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Grippe, l'assurance-maladie nous infantilise

Publié le 19 octobre 2013 par Dominique Le Houézec
GRIPPE, L'ASSURANCE-MALADIE NOUS INFANTILISE

Comme chaque année, l'Assurance-maladie conseille aux personnes âgées de plus de 65 ans de se faire vacciner. Elle le fait sur un mode infantilisant qui me semble en soi détestable, car insultant pour l'intelligence des destinataires.
Mais cette infantilisation, comme je vais essayer de le montrer est par ailleurs particulièrement adaptée à une politique floue et imprécise, n'osant pas aborder certaines questions difficiles.





Le message est rédigé avec de très nombreux "je". Le destinataire, surtout s'il lit à voie haute, s'entend dire "Cette année, je me fais vacciner contre la grippe" puis "je me fais prescrire mon vaccin par mon médecin traitant "ou bien encore: " je remets la prise en charge ci-jointe à mon médecin traitant afin qu'il puisse me prescrire le vaccin "...

GRIPPE, L'ASSURANCE-MALADIE NOUS INFANTILISEDans cette brochure, le destinataire qui s'entend dire "Je", ne sait pas très bien s'il se vaccine ou s'il se fait vacciner. Il ne sait pas non plus s'il se protège ou s'il se fait protéger.  Le dépliant énumère "5 bonnes raisons de me faire vacciner", mais il dit aussi "je me vaccine pour me protéger"Cette oscillation entre "je me protège" et "je suis protégé" est loin d'être anodine .
L'Assurance-maladie fait comme si l'objectif "vaccination anti-grippale des personnes âgées" pouvait être visé isolément.
Je voudrais signaler deux éléments:
GRIPPE, L'ASSURANCE-MALADIE NOUS INFANTILISE1. Le risque de grippe pour les personnes âgées pourrait être diminué si leur entourage était vacciné (ou protégé d'une façon autre, j'y reviendrai). Il est donc possible de protéger les personnes âgées en vaccinant (ou protégeant autrement) le personnel des maisons de retraite mais aussi en vaccinant les fammilles des personnes âgées et notamment leurs petits enfants et les enfants en général. A-t-on, dans un groupe de  travail réunissant des gens compétents et indépendants des laboratoires pharmaceutiques, étudié ces options ?
2. Est-il possible de protéger autrement ? Il y a des affiches en ville disant qu'au premier signe, il faut prendre de l'oscillococcinum. Il y a aussi beaucoup de gens qui prennent de l'influenzinum. Ces remèdes homéopathique, et d'autres, ont-ils une certaine efficacité ? Ont-ils une place, et laquelle, dans la lutte contre la grippe  ? Il me semble que les responsables de la santé publique n'ont pas d' idées claires dans ce domaine. Ils n'interdisent pas et ne découragent pas, mais ils n'incitent pas non plus. Ils font comme s'ils n'en savaient rien, comme si cela ne les concernait pas. Or il me semble que cela devrait les concerner, qu'ils devraient essayer d'avoir un avis. 
GRIPPE, L'ASSURANCE-MALADIE NOUS INFANTILISELa population et les professionnels de santé auraient besoin d'être sûrs qu'il y a des gens compétents et indépendants, correctement organisés pour se poser ces questions et bien d'autres encore.
La  brochure de l'Assurance-maladie me fait m'entendre dire "je lui (mon médecin traitant) pose toutes mes questions". En ce qui me concerne ce n'est pas à mon médecin traitant que je pose mes questions. Il est l'un des rouages d'un système de santé, mais il n'en est ni le concepteur ni l'organisateur. En tant que médecin, j'aimerais pouvoir être considéré comme digne d'être sérieusement informé. En tant que citoyen aussi.
Je crois que, quand un locuteur parle comme le fait l'Assurance-maladie dans sa brochure en bétifiant, il ne permet pas au destinataire du message d'accèder à un statut d'adulte rationnel, d'intelligence normale. Le message est à prendre ou à laisser, mais il ne donne à peu près aucune place à la réflexion et à l'approfondissement. 
Celui qui émet ce message (l'Assurance-maladie) décide d'émettre un message médiocre pour un public présumé limité intellectuellement. Quand on décide d'émettre un message médiocre, il n'est pas nécessaire d'avoir réfléchi ni d'avoir organisé des actions cohérentes.
Je crois donc que la médiocrité du message est en harmonie avec la médiocrité de la pensée et de l'organisation. Y a-t-il en France des instances capables de traiter de façon sérieuse ces questions et d'en parler sans infantilisation bétifiante ? 

Jean-Pierre LELLOUCHE

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