Les amateurs d’illustrations nippones et de beaux livres ont de quoi se réjouir car, depuis quelques années, les publications d’artbook en France se multiplient. Glénat est resté un certain temps cavalier seul dans le domaine (avec Dragon Ball et One Piece notamment), mais d’autres lui ont finalement emboité le pas : Kurokawa avec FMA et Soul Eater, Pika avec Fairy Tail, etc.
Cette année c’est Taifu / Ototo qui a eu le feu vert de ses homologues japonais : avant celui de Tsukiji Nao (Adekan) qui arrive fin novembre, l’éditeur nous propose l’artbook très attendu de Spice & Wolf signé par Jyuu Ayakura, l’illustrateur original de la saga qui a fait naître la déesse louve lors de la publication du roman. A ne pas confondre avec Keito Koume, le dessinateur du manga qui est venu à Japan Expo cette année.
L’objet est des plus attirants et il est d’ailleurs à gagner jusqu’à lundi soir sur Journal du Japon, mais prenons le temps de regarder ce qui se cache derrière sa sympathique couverture….
Bonne lecture !
Spice and Wolf : retour en images sur les 5 ans d’une saga
204 pages, beau format (21 par 29.7), papier plutôt épais, grand nombre d’illustrations couleurs, on comprend rapidement le prix un peu élevé de l’ouvrage, à 29.90 euros. Tout le monde n’est pas fan des formats souples, mais l’illustration de couverture est tellement belle qu’on passe rapidement outre. S’il est plus épais que le moyenne c’est que cet artbook tient lieu d’intégrale : il regroupe tous les travaux de Jyuu Ayakura de février 2006 à juillet 2011, lors de la publication des 17 tomes du roman chez ASCII Media Works, qui se sont vendus à plusieurs millions d’exemplaires.
Les 100 premières pages reviennent sur les travaux réalisés spécifiquement pour le roman, mélangeant les couvertures, les quatrièmes de couvertures et les illustrations liminaires (à l’intérieur du livre) qui accompagnent le lecteur, lui permettant de visualiser les scènes clés. Ici présentées sans le texte, ces instants évoqueront de nombreux souvenirs aux lecteurs du manga ou aux fans de l’anime. Pour les autres ou les amateurs de la série qui ne seraient à jour, on voit défiler les personnages principaux et quelques secondaires : Holo, Lawrence, Chloé, Nora, etc.
Néanmoins, le recueil peut aussi s’avérer épineux pour les complets néophytes car, dans cet intégral, on balaye logiquement tout le scénario du roman et certaines images peuvent spoiler. Difficile d’incriminer l’artbook néanmoins : il est sorti au Japon alors que le roman venait de s’achever et Jyuu Ayakura le présente lui-même comme une rétrospective de 5 années de travail. Mais cette série de light novel n’a jamais été publiée chez nous. On apprécie finalement que les éditions Ototo n’ait pas édité l’ouvrage trop tôt, afin que le manga avance le plus possible… De plus, rien ne nous dit que les deux fins, celle du manga et du roman, seront nécessairement les mêmes.
Après cette première partie on découvre une double page des plus originales : un texte décrivant la fin de l’ouvrage d’un point de vue inédit, celui d’une musicienne qui s’apprête à jouer devant tous les protagonistes réunis une dernière fois.
On arrive ensuite dans la seconde partie du livre, qui débute en 2007-2008 et qui nous prouve à quel point la série a rapidement pris son essor. Fin 2008 le roman s’était déjà vendu à plus de 2 millions d’exemplaires en seulement deux ans d’existence. C’est donc logiquement que se sont multipliés les supports d’illustrations sur de nombreux produits dérivés : le manga bien sur, mais aussi l’anime, les jeux vidéo, les CD, les DVD, les cartes de téléphones et j’en passe !
Cette seconde partie, plus encore que la première, fait la part belle à l’emblème de la série : son héroïne, Holo.
