L’écrivain est confronté à deux défis face aux lecteurs. Le premier est de les convaincre de lire son livre, le second de leur faire aimer. Pour un auteur auto-édité s’ajoute un autre défi : rendre son livre accessible au plus grand nombre.
Faire connaître son livre…
Un livre traditionnel et qui est sorti récemment sera accessible dans n’importe quel librairie, magasin FNAC ou autre point de vente. Il sera visible par n’importe quel client, sur les présentoirs des nouveautés, près de la caisse… Alors certes, le livre d’un auteur auto-édité est sur Amazon, Kobobooks ou sur iTunes Store, des sites qui accueillent chaque jour des millions de personnes. Que demander de plus ? L’ennui est que le livre d’un auto-édité est perdu dans la masse et la probabilité qu’un acheteur arrive naturellement sur la page Internet du livre en question est extrêmement faible.
C’est la raison principale du spamming sauvage auquel beaucoup d’auto-édités s’adonnent. Les auteurs débarquent sur un forum ou un blog et balancent leur précieux lien, ultime sésame menant à la possibilité d’un achat (inutile de préciser que cette méthode ne marche pas). J’ai moi-même commis cette erreur et je ne la referai plus. Ce qui demeure incroyable, c’est que certains font du spamming dans des endroits tout à fait inappropriés, comme le forum KDP d’Amazon qui, au lieu d’être un forum d’entraide entre auto-édités, se transforme en espace publicitaire géant.
Alors certes, les auteurs auto-édités sont aussi des lecteurs mais pour espérer être lu, c’est avant tout aux lecteurs qu’il faut s’adresser. Mais où sont les lecteurs ?
Le TOP 100, ou le Saint-Graal pour obtenir des ventes...
…où et comment ?
Où sont les lecteurs pour que les auto-édités viennent les voir et présenter leurs ouvrages ? Ils sont bien entendu sur les forums et certains blogs mais ceux-là sont des lecteurs spécifiques, ne représentant qu’une infime partie du vaste lectorat constitué par l’ensemble des lecteurs. Ce dernier ne fréquente (quasiment) jamais les sites Internet consacrés à la lecture…
Il existe aussi des sites qui tirent très bien leur épingle du jeu et qui attirent un grand nombre d’Internautes comme monBestSeller.com ou Babelio. En tant qu’auto-édité, je vous recommande ces deux sites. Cependant, pour vendre son livre, un auteur a besoin d’avoir une visibilité énorme, c’est-à-dire qu’au moins des centaines de personnes doivent visiter la page Internet sur laquelle le livre est en vente.
Les lecteurs sont par millions sur Amazon et iTunes, mais comme je l’ai précisé au début de l’article, votre livre est perdu dans la masse et les lecteurs ne sauront même pas qu’il existe. Ces sites ont l’immense défaut de mettre en avant les livres qui se vendent le mieux ou qui sont sortis très récemment, ce qui complique singulièrement la tâche d’un auteur auto-édité voulant promouvoir son livre. C’était tout l’intérêt de feu le système MyKindex, qui offrait cette visibilité aux auteurs. Enfin les lecteurs savaient que votre livre existait ! Hélas nous connaissons la suite… Les lecteurs sont également par millions sur Facebook et Twitter. Mais comment se distinguer sur les réseaux sociaux sans faire du spamming sauvage ? Très difficile à dire…
Les lecteurs doivent venir à vous
Les lecteurs sont nulle part, ou plutôt, ils sont partout mais insaisissables. Ils fréquentent dans leur immense majorité les grands canaux de communication mais la maîtrise et l’usage de ces canaux sont très difficiles pour les auto-édités. Dans ces conditions, que faire ?
Je pense qu’il faut raisonner différemment. Au lieu d’aller là où sont les lecteurs, il faut faire en sorte que ce soit eux qui aillent vers vous.
Au cours d’un échange épistolaire (au format électronique) avec l’auteure auto-éditée Kylie Ravera, je discutais avec elle de l’identité de son livre, La Tentation de la Pseudo-Réciproque, dont l’histoire est située dans un univers très personnel et original. Je lui expliquais que développer un tel univers était selon moi très risqué car le lecteur pouvait se sentir rapidement perdu. Elle était d’accord avec cette analyse mais elle soulignait à juste titre que c’était précisément son univers et son style qui plaisaient le plus à ses lecteurs et elle réussissait de cette manière à échanger avec eux et à fidéliser son lectorat.
Je crois que cette auteure tient la clef d’une relation écrivain/lecteur réussie. Rester soi-même et réussir à fidéliser les lecteurs par son seul style sont la consécration pour un écrivain. Et qu’importe le nombre de vos lecteurs. Évidemment, on souhaite qu’ils soient les plus nombreux possibles mais un auteur est suffisamment lucide pour savoir que son livre n’est pas « grand public » ou qu’il s’adresse à une population particulière et plus ou moins réduite.
D’un point de vue marketing et commercial, il est même préférable d’avoir un lectorat fidèle et réduit plutôt qu’un lectorat diffus et large (voir à ce titre mon article sur le lectorat-cible). Il est plus efficace de s’adresser avec précision à un groupe réduit (par un blog, un forum spécialisé…) que de hurler quelques banalités face à une foule qui ne vous écoute pas (campagnes du type « achetez mon livre ! » sur Facebook, forum KDP etc.). Cela ne veut pas dire qu’il ne faille pas utiliser les réseaux sociaux et les grands canaux de communication mais il faut calibrer avec précision son propos.
Au final, n’ayez pas peur de ne pas trouver de lecteurs ou de voir que vos campagnes de marketing sur Facebook, sur les forums et ailleurs ne fonctionnent pas. Où sont les lecteurs ? C’est à vous de les trouver, de leur donner une identité propre de lecteur et pas seulement d’acheteur/lecteur. Cultivez vos spécificités, communiquez sur votre identité, votre démarche et ce sont les lecteurs qui viendront à vous.