Leonarda Dibrani-Mélenchon : la belle affaire" border="0" title="POLITIQUE > Leonarda Dibrani-Mélenchon : la belle affaire" />Le ministre de l'Intérieur Manuel Valls est rentré ce matin à Paris après avoir écourté sa visite aux Antilles. Il a reçu dans la matinée le rapport de l'enquête administrative sur l'expulsion controversée de la collégienne Leonarda Dibrani. Fin de matinée, François Hollande a assuré que l'adolescente pouvait revenir en France si elle en faisait la demande. Mais seule.
L’avion en provenance de Point-à-Pitre, en Guadeloupe, a atterri peu avant 8h30 ce matin à l'aéroport d'Orly, avec à son bord… Manuel Valls. Le ministre de l’interieur, diligemment conduit place Beauvau a reçu ce matin le rapport de l’enquête administrative traitant de l’expulsion controversée de l’italo-kosovare Leonarda Dibrani et de sa famille. Une expulsion "conforme à la réglementation en vigueur". Les forces de l’ordre "aurait fait preuve du discernement nécessaire" en prenant en charge la collégienne à l’issu de sa sortie scolaire.
Leonarda, interpellée le 9 octobre dernier à Levier, dans le Doubs, s’est vue arrêter à la descente de son car. Tous ses copains de classe étaient là. Il faut avouer qu’il y avait de quoi émouvoir les adolescents présents. Mais croyez-vous que Manuel Valls, Jean-Marc Ayrault, Vincent Peillon ou Jean-Luc Mélenchon (PG) et tous les autres camarades ténors de la majorité se sont émus de cette expulsion, se préoccupant du sort ou de l’avenir de la jeune fille? Leonarda Dibrani n’existe que pour remuer des idées politiques, peaufiner une image électorale entachée de gaucheries ; ou plus cyniquement encore, à jouer sur les deux registres des "bons" et des "méchants" parce qu’il faut bien ficelé l’opinion. Diviser pour mieux régner.
La jeune fille de 15 ans, qui dit ne pas connaître son pays ni sa langue d’origine, est arrivée en France il y a cinq ans avec ses parents, ses frères et sœurs dont le nombre s’est agrandi depuis. Installé clandestinement, sans titre de séjour, affublé du rejet définitif du statut légal de demandeurs d’asile, Reshat Dibrani, le père, a été interpellé à Mulhouse et expulsé le 8 octobre dernier. Le même jour, le reste de la famille était assigné à résidence à Levier -mais Leonarda, elle, était partie dormir chez une amie. Pourtant l’expulsion leur avait bien été annoncée ; les Dibrani avaient même préparé leurs affaires. Ce qui s’est jouée le 9 octobre devant le car scolaire, n’est autre qu’une affaire de "regroupement familial" : "… dans ce dossier, estime Jean-Marc Bailleul, secrétaire général du Syndicat des cadres de la sécurité intérieure (SCSI), l’ensemble de la famille ayant fait l’objet d’un arrêté d’éloignement après avoir épuisé toutes les voies de recours légales, le père ayant été renvoyé la veille vers la République du Kosovo, l’adolescente ne pouvait rester seule sur le territoire français(…) la Police aux frontières a intégralement respecté les lois de la démocratie, dans le plus grand respect des individus, et n’a dérogé à aucune consigne ou directive."
Un évènement sentimentalement partagé par l’ensemble des étudiants français, innocemment mélenchonisés. Hier matin comme jeudi, plusieurs lycées parisiens étaient perturbés, certains carrément bloqués en signe de protestation, dont le prestigieux lycée Charlemagne où -la "sélection" n’est pas morte- on n’entre qu’avec un dossier scolaire en béton… Plusieurs organisations étudiantes (FIDL, UNFL, etc.) ont appelé à manifester de Bastille à Nation. Une marche qui n’a cessé de grossir jusqu’à son point d’arrivée avec une mobilisation impressionnante dont l’effet boule de neige mérite quelques explications. En effet, lundi dernier, sur un blog hébergé par le site Mediapart, le collectif Réseau éducation sans frontières (RESF) a publié un long article intitulé "Leonarda, 15 ans, arrêtée et expulsée pendant une sortie scolaire". Le lendemain l’information relayée par le parti mélenchoniste (PG) -l’occasion est trop belle-, diffuse dare-dare un communiqué fustigeant "la politique inhumaine" du ministre de l’intérieur et la "lepénisation des esprits". Une bonne nouvelle gauchisante communiste inonde alors les jeunes intelligences par les réseaux sociaux. L’affaire Leonarda naît.La plupart des collégiens présents ces deux jours ont manifesté un engagement sans borne; tous comptent sur une mobilisation durable : dans le cortège, beaucoup d’entre eux ont profité des deux journées de mobilisations pour sécher les cours. En témoigne les larges sourires d’un groupe de dix garçons de 15 ans : "… faut dire la vérité M’sieur, on vient pour s’amuser et retrouver les potes. On ne sait pas grand-chose sur l’affaire…"
Si Manuel Valls, un œil sur les sondages et la main toujours calée sur les lacrymogènes pour sévir contre certains esprits inflexibles, insiste sur la légalité de l’embarquement de Leonarda vers l’aéroport où l’attendait sa famille, Matignon annonçait, lui, une enquête administrative sur le respect des procédures. On ne s’étonnera pas d’avoir vu s’y joindre Harlem Désir et d’autres gauchistes socialistes, jusqu’à Najat Vallaud-Belkacem qui, en qualité de porte-parole du gouvernement Hollande, a déclaré de façon sournoise : "Si les choses se sont passées telles qu’elles sont décrites ici ou là, c’est-à-dire si on est allé arrêter un car scolaire et extirper une enfant au vu et au su de ses camarades, alors elles sont éminemment choquantes, mais aujourd’hui il n’est pas avéré qu’elles se soient passées comme ça."
Pendant ce temps, l’Ordre de Malte s’émeut à juste titre de ce qu’une jeune mère ait passé le 11 octobre près de douze heures dans le centre de rétention administrative de Lesquin, séparée de son nourrisson de 17 mois qu’elle allaitait encore, en vue de son expulsion vers la Guinée-Conakry. La police n’a même pas été capable de lui dire où avait été placé son enfant… C'est la préfecture du Nord qui les a finalement réuni. Sur ce sujet, on attend toujours le déluge d’indignation médiatique.F/G