Et de deux ! Après avoir recruter Paul Denève ex-PDG d'Yves Saint Laurent en juillet dernier, Apple vient donc de débaucher Angela Ahrendts, brillante directrice générale de Burberry depuis 2006. Celle-ci a été nommée vice-présidente en charge du commerce de détail et des boutiques en ligne, un domaine qu'elle maîtrise à la perfection ayant propulsé la distribution de la marque au tartan dans le XXIe siècle sans dénaturer ses valeurs de tradition.
Cette nouvelle arrivée chez Apple d'une personnalité reconnue du monde du luxe replace (si besoin était…) la marque à la pomme dans sa stratégie de premiumisation dont avait douté certains observateurs et une presse un peu trop diligente à la pousser vers le segment low cost. Apple n'est pas et ne sera jamais une marque bas de gamme, ce n'est pas dans ses gènes et encore moins dans sa culture de produits dont l'intégrité technologique et la perfection esthétique demeurent un modèle du genre dans le secteur high tech, copié par des Samsung, LG et autre Sony aujourd'hui.
Chez Burberry, c'est Christophe Bailey, le talentueux directeur de création du groupe de luxe britannique qui va remplacer Angela Ahrendts chaussant ainsi la double casquette, celle artistique et l'autre financière. Un choix étonnant qui n'a pas eu l'heur de plaire aux actionnaires (le cours de l'action a chuté de plus de 6% lors de l'annonce du départ de la DG) doutant de sa capacité à diriger une entreprise qui pèse plus d'un milliard de livres de chiffres d'affaires. En effet, si Christophe Baily a déclaré être profondément « ému et honoré » de sa propre nomination, il n'a jamais vraiment caché son peu d'appétence pour les finances.
Devenant DGDA, il va ainsi subir la redoutable pression quotidienne d'une entreprise 100% cotée en bourse, ce qui n'est pas une sinécure et va sans doute écorner son aptitude même supposée colossale à créer des collections, gérer l'image, animer les points de vente et… administrer les finances ! Aujourd'hui et plus encore qu'hier, la mode est un rouleau compresseur qui laisse peu d'espace à l'improvisation et aux doutes ; quant aux actionnaires, ils détestent le flou vaporeux préférant la coupe tailleur aux coutures bien droites. Le tartan si rectiligne va-t-il finir en zigzag et se briser sur le mur de la bourse de Londres ? Peut-être une aubaine pour des groupes comme LVMH ou Kering qui le logerait sûrement bien dans leur portefeuille de marques en l’achetant à vil prix...