Après une décennie de croissance relativement soutenue, l’Amérique latine aborde une zone de turbulences.
Selon la dernière édition des Perspectives économiques de l’Amérique latine, publiée conjointement par le Centre de développement de l’OCDE, la Commission économique des Nations Unies pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC) et la CAF – la banque de développement de l’Amérique latine, après une décennie de croissance relativement soutenue, l’Amérique latine aborde une zone de turbulences sur fond de fléchissement des échanges, de modération du prix des matières premières et d’incertitude croissante liée à l’environnement financier extérieur.
Pour le Secrétaire général de l’OCDE Angel Gurría, l’Amérique latine a toujours les moyens d’installer une croissance durable profitant à tous, mais le temps presse. Pour relever les nouveaux défis et profiter des opportunités découlant d’une économie mondiale toujours plus interconnectée, les pays de la région doivent doper leur compétitivité. Cela passe par une diversification de l’économie, une meilleure logistique et une progression dans la chaîne de valeur vers des activités à plus forte valeur ajoutée.
Alicia Bárcena, Secrétaire exécutive de la CEPALC, souligne qu’il faut engager des réformes pour accroître la productivité et renforcer la capacité des gouvernements à satisfaire les demandes d’une « classe moyenne émergente » tout en redoublant d’efforts pour réduire la pauvreté et les inégalités.
Selon les Perspectives économiques de l’Amérique latine, l’innovation technologique et la diversification économique sont essentielles à la relance de la productivité et à la croissance, qui demeurent relativement moins soutenues qu’ailleurs. La contribution de la région à la richesse économique mondiale est restée pratiquement inchangée (dans une fourchette de 7 à 9 % du PIB) depuis le milieu des années 1990, alors que celle des pays émergents d’Asie a plus que doublé sur la même période.
De nombreux pays d’Amérique latine continuent de tout miser sur leurs ressources naturelles : les matières premières représentent jusqu’à 60 % des exportations latino-américaines (contre 40 % au début de la dernière décennie).
Le rapport recommande aux pays de profiter de ces richesses naturelles pour poser les jalons d’une transition vers des systèmes de production davantage axés sur la technologie et le savoir. Il plaide aussi pour une diversification des exportations, notamment en faveur des services, qui offrent de meilleurs débouchés à moyen et long termes. L’approfondissement du marché régional ouvrirait également la voie à l’essor du secteur des services et à la diversification nécessaire pour prospérer.
Des investissements supplémentaires dans les infrastructures de transport et, d’une manière générale, de meilleures performances logistiques sont indispensables. La structure de production de l’Amérique latine est plus sensible à la logistique que celle des pays de l’OCDE. La part des exportations latino-américaines assujetties à des contraintes de temps est trois fois supérieure à celle observée dans les pays de l’OCDE, ce qui souligne l’importance de la logistique pour conforter les résultats économiques d’ensemble.
L’insuffisance persistante des infrastructures de transport appelle à investir de toute urgence dans les routes, les chemins de fer, les ports et les aéroports. Un investissement annuel de 5,2 % du PIB de la région dans des projets d’infrastructure permettrait à l’Amérique latine de combler son retard en la matière vis-à-vis d’autres régions émergentes, et de regagner pratiquement 2 points de PIB par an. Les leviers à actionner à court terme pour améliorer le transport des biens et des services avec les infrastructures actuelles sont nombreux, de l’intégration des politiques de logistique au renforcement de la concurrence dans le secteur, en passant par des installations de stockage modernes ou des systèmes douaniers et des procédures de certification efficients.
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