandent l'existence sans possibilité de retour en arrière : elles impliquent une transformation définitive. En Afrique, elles sont souvent orchestrées par les sociétés qui en font des passages obligés pour accéder à une position particulière. Les plus connues concernent la transition vers le monde des adultes, mais les rituels qui accompagnent la naissance, la mort ou d'autres changements de statut en font également partie. Elles étaient autrefois habituelles en Afrique centrale. Aujourd'hui, elles disparaissent progressivement ou perdent leur implacable rigueur. Elles résistent mal aux exigences de la vie contemporaine, aux rythmes scolaires, aux religions importées, à l'exploitation économique, à l'instabilité politique et aux pressions normatives de la mondialisation.
L'exposition réunit des oeuvres de collections privées et publiques – musée Dapper, Wereldmuseum de Rotterdam, Museum aan de Stroom d'Anvers et un nombre important de pièces majeures du musée royal de l'Afrique centrale de Tervuren (Belgique). »
Dans la pénombre, on admire l’extraordinaire inventivité des sculpteurs africains, la richesse évocatrice de ces masques conçus pour effrayer – et qui y parviennent parfaitement, la beauté des formes et des matières (plumes, débris végétaux, perles, bois précieux, dents )…. Bien loin des représentations populaires comme celles de Tintin au Congo !
Un petit bémol toutefois : les explications données par les panneaux ne sont pas très éclairantes. Dommage, mais cela ne gâche pas le plaisir esthétique. On est prié de se documenter par ailleurs ... ou d'acheter le livre en vente à la belle librairie du sous-sol ?
A nous aussi de réfléchir à ce que notre civilisation occidentale comporte aussi de rites de passage comme la Communion solennelle, la circoncision … ou plus prosaïquement le bizutage. Et de mesurer combien notre éducation a occulté ces civilisations qui ont le tort de n’avoir jamais rien sculpté dans le marbre ni écrit ses épopées sur nul support autre que celui de la tradition orale … ce qui a signifié, pour les colonisateurs du XIXème siècle, qu’elles n’existaient tout simplement pas.
Musée Dapper, 35 bis rue Paul Valéry – 75116 Paris – de 11 h. à 19 h. sauf le mardi et le jeudi. 6 €. Jusqu’au 6 juillet.