La cité de la poussière rouge est un quartier de Shanghai. Une cité dans la cité, en plein cœur de la ville. Les maisons, toutes modestes, y sont alignées comme des baraquements et regroupent le plus souvent des colocataires. Petits commerçants, cadres ou ouvriers, des personnes de statut économiques différents composent la population de la poussière rouge. Le soir venu, les résidents se retrouvent pour jouer aux échecs ou aux cartes et surtout pour raconter des histoires. Ces histoires ne sont pas des contes, elles mettent en scène « les gens réels d’ici »…
On retrouve donc dans ce recueil les destins singuliers de quelques habitants pas forcément plus remarquables que les autres mais dont la trajectoire un tant soit peu particulière mérite d’être contée. De l’arrivée au pouvoir des communistes en 1949 à l’ouverture économique des années 2000 en passant par la révolution culturelle, on découvre en filigrane l’évolution de la Chine au cours des cinquante dernières années.
Les nouvelles sont présentées de façon chronologique et précédées d’un « bulletin d’information de la poussière rouge », sorte de compte rendu politique à la gloire du parti. Elles retracent des destins individuels remis dans le contexte historique de chaque année. L’ensemble propose une photographie réaliste des bouleversements qui ont frappé le pays au fil des décennies. Intéressant notamment de découvrir à quel point le commerce privé et l’appât du gain ont peu à peu pris le pas sur le communisme pur et dur. Un « socialisme à la chinoise » qui laisse de plus en plus de place à l’économie de marché, au grand dam des anciens, nostalgiques du marxisme-léninisme de Mao.
Franchement, je me suis régalé. Des petites vies, des petites gens, des petits événements bien moins insignifiants qu’il n’y paraît, c’est tout ce que j’aime. C’est poignant ou drôle, triste ou édifiant. Pauvreté, amour, solitude, désillusion, rêves d’avenir, les thèmes sont variés et rythment le quotidien de la cité. Au final, le tableau brossé par petites touches successives est passionnant. En plus un second volume intitulé « Des nouvelles de la poussière rouge » est sorti il y a peu. Autant vous dire que je suis partant pour m’y plonger dare-dare.
Cité de la poussière rouge de Xiaolong Qiu. Liana Levi, 2013. 220 pages. 9,50 euros.
Une lecture commune que j'ai une fois plus le plaisir de partager avec Marilyne et une seconde participation au mois de la nouvelle de Flo.