Aucune précision n'est donnée sur l'approche technique adoptée pour réduire cette longue chaîne de "valeur", mais le modèle d'ArgoPay est très clair : les paiements avec la carte de crédit virtuelle accompagnant son application mobile seront entièrement gratuits pour les commerçants (pour les consommateurs, seul le recours au crédit génèrera des frais). La plate-forme intègre un programme de fidélité, qui constitue vraisemblablement la source de revenus ciblée par la jeune pousse.
Après l'expérience tentée par Droplet au Royaume-Uni, celle-ci (avec quelques autres) semble esquisser une tendance majeure qui verrait une transformation des moyens de paiement en produits d'appel gratuits, utilisés pour développer des services marketing à forte valeur ajoutée.
Ainsi, avec l'arrivée de Google Wallet sur iPhone, il n'est plus question de paiement sans contact chez les commerçants : seuls les paiements entre particuliers (P2P) sont possibles. Et, de l'idée originale il ne reste plus que la plate-forme de gestion de cartes de fidélité, de coupons et autres offres promotionnelles : en quelque sorte une copie multi-systèmes du PassBook d'Apple.
Le dispositif est un prolongement de la capacité d'identification "ouverte" proposée depuis longtemps. Ainsi, là où il était possible de se connecter en un clic sur un site tiers, en utilisant son compte Facebook, un bouton permettra désormais de remplir directement les informations d'identité et de paiement, ainsi que l'adresse de livraison, au moment de valider un achat. Pour l'instant, il s'agit donc pour le réseau social de renforcer sa présence sur les sites de commerce en ligne, mais ne serait-ce qu'une première étape vers une ambition plus large ?
Dans ce cas, cependant, les paiements sont aussi pris en charge par le dispositif, ce qui place donc Amazon en concurrent direct, et redoutable, des autres acteurs du secteur, PayPal en tête.
Pour mémoire, le système en question permet au consommateur d'être localisé lorsqu'il entre dans une boutique (via son téléphone mobile et un petit appareil équipé d'une interface bluetooth, installé dans les lieux), pour pouvoir ensuite payer sans aucune action de sa part, le marchand identifiant simplement son compte (grâce à sa photo) parmi ceux qui sont listés sur son terminal.
Pour ceux qui craignent les abus rendus possibles par une telle automatisation (ainsi que pour cibler les commerçants qui ne disposeraient pas de l'équipement nécessaire), PayPal introduit donc un mécanisme de contrôle : le consommateur ouvre l'application sur son téléphone et enregistre lui-même sa présence (via un "check-in"), il obtient en retour un QR code ou un code à 4 chiffres qui vont lui servir à valider le paiement.
Autre nouveauté dévoilée récemment, "PayPal Working Capital" est une solution de crédit destinée aux PME utilisatrices de la plate-forme de paiement en ligne de la filiale d'eBay. Comme on peut s'y attendre, l'approche adoptée est disruptive : l'accord de prêt, délivré immédiatement, est basé sur l'historique des transactions réalisées, sans aucune recherche d'un score de crédit. Les remboursements sont ensuite prélevés directement sur les rentrées d'argent et les frais prennent la forme d'un forfait fixe affiché lors de la demande. Les banques n'ont qu'à bien se tenir, face à un système aussi simple !
En pratique, il suffit d'envoyer un message au destinataire des fonds, en précisant le montant à envoyer dans le sujet et en mettant l'adresse de Square en copie. Lors de la première utilisation, l'émetteur et le destinataire sont invités à associer les coordonnées de leur carte à leur adresse de messagerie. Le transfert est ensuite effectué en 1 à 2 jours.
Square Cash est loin du modèle d'affaire initial de la startup mais il répond certainement à un besoin spécifique : grâce à sa gratuité, une partie des utilisateurs de sa solution d'origine est constituée de particuliers souhaitant encaisser des paiements par carte, occasionnellement. Or les coûts induits (notamment par le lecteur de carte) ne sont pas compatibles avec ces usages, qu'il vaut mieux détourner, quitte à proposer à ses adeptes une technique qui fonctionnera, elle aussi, à perte…
MoneyDrop exploite la technologie Bluetooth pour fonctionner (une mode serait-elle en train de se développer ?) : sur le téléphone de l'émetteur, tous les autres utilisateurs de Simple présents dans son voisinage apparaissent dans son "arène" (cf. l'image ci-dessous) et il lui suffit de sélectionner le destinataire et le montant à envoyer pour finaliser le virement.
L'article de TechCrunch qui présente cette nouveauté recèle une autre information précieuse et savoureuse : l'équipe de développement iOS de Simple comprend 2 personnes. Un nombre à mettre en regard des armadas (souvent comptées en dizaines de personnes) présentes dans la plupart des grandes institutions financières, pour des résultats rarement aussi intéressants…
Initialement conçu pour les échanges d'argent entre amis, PingIt devient progressivement le pilier de la stratégie de Barclays dans le domaine des paiements. En intégrant un par un tous les scénarios, la banque crée un porte-monnaie virtuel vraiment universel, dont il devient effectivement imaginable qu'il prenne la place de son équivalent matériel. Et plus il couvre de cas d'usage, plus il sera utilisé par les consommateurs, plus il aura de chances d'atteindre cette position enviable.
Je m'attarderai pourtant sur une des nouveautés introduites avec l'intégration des fonctions de paiement directement dans l'application de banque mobile (vraisemblablement pour essayer d'en développer l'adoption) : une option très accessible permet d'activer ou désactiver à la demande le paiement sans contact, y compris lorsque celui-ci est géré par un sticker à coller sur son téléphone. Il s'agit certainement d'un facteur utile de réassurance pour les consommateurs.
La décision est tout de même un peu étrange, à l'heure où la généralisation de ce type de fonction semble se dessiner dans les autres banques. A moins que les mutualistes bretons ne nous réservent une prochaine surprise en remplacement ?