Le défi était lancé : si on tient une année sans fumer, on fête ça ensemble.
Ok, on ne se connait pas, mais si on s’arrête à ce genre de détail, on ne va pas aller bien loin ! Basta !
On s’est donc donné rendez-vous dans 1 an. Evidemment, certaines ont quitté le voyage (et le sevrage?) en cours de route, mais au final, 4 sont restées.
Nous ne savions pas grand chose les unes des autres, si ce n’est que nous venions de traverser ensemble une année extraordinaire.
Une année remplie de rire et de larmes, de tisane, de sport, de méditation, de folie ménagère.
Une année où il aura fallu lutter contre le manque, la prise de poids, la constipation, les crises de nerfs.
Une année à réapprivoiser le temps, à redécouvrir les goûts, les parfums, nos désirs.
Une année à tenter de mettre nos enfants à l’abri de nos possibles explosions, à élaguer les relations devenues intenables, tenir les équilibres précieux.
Une année où nos propres contours se sont précisés, comme si, noyées dans nos nuages de fumée, quelque chose de nous était resté trop longtemps dans le flou.
Il était temps de nous mettre au monde.
Une année de rage, de courage où nous avons puisé dans nos réserves d’énergie pour faire surgir l’autre femme.
Nous en avions fini de fuir, de nous cacher, de consumer notre propre substance et de puer du bec.
Tout cela, nous l’avons traversé ensemble.
Grâce à nos échanges sur ce blog, nous avions une représentation très précise de ce que chacune avait vécu et partagions certainement plus ici avec des « inconnues » qu’avec n’importe qui d’autre.
Quand le premier anniversaire a approché, pas une de nous ne s’est défilée. Malgré les mecs, le boulot, les gosses, le diable qu’on tire par la queue ou les kilomètres, chaque guerrière s’est débrouillée pour être au rendez-vous.
Dans l’attente de cette rencontre, quelques doutes nous ont effleuré, tout de même.N’allions-nous pas nous faire un énorme week-end loose avec des nanas avec qui nous avions certes livré une sacrée bataille contre la puante, mais dont nous ne savions rien ou presque. N’allions nous pas nous enfiler jusqu’à 700 bornes pour certaines, faire garder nos gosses, payer des billets de train un prix exorbitant, tout ça pour se faire chier comme des rates mortes (et non fumeuses) avec des nanas avec qui nous n’avions pas grand chose à partager ?
La réponse est non, et nous l’avons su dès les premières minutes.
Découvrir nos bouilles, c’était déjà génial. Puis vinrent les premières questions.
Tu fais quoi comme boulot ? T’as combien de gosses ?
Notre petit groupe s’était formé autour du sevrage. A présent, il nous restait à mettre tout le reste sur la table.
Finalement nous avons assez peu parlé de clope, mais pour le reste on ne nous arrêtait plus.
Tant de choses à livrer et tant de plaisir à le faire que nous étions limite à l’heure pour le séjour Zen que nous avions réservé à la Thalasso de l’Ile d’Oléron.
Ca aurait été dommage car déjà, rien que l’accueil fut grandiose !
L’hôtel est magnifique, calé entre mer et forêt. Dans nos chambres, champagne, chocolats à déguster, et des produits de beauté, le tout offert par la direction en signe de bienvenue.
Nous avons passé le samedi après-midi immergées dans de l’eau de mer tiède et n’en sortions que pour les massages ou gommages. Sauna, hammam, solarium.
Nous avons laissé des mains expertes bichonner ces corps qui ont (en vain) tenté de nous échapper au cours des 12 derniers mois (mais je tiens à préciser pour avoir vu tout le monde en maillot de bain et pour rassurer des lectrices qui hésiteraient encore à arrêter de fumer par peur de prendre du poids que pas une seule d’entre nous ne s’est changée en boudin cette dernière année et que sur 4 filles qui ont arrêté de fumer, nous étions 4 à être magnifiques! Je m’inclus dans le lot, y’a pas d’raison !!)
En début de soirée, pimpantes et maquillées nous sommes descendues à la réception où le directeur de centre nous attendait. Je vous offre un verre ? Champagne !! (beh té!!) Le ton était donné et nous avons pu discuter agréablement avec notre hôte qui s’est avéré être un professionnel compétent doublé d’un homme passionnant.
Traitées en VIP, le reste de la soirée a été léger, arrosé, et simplement merveilleux. Nous avons beaucoup ri et avons dû nous rendre à l’évidence que nous partagions toutes les 4 un « petit » penchant pour le vin ! (pour la lectrice précédemment citée, celle qui hésiterait encore, un p’tit conseil : ce n’est pas parce que tu passes dans le monde des non fumeuses qu’il faut te croire obligée d’intégrer celui des alcooliques!!)
Ce deuxième soir la discussion s’est encore étirée tard dans la nuit. A croire que sur les îles de Charentes Maritime soufflait un petit vent d’adolescence, de ceux qui font éclore les amitiés rieuses et éternelles.
Le dimanche matin, les têtes étaient un peu plus lourdes et les traits tirés, mais tous les yeux pétillaient.
Après un dernier plouf dans la piscine face à la mer, la seule difficulté fut de se dire au revoir sans se mettre à chialer comme des gonzesses.
Nous formons le vœu un peu fou que d’autres iront à leur tour se récompenser dans les eaux accueillantes de la Thalasso de Saint Trojan les Bains avec une petite partie du fric qu’elles n’auront pas lâché à l’industrie du tabac.
Une chose est certaine : notre participation à cet espace de parole qu’est le blog des filles qui ont arrêté de fumer aura été décisive et représente sans nul doute la condition de notre réussite.
En ça, nous tenions à remercier Liz, pour nous avoir ouvert cette porte et pour toute la belle énergie qu’elle laisse exister entre nos lignes.
Et n’oublions pas que même s’il crie moins fort son nom, le combat continue. Il ne faudrait pas baisser la garde et se faire coincer dans un moment d’égarement parce que je remettrais bien ça dans un an. Qu’en pensez-vous ?
Buenas ondas para todas !
(Ce billet a été imaginé par Armel, Chwinette, Fatima et Valérie)