Trail world tour, Via Francigena, étape 6: le vent sur les plaines.

Le vent dans les plaines, tournent les éoliennes et je marche seul à travers cet immense décor de champs et de labours, pendant toute une journée, sous un ciel où passent d'immenses nuages. Tel pourrait être le résumé de mon périple de ce dimanche. Une longue étape de plus de 60 kilomètres que je termine tout de même un peu fatigué,  dans la ville de Peronne que je commençais à desesperer d atteindre.
C'est qu'à mon arrivée à la tombée de la nuit, j'avais marché et couru depuis un bon moment depuis que j'étais reparti d' Arras, où Fabien,  avec qui j'ai partagé un agréable petit déjeuner dans sa maison familiale,  m avait déposé après m'avoir offert amicalement l'hospitalité pour la nuit. Heureux hasard que de l'avoir retrouvé là. Militaire de carrière,  il est en poste à Angoulême mais des raisons familiales l'avaient justement amené dans le Nord, d'où il est originaire,  ce week - end.
Évidemment,  après les bons moments d'amitié d'hier,  ma marche aujourd'hui est plus solitaire. La matinée se passe cependant bien. Le paysage se fait plus plat, plus monotone aussi mais j'avance avec entrain, sur chemins et petites routes, jusqu’à Bapaume.
Un soleil timide perce parfois dans un ciel immense les nuages, éclairant les paisibles tombes des différents memorials, dévolus à telle ou telle nation, qui peuplent cette campagne uniforme, seulement rythmée par les quelques villages et leurs clochers. Dans cette campagne qui semble figée,  le repos de ces morts ne semble troublé que par les coups de feu des chasseurs. Les balles sifflent donc encore dans ces lieux où,  tous ces monuments me le rappellent, tant d'hommes ont perdu la vie, il y a bientôt cent ans.
Je peux marcher librement et en paix dans cette Europe autrefois déchirée,  c'est déjà l'immense chance de ma génération. Certains,  dans les relents nauséabonds d'un nationalisme qui revient à la mode, feraient bien de s'en souvenir.

Sur ces pensées,  et un peu inquiet de certains passages à travers champs et bois au vu du nombre de chasseurs, un peu peiné aussi poir les quelques lapins et autres perdrix que je rencontre,  je m'arrête donc un instant à Bapaume pour manger un morceau.
Après cette petite pause, je perds malheureusement une bonne heure en prenant un mauvais chemin. Le balisage GR n'est plus guère précis, mon guide Cicerone pas toujours très clair et sa cartographie pas bien détaillée mais tout de même.
L'après midi est un peu longuet. Un coup de fil à mon frère qui fête son anniversaire,  quelques villages pour me distraire mais je commence à trouver le paysage vraiment monotone et à peiner davantage. Une averse bien drue réveille mon allure et je me livre à un footing de bord de route.
Peronne s'annonce mais Peronne est loin. Je finis tout de même par atteindre le centre ville et trouve une chambre pour me reposer. Demain je continue mon périple à travers cette Via Francigena!