Léonarda, tortue ninjo

Publié le 19 octobre 2013 par Didier Vincent

 

La déliquescence du monde demande l'introversion. On ne se mélange pas, d'un pays l'autre, d'une ethnie l'autre, surtout en temps de repli, de doute, de vacuité dogmatique. Parce que, quand on est devant un vide de valeurs, comme un lac inconnu, on redoute qu'il se remplisse d'étrangetés, d'impuretés. Cette propriété est vide, protégeons-là. L'autre risquerait de polliniser, pervertissant l'humus qu'on croit séculaire.

Le sempiternel envahisseur.

Devant l'omnipotence des craintes, donner un nom, cerner. Race, pays, provenance, enfin individu exotique, coloré, avec un accent, au prénom révélateur : Léonarda par exemple. Pour l'exemple. Enfin, un visage. Et un âge : 15 ans. Quand tout n'est pas encore joué, avant qu'il ne soit trop tard.

Expurgeons. Expulsons donc.

Au Kosovo, par exemple. Ou en Italie, en Roumanie. Loin. Loin de notre incapacité à vivre ensemble de valeurs cohérentes. Cet exorcisme tiendra lieu de dogmatisme nationaliste.

L'amère façon de procéder. Et bien policière, forcément. Quand on leur agite un papier officiel sous le nez, que voulez-vous que fassent les enseignants ? A discrétion ! De manière discrète afin que tout le monde voie que, même au saint des saints, à l'école, le pouvoir peut s'exercer. Quitte ensuite à cautériser d'un discours lénifiant sur la sanctuarisation.

Quitte à plaire aux masses.