Et le fait que ces livres soient tous des polars (étrange coeïncidence), un poche et deux grands formats, font que je ne peux que les regrouper une nouvelle fois dans un seul et même billet.
Bon, j'avoue, je n'ai pas été le seul à les lire cet été, ces polars, mon cher Michel m'a grandement aidé aussi pour l'un de ces ouvrages, et malheureusement, à l'entendre ( et je le crois sur parole), ce n'est pas le meilleur des trois.
Ce qui est notable, c'est que ces romans policiers nous viennent de 3 horizons totalement différents, l'Europe du Sud (avec l'Italie), celle du Nord (avec les fameux polars suédois), mais plus original, des Antipodes, avec la Nouvelle Zélande et ce premier polar avec lequel j'inaugure ma sélection du jour :
1. Un employé Modèle, Paul Cleave (ed Le Livre de Poche)
Ce poche, cela faisait un bout de temps que je l'avais dans ma bibliothèque et faisait partie des polars que je voulais absolument lire, mais dont je repoussais toujours la lecture à plus tard.
Finalement cet été, il faut croire que c'était enfin le bon moment, et je ne l'ai pas regretté, tant Cet employé modèle, qui avait reçu de très bonnes critiques lors de sa sortie en 2009 chez Sonatine, est un excellent roman noir qui nous vient de Nouvelle Zélande, une contrée dont je lis peu de littérature.
Sur un canevas pour le moins éculé d'histoire de sérial killer psychotique, l'auteur arrive à renouveller le genre avec une grande habileté, et à se mettre, avec énormément de talent et de maitrise dans la peau de ce tueur en série.
Très bien mené, ce livre est encore plus relevé par un humour noir et cynique vraiment réjouissant (les scènes avec sa mère tyrannique où le tueur devient un petit enfant) et qui contrebalance certaines scènes sanglantes qui pourraient vite devenir, surtout pour les âmes sensibles (étonnant, je le suis moins en livre que devant un film), à la limite du supportable.
Seules les 50 pages finales, avec l'apparition d'un nouveau personnage ( féminin) un peu trop too much et pas vraiment crédible, viennent alourdir un peu l'intrigue d'un roman intelligent et prenant .
Si vous êtes lassé des polars sombres et ultra violents, si vous êtes revenu des enquêtes menées par des policiers, alcooliques, bipolaires à l’hygiène douteuse, errant dans les faubourgs poisseux des capitales des pays du nord de l’Europe alors, « La reine de la Baltique » est pour vous, Viveca Sten invente le polar « clair », le polar guide du routard.
Sur la minuscule ile de Sandhamn au large de Stockholm en ce début d’été on s’inquiète, la découverte de deux cadavres à quelques jours d’intervalle risque de compromettre la saison touristique. Enfant du pays, Thomas Andreasson grand et bel inspecteur de police de la capitale est envoyé sur l’ile pour mener l’enquête.
Divorcé de sa femme Pernilla à la suite d'un drame familial qui le perturbe encore, Thomas Andreasson est âgé de trente-sept ans. Ancien policier maritime, il est maintenant affecté à la criminelle du commissariat de Nacka, près de Stockholm, en Suède. Grand blond aux yeux bleus, Thomas n'est pas encore un enquêteur chevronné. Son supérieur, le chef de la police, est assez bienveillant à son égard. Fille de ce dernier, sa collègue Carina cache peu son admiration pour Thomas. Lui a besoin de se ressourcer dans le proche archipel voisin, où il possède une maison sur l'île de Harö. C'est sur l'île de Sandhamn, dont ils sont tous deux originaires, qu'habite son amie d'enfance, Nora Linde. Mère de deux jeunes fils, Nora est mariée à un médecin, Henrik Linde, qui outre son métier est passionné de regates. Du même âge que Thomas, Nora est juriste d'entreprise pour une banque. D'ailleurs, on lui a proposé une belle promotion, mais déménager mettrait en péril son équilibre familial.
Un cadavre est découvert sur le rivage de l'île de Sandhamn. Entortillé dans un filet de pêche, il semble être resté longtemps dans l'eau. Thomas étant un familier des lieux, on lui confie l'enquête, en relation avec sa supérieure.
Tout dans ce polar est sage et hors du temps, aucun coup de feu n’est tiré, on s’empoisonne avec de la mort au rat et les secrets de famille ne sont des secrets que pour la famille.Viveca Sten soulève gentiment quelques problèmes, son livre est gentiment touristique (et merci Michel pour ta "gentille" chronique )
J'avais entendu parler de Gianni Biondillo, maître du roman noir italien, en maintes occasions, et notamment lors du Festival Quai du Polar de 2011 lorsque j'étais membre du Jury avec un Président Claude Maspiède qui ne tarrissait pas déloge sur lui, mais je n'avais pas encore l'occasion de lire ces ouvrages.
Cette carence est réparée grâce à l'éditeur Metailié qui m'a fait découvrir le dernier opus de l'auteur, Ce matériel du tueur qui emmène le lecteur dans un road movie haletant en pleine tourmente sociale italienne, une Italie anxieuse et anxiogène pleine de peurs , accablée par un ciel de plomb, et où défile toute une humanité improbable mais bien réelle.
L'intrigue commence lorsqu'un détenu africain s'évade au cours de son transfert à l'hôpital dans une ambulance dont tous les occupants sont tués. Elena Rinaldi, commissaire de police se lance alors à sa poursuite à travers l'Italie, découvrant peu à peu sa véritable identité et le but de sa cavale. Cette commissaire est secondée par un local, le bougon mais assez étonnant inspecteur Ferraro.
Cette traque assez classique en apparence est émaillée de nombreuses digressions,des digressions assez nombreuses, sur le passé colonial de l’Italie en Afrique, les circuits actuels de traite des migrants, ou les charmes historiques et artistiques de telle ou telle ville du nord de l’Italie. Ces digressions sont inégales : parfois amusantes et interessantes, parfois un peu inutiles et ralentissant la course poursuite initiale.
Mais progressivement, ces disgressions se font moins nombreuses, et le rythme de l'intrigue s'accélère soudainement.
On se surprend dès lors à ne plus lâcher le livre jusqu'au sprint final, quand même assez haletant. Et évidemment, ce style Biondillo dont on m'avait parlé, est bel et bien présent tout au long de l'ouvrage, cette poésie urbaine parfaitement retranscrite par le traducteur et également écrivain ( et d'ailleurs lauréat du prix du Quai du Polar l'année où je siégais, pour son roman Saturne), j'ai nommé Serge Quadruppani...
Voilà trois polars bien différents et dans leurs styles et dans ce qu'il raconte... peut-être de quoi trouver votre bonheur, qui sait?