Le monde des elfes Durant la dernière décennie, le célèbre chorégraphe américain John Neumeier qui préside aux destinées du ballet de Hambourg a profondément retravaillé sa chorégraphie de son Songe d'une nuit d'été. A Munich, il en présente la dernière version, ce qui en fait de fait une première pour la saison du Ballet d'Etat bavarois, dont le thème de l'année est "Dance in Germany".Neumeier a créé ce ballet au thème shakespearien en 1977, c'est un chef-d'œuvre du ballet narratif classique, typique des chorégraphies allemandes des années 70. Pour ce ballet Neumeier a opté pour trois registres musicaux différents qui correspondent chacun à l'un des trois mondes auxquels appartiennent les personnages représentés: les milieux de l'aristocratie grecque antique évoluent dans le majestueux cadre sonore de la musique du Songe d'une nuit d'été de Felix Mendelssohn, pour le monde féérique du Roi des Elfes et de son épouse Titiana il fait appel aux sons d'orgues surnaturels et aux harmonies de György Ligeti, et pour les scènes populaires et burlesques des braves artisans qui décident de monter un spectacle pour célébrer le mariage du couple royal il opte pour de désopilantes paraphrases d'airs d'opéra, extraits notamment de la Traviata, produits par un orgue de Barbarie . Ces trois mondes avec leurs trois registres musicaux sont encore différenciés par les décors et les costumes du grand artiste qu'est Jürgen Rose. Rose a utilisé des moyens simples et efficaces pour différencier les trois mondes: des costumes et un décor Empire pour les aristocrates, avec un grand rideau de fond d'un bleu et or, et un récamier pour le rêve d'Hippolyte, la reine des Amazones qui va bientôt épouser Thésée; des collants aux brillances scintillantes pour les elfes avec un jeu de bosquets d'oliviers mobiles aux reflets surnaturels encore accentués par des productions de nappes de fumées; des costumes grotesques de contes de fées pour les acteurs-artisans.
Lucia Lacarra et Marlon Dino Si Neumeier a quelque peu réécrit la comédie de Shakespeare en rendant l'action plus lisible, le nombre de protagonistes reste impressionnant et la distribution fait appel pour les diverses soirées de représentation à presque tous les solistes et aux principaux danseurs de Bayerisches Staatsballett.C'est ainsi qu'à la première du 13 octobre, le public munichois a pu applaudir Lucia Lacarra ( Hippolyte / Titania ) , Marlon Dino ( Thésée / Oberon ) (photo ci-contre), Lukas Slavicky ( Puck ), Lisa Maree - Cullum ( Hélène) , Javier Amo ( Démétrius ) , Daria Sukhorukova ( Hermia ) , Maxim Chashchegorov ( Lysandre ) et Cyril Pierre (le tisserand) dans les rôles principaux. La plupart d'entre eux y faisaient des prises de rôle, avec un temps de répétition fort court en ce début de saison, dû aux impératifs de la programmation du Théâtre national. La perfection de leurs performances n'en ont été que plus louables et remarquées. Lors de représentations ultérieures, on a pu applaudir l'incomparable Ekaterina Petina, l'étoile russe du Mariinsky, en Hippollyte, avec pour partenaire Tigran Mikayelyan, et admirer Ilia Sarkisov en Puck/Maître des cérémonies, qui donne une prestation à couper le souffle, presque à la limite de l'humainement possible. L'Hélène de Katherina Markowskaja, le Demetrius de Karen Azatyan ainsi que le tisserand de Norbert Graf, inénarrable de drôlerie, ont rencontré un énorme succès. Toutes ces représentations se terminent par les trépignements et les applaudissements nourris d'un public reconnaissant qui donne à chaque fois une standing ovation aux danseurs. La direction musicale de Michael Schmidtsdorff et l'excellence de l'Orchestre d'Etat de Bavière reçoivent le même accueil. Encore deux représentations pour cette année: les 23 et 26 octobre (quelques places restantes). Cliquer ici pour les réservations. Crédit photographique: Wilfried Hösl Pour voir le trailer: cliquer sur |