20 octobre Dix La rafale a duré dix secondes et a couché dix hommes. Le premier s'appelait Jean. Vingt ans célibataire, il s'était engagé par hasard. Le second était mercenaire et tatoué de partout, il n'avait pas de nom et jouait avec la mort depuis longtemps. Le troisième, William venait d'apprendre la naissance de son premier fils ; il a déserté pour le rejoindre. Dans le civil il était ingénieur. Günther est de ceux qui ont appuyé sur la gâchette, il a fui son pays parce qu'il n'était pas d'accord. Le cinquième, Max, était résistant, et fier d'avoir accroché vingt allemands à son tableau de chasse. C'est le vingt et unième qui l'a mis en joue. Jean ne s'est pas contrôlé, il a appelé sa mère au moment où la balle quittait le fusil de Josef ; Josef finira le reste de ses jours en hôpital psychiatrique : la veille de l'exécution, c'est Jean qui lui avait sauvé la vie... Le septième n'aurait pas dû être là. Pendant que les autres fuyaient, il téléphonait à sa bien aimée. Il hurla son prénom avant de mourir, il n'eut pas le temps de rajouter "je t'aime". Le huitième et le neuvième étaient homosexuels, ils moururent enlacés ce qui fit beaucoup rire le commandant. On ne sait rien du dixième. Dix vies gommées en dix secondes et la guerre continue...
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