Il n’avait pas vingt ans et traînait, dans les pas de son frère, du côté de Saint-Germain-des-Prés. Il écrivait des poèmes, les chantait parfois, dans la même soirée que Cora Vaucaire, après ou avant Serge Gainsbourg, ou Barbara… Et un jour, il a fait autre chose. Il y a une chanson qui s’est arrêtée là, même pas finie, mais jamais oubliée. Cette chanson, il l’a retravaillée 50 ans plus tard : c’était le temps qu’il lui fallait, il ne triche pas avec le temps, il ne triche pas avec la poésie. La sincérité de Pierre Aldebert est la première évidence. Il s’accompagne de sa guitare et de ses souvenirs mais pas pour revenir dans le passé, au contraire, pour faire de ce passé un présent, nous offrir ce présent. Il ne manque pas d’humour et, sans en faire démonstration, nous donne à entendre des textes finement travaillés, comme l’indiquent ces deux vers d’une Mémoire occitane, où alternent les « r » et les « ch », comme un accent discret qui se pose doucement dans nos oreilles.
Rougissent les raisins dans les étés si chauds
Que le chien de la rue renonce à ses errances
Il vient de publier un CD « Le Rêve en héritage » sous le nom de Pierre Lorpage.