Le principe du Film du Grenier ? Ressasser le passé autour d’une tasse de thé et se dire intérieurement "C’était mieux avant, dans le cinéma." ? Non, pas tout à fait. Plutôt remettre au devant de la scène de bons souvenirs; non pas à titre de grande qualité mais plutôt par un ensemble de critères qui font que, malgré le temps qui passe … Il y a cette douce envie et irrémédiable pensée : "Il était plutôt pas mal, ce film …Mais pourquoi ?" Et si c’était un coup de cœur nostalgique ?
"T’aimes les omelettes ? Tiens, je te casse les œufs". Sur ces paroles très crues, Schwarzenegger lance les premières paroles d’un long-métrage passé dans la postérité. En 1993, Arnold poursuit son ascension dans une autre voie professionnelle que le Culturisme. Des succès en veux-tu en voilà, on ne les compte plus : Conan le Barbare en 1981, ses débuts dans l’une ses interprétation les plus fameuses de Terminator a lieu en 1984. On le connait dans des films d’action divers, (a)variés mais peut-être surtout pour cette implication dans ce genre de films où il faut tirer pour survivre type Predator (1987) et un enchainement avec Terminator II. (1990)
S’il a été l’un des producteurs exécutifs, la Star Hollywoodienne fait preuve d’une auto-dérision exemplaire.
Arnold Schwarzenegger ne raccroche pas les armes à feu mais, au lieu d’interpréter un rôle taillé à la carrure de l’acteur, notre bodybuilder profite d’une apogée dans sa carrière pour une aparté unique : une comédie sur le genre très prolifique du grand fourre tout de l’Action. En même temps qu’elle constitue une forme d’hommage au cinéma, il en aura fallu des cojones pour accepter de se mettre en scène d’une manière si particulière. Ce qui lui servait alors de gagne pain et d’échelle à sa carrière devient un motif de dérision. Les recettes financières n’ont pas été au rendez-vous d’une superproduction ambitieuse de près de 80 000 000 de Dollars. Il faut avouer qu’en concurrence, il fallait abattre plus que d’un coup de révolver l’énorme production de Jurassic Park sorti en même temps. Presque flop aux Etats-Unis pour ne rapporter "que" 50 millions de Dollars à sa sortie en salles.
Arnold Schwarzenegger endosse un rôle qui a pu le porter sur la haute estime de la postérité. Dans la peau d’un héros fictif nommé Jack Slater, il est l’archétype du policier brûlé, en dehors des ordres de sa hiérarchie, oeuvrant chaque jour contre les vilains à coup de répliques charismatiques et de tirs uniques. Sorte de mise en abyme; d’un film dans un film interprété par Arnold Schwarzenegger où le "Bien" triomphe à chaque coup de révolver, il est l’idole de Danny Manigan (Austin O’ Brien) un jeune collégien qui, quitte à sécher ses cours, se ressource dans les superproductions hollywoodiennes où Schwarzy est Jack Slater. Ce fut sans compter sur un objet clef qui permet au film d’entrer dans une originalité forte, quitte même à ne pas simplement railler les films d’Action, mais d’être un vibrant clin d’œil au cinéma. Par le biais du Ticket "Houdini", confié pour son ami projectionniste, Danny observe en avant-première la dernière production de la série "Slater" : Slater IV ! Toutefois, la légende rapporte que ce billet aurait "des pouvoirs magiques" … Une expérience que va vivre Danny en faisant partie intégrante du film grâce à ce Ticket doré.
Qui n’a jamais rêvé d’avoir un tel Ticket sur soi et influer sur son film favori ? Un rêve !
En ce scénario inédit, se matérialise un bon nombre de petits rêves qui permettent au film d’être une projection intéressante à un jeune âge qu’un vivier à clin d’œils au Cinéma Américain. (Et pas seulement des années 80/90!) A vrai dire, Last Action Hero s’adapte à presque tous les âges, justifiant à ce propos le succès a posteriori du long-métrage fort d’un peu plus de 2h. 120 minutes où le duo improbable d’un jeune collégien et d’un héros du cinéma font équipe. A ce détail près : en s’affranchissant d’un traditionnel "4e Mur", (Conception Cinéma et Théâtre) Danny est transposé dans un univers où les personnages n’ont pas conscience d’être des êtres fictifs … Si bien qu’en ayant franchi aussi symboliquement que physiquement l’écran de Cinéma, Danny est plongé au cœur de son film favori dans toute son exagération : vilain caché "traditionnellement" dans le placard à vêtements; voitures qui explosent à chaque coin de rue, invulnérabilité du héros … La liste est longue. Et se moque ouvertement des énormes productions d’Action (Alors que le long-métrage en est lui-même un) en accentuant les traits habituellement grossiers. Vous savez, ces fameux nanars qui n’ont pas le sensation d’en faire partie, en s’excluant par un sérieux navrant du scénario prétendument écrit "avec une pointe d’action" ?
