Tout comme celle du sénateur François Rebsamen, chef de file de la résistance socialiste au Sénat contre le texte sur le "non cumul des mandats", cette attitude aura produit des effets nettement plus dévastateurs que la persistance des mauvais résultats économiques. Cet aveuglement dogmatique nourri d’un sentiment de toute-puissance signe un oubli politique essentiel: la gauche n’a pas été élue pour son programme mais afin d’opérer un changement individuel à la tête de l’État. Les tergiversations de François Hollande et, à son exact opposé, l’hyperréalisme de terrain de Manuel Valls, soutenu notamment par 74% des Français dans l’affaire "Leonarda" (BVA), montrent que l’élection présidentielle de 2012 n’est jamais parvenue à capitaliser les faveurs de l’opinion publique.
La situation n’est guère plus enviable au sein de l’UMP: la "parodie d’inventaire"du quinquennat de Nicolas Sarkozy, selon Patrick Devedjian, démontre là encore une incapacité d’assumer le passé immédiat alors que "54% des Français ne regrettent pas" l’ancien président de la république. Inutile dans ces conditions de s’étonner du glissement de la base électorale conservatrice vers le Front national. En témoignent les nombreux dénis d’investiture aux municipales de mars prochain, notamment à Cannes (Philippe Tabarot contre David Lisnard), à Saint-Martin de Vésubie (Gaston Franco contre Eric Ciotti) et même à Villefranche sur mer où la liste de Christophe Trojani soutenue par Christian Estrosi affrontera sans doute celle de Jean-Pierre Mangiapan, proche de Jean-François Copé.
Reste que le meilleur ennemi du Front National demeure en son sein: à 85 ans, Jean-Marie le Pen sera candidat aux Européennes pour la région Provence-Alpes Côte-d’Azur. En termes de renouvellement des cadres frontistes, on fait mieux. Les réactions infantiles du PS et de l’UMP se renvoyant mutuellement la responsabilité de l’éche...