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Comment échapper au diktat du réel capitaliste?

Par Alaindependant

« Ce n’est donc pas nous, dit Armel Campagne, en pure extériorité, qui pensons notre réalité capitaliste ; c’est celle-ci, bien au contraire, qui pense pour nous. D’où notre incapacité à voir réellement au-delà du capitalisme, puisque même dans nos utopies nous transposons inconsciemment des éléments capitalistes. La réalité sociale inscrit au fer rouge sa marque dans notre pensée sociale : à nous d’échapper à ce diktat du réel capitaliste pour sortir, en pensée comme en actes, du capitalisme. »

L'utopie, l'espérance, auront-elles la force nécessaire ?

On peut le penser puisque le capitalisme a été lui-même un monde nouveau, succédant à d'autres mondes ! Mais, on le constate en lisant l'histoire, les maturations peuvent être longues !

Michel Peyret

Mercredi 16 octobre 2013

« La réalité sociale marque au fer rouge notre pensée sociale », par Armel Campagne

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La réalité sociale impose son diktat à notre pensée : en dehors d'elle, point de salut. La pensée, ne connaissant qu'un horizon, aussi funeste soit-il, s'y voue avec l'ardeur d'un dévot. Comment pourrait-il en être autrement, elle tire qui son contenu et sa forme du réel lui-même ; elle qui, aveugle à elle-même, croie sincèrement être en extériorité face au réel ; elle qui enfin croie pouvoir penser une réalité qui, en réalité, pense à sa place ?

Le monde européen du Moyen-âge chrétien s’était constitué, dans son unité profonde de pensée, autour du Dieu de l’Église. Le monde contemporain, qui ne connaît aucune frontière terrestre, s’est lui constitué autour du capitalisme. Celui-ci, à l’image du Dieu de l’Église, s’est inscrit dans notre chair cognitive. Les chrétiens du Moyen-âge voyaient Dieu partout ; nous voyons du capitalisme partout, même là où il n’est pas. Dieu était l’horizon indépassable du Moyen-âge ; tout comme aujourd’hui on n’imagine pas un monde sans capitalisme. La pensée du Moyen-âge s’articulait autour de Dieu ; notre pensée s’articule autour des catégories fondamentales du capitalisme.

Mais contrairement au Dieu de l’Église, pure abstraction métaphysique, notre fétiche est bien réel : cessez de croire en Dieu en secret, il n’arrivera rien ; cessez de croire en votre loyer, et vous verrez ce qu’il arrivera. Le capitalisme n’est pas une fiction au-dessus du réel qui lui imposerait sa forme ; il est cette réalité même. La matérialité du capitalisme est d’ailleurs telle qu’on y croit encore plus qu’au Dieu de l’Église ; comment pourrait-il en être autrement, dans ce monde où tout a été envahi par lui ?

Ce n’est donc pas nous, en pure extériorité, qui pensons notre réalité capitaliste ; c’est celle-ci, bien au contraire, qui pense pour nous. D’où notre incapacité à voir réellement au-delà du capitalisme, puisque même dans nos utopies nous transposons inconsciemment des éléments capitalistes. La réalité sociale inscrit au fer rouge sa marque dans notre pensée sociale : à nous d’échapper à ce diktat du réel capitaliste pour sortir, en pensée comme en actes, du capitalisme.

A. Campagne

Septembre 2013

Source : Pensée radicale en construction


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