Schwarzenegger VS Slater … Lui-même contre lui-même ?
Last Action Hero se sert de ces schémas pour être un véritable contournement à la règle. Forme d’ironie dramatique, en ce sens où Danny agit comme un véritable connaisseur du monde de Slater, ses habitudes y compris l’ensemble de la vie et le fait que son existence n’est que celle liée au monde du cinéma puisque le monde "en dehors" de l’écran le rend mortel au même titre que n’importe quel individu, chaque visionnage apporte un nouveau lot de détails, de menus détails jusqu’alors ignorés. La présence de Danny, un enfant, joue énormément sur le rire et le plaisir procurés par le film en savant point par point chaque évènement possible dans l’univers de Jack Slater. (Le fait qu’un Chat de Cartoon fasse équipe avec d’autres policiers, qui est le vilain de l’histoire …) Il permet, d’un point de vue plus sérieux, d’émettre l’hypothèse d’une facticité totale de cet univers, où chaque parole s’insère dans le but de répondre à l’antagonisme entre "Bons" et "Vilains". Au-delà de l’apparence, la mise en évidence d’une existence millimétrée et gérée par un script apparait de façon frappante.
Il est évidemment question d’une comédie … Mais qui traverse facilement les âges et les niveaux de compréhension. Plutôt ambitieux non?
Les différents niveaux de compréhension sont amenés avec légereté, cela va de soi. Toutefois, il y a cette idée que "chaque spectateur peut y trouver son compte". Après tout; la comédie si elle n’est pas reflet social, peut au moins être réussie par les différentes compréhensions à en extraire ? Le pari ambitieux a été relevé avec, il faut l’avouer, un certain charme indéniable. A la bande son du film; de prestigieuses pistes issues de groupes de type Rock et Metal (re)connus tels qu’AC/DC (Big Gun), Alice in Chains, Megadeath ou encore Aerosmith. (Sans compter cette digression/Clin d’œil de Schwarzenegger pour Mozart !) A l’image, des effets spéciaux qui, malgré plus de 20 années au compteur, ne choquent pas et restent cohérents. (Chutes vertigineuses et surtout intrusion entre les deux univers de très bonne facture)
Par le propos, on oserait affirmer sans mal que Last Action Hero dispose d’un charme non désuet, la popularité d’Arnold "Terminator" Scharzy encore effective et parlante aux plus jeunes d’entre nous; les superproductions plus que jamais d’actualité. En conséquence, un bon film de 1993 ? Une fois encore, le manque d’objectivité y serait pour beaucoup et il n’y aurait qu’un pas à franchir en ce sens que Last Action Hero nous sert des répliques dont l’effet est encore certain; dont l’image n’a pas si mal vieillie, dont la parodie prend encore effet.
On parle certes d’une comédie … Mais aussi de "Caméos" (Brèves apparitions) surprenantes.
Pour l’amateur de cinéma comme le spécialiste, un bon nombre de clin d’oeils qui ne visent qu’à servir un peu plus l’esprit décalé de Last Action Hero. Le cas se présente avec une pléthore d’acteurs ou personnalités de l’époque : Sylvester Stallone est le "Terminator" de l’univers de Slater; Tina Turner apparait quelques secondes; Jean-Claude Vandamme comme un acteur émérite … Apparitions visuelles mais aussi parodies directes : référence à E.T. l’Extraterrestre, Shakespeare blasphémé dans une reprise personnelle d’Hamlet par Arnold Scharzenegger, références plus subtiles au Silence des Agneaux. (Je n’ai pas souvenir de celui-ci ? …)
"Mozart?"
On y parle cinéma populaire, on en garde de belles images et, la mémoire imprime incontestablement certaines scènes. A 5 ou 6 ans, lorsque vous ne connaissez pas Hamlet, croyez-le que des fragments de la fameuse scène en Noir et Blanc marque inconsciemment votre "culture". Rires, sourires, incroyablement plaisant et loin d’être également dans les cordes habituelles d’Arnold Schwarzenegger, la Comédie Américaine a marqué l’enfant autant qu’elle continue d’émerveiller aujourd’hui devenu. Un film que l’on range facilement, sur le Blog La Maison Musée, dans une estime personnelle. Qu’importe même si sa qualité n’est pas exceptionnelle, il fait partie de ces références que l’on a, avec soi, dans les moments de pur loisir. Et à recommander sans modération!
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Extrait ? C’est parti !
"Hamlet : Hey, Claudius ? C’est toi qui as tué mon père. Monumentale erreur !
Voix off : Y’a quelque chose de pourri au royaume de Danemark, et Hamlet va faire le ménage! [...]"
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Hamlet version Last Action Hero est passée au format Blu-Ray! (14,99€) Que dire, si ce n’est qu’il n’a pas pris une ride !