La louve, le voyage et le blé…
Sorte d’hommage à la déesse de ce compte, ce recueil ne comporte pas une seule double page sans elle : seule et se retournant vers vous avec son sourire irrésistible, avec son compagnon ou de temps en temps avec ses amis… Quand on regarde Holo on observe tantôt une grande fille, tantôt une jeune femme souvent souriante, avec un regard espiègle, plein de malice. Sa vie n’est pas pour autant un long fleuve tranquille et quelques illustrations traduisent parfois la tristesse, l’inquiétude ou la mélancolie, mais la plupart des planches sont chaleureuses et pleines de joie.
Après avoir trouvé Lawrence et entamé un long périple avec lui, la déesse louve s’est débarrassée de sa solitude et on ressent son épanouissement à travers des illustrations extrêmement rayonnantes, des scènes festives où elle ne perd pas une occasion pour danser et s’amuser. Certaines des doubles pages finales témoignent d’ailleurs de tous les sentiments de la louve pour ce voyage, ces nouveaux compagnons et cette nouvelle vie. Les émotions passent alors à merveille.
Volontairement proche de la nature et des récoltes sur lesquelles vieille Holo, les illustrations ont adopté toute un gamme de tons pastels : la chevelure brune d’Holo se marie avec le jaune des blés, le marron des bois, le vert de la végétation, les nuances ocres ou orangées d’un soleil couchant. L’illustrateur avoue d’ailleurs, en fin d’ouvrage, qu’il aime commencer une création en choisissant une heure de la journée pour définir ensuite son choix de tons et de couleurs. Suivant ce raisonnement on retrouve quelques dessins de pleine journée, aux teintes un peu plus vives, avec un grand ciel bleu et une composition qui invite au voyage, l’un des thèmes phare de la saga. Holo, seul ou avec Lawrence à bord de leur carriole, vous tendent alors la main dans de magnifiques doubles pages, pour vous emmener sur les routes… C’est tentant !
Enfin, dans la grande diversité de dessins que recèle ce recueil, on retrouve de tout : en plus des réalisations cités plus haut, il faut y ajouter plusieurs noirs et blancs issus des romans (loin d’être les plus passionnants), une foison de personnage en SD qui sont à croquer, des mini-histoires, des dessins parodiques et, sur la fin de l’ouvrage, deux illustrations des collaborateurs de Ayakura spécialement réalisées pour l’ouvrage : une de Keito Koume et une seconde de Tora Dora Yasu. Les dernières pages sont réservées aux commentaires de l’illustrateur qui revient sur les images qui l’ont le plus marqué (c’est aussi là que les plus gros spoilers tombent sur le light novel, donc attention). Il ne manque qu’une interview pour parfaire l’ouvrage mais les commentaires et la postface nous en apprennent déjà pas mal sur le ressenti d’Ayakura vis à vis de cette saga qui a occupé 5 ans de sa vie.
L’artbook de Spice & Wolf est donc un bel ouvrage qui rend très bien hommage à la saga. Même sans connaître le roman qui a inspiré ce recueil visuel, on y retrouve tout ce qui fait le charme de la licence : l’héroïne Holo, sa relation avec Lawrence et les personnages principaux, l’amour de la nature, la chaleur humaine, l’invitation au voyage, le style moyenâgeux… L’artbook est une excellente extension de la série pour ceux qui la connaisse déjà, voir un immanquable pour les amoureux d’Holo. Une excellente idée de cadeau pour les fêtes en tout cas, pour vous ou pour un(e) ami(e) qui apprécie le titre.
Par contre je conseille aux néophytes d’attendre un peu et d’essayer d’abord les autres supports comme le manga ou l’anime, pour éviter de vous spoiler la série ou de ne pas saisir toute la portée de certains dessins. Je vous conseille d’ailleurs de jeter un oeil à l’article que nous avions consacré au manga il y a quelques mois.
L’artbook sortira le 24 octobre, c’est à dire la semaine prochaine. Alors… vous craquerez ou pas ?