Si la France n’a pas de prix Nobel de l’économie, elle peut profiter des travaux de l’économiste Jacques Friggit sur l’évolution des prix des logements. De chaque coté de l’Atlantique, Shiller et Friggit adoptent une démarche proche pour cerner la formation de bulle immobilière.
Le prix Nobel vient d’être attribué à trois économistes américains, dont Robert Shiller
Pressenti depuis plusieurs années pour le Prix Noble, Robert Shiller, économiste américain a décroché à mi-octobre 2013, cette distinction suprême. Comme les deux autres économistes récompensés, ils consacrent leurs travaux à des analyses empiriques des prix des actifs. Parmi ceux-ci-, les actions et l’immobilier occupent une place de choix. D’ailleurs dans sa chronique du 28 septembre dans le New York Times, Robert Shiller démontre de nouveau qu’une nouvelle bulle immobilière est en train de se former aux Etats-Unis.
Cette fois, je vous invite à traverser l’Atlantique et à vous pencher sur les travaux de Jacques Friggit, un économiste français qui s’acharne à démontrer que les prix des logements en France sont surévalués par rapport aux revenus des ménages. Dans mes billets consacrés au danger d’un krach immobilier, j’ai fait référence à cet économiste et à son fameux tunnel.
Quel est le lien entre Robert Shiller et Jacques Friggit ? Leur démarche s’appuie sur des analyses empiriques du prix des actifs.
Les deux indices immobiliers créés par Shiller
Créé par Shiller, un indice de prix immobilier couvre le passé récent : il s’agit de l’indice S&P / Case Shiller (http://www.spindices.com/index-family/real-estate/sp-case-shiller), qui commence en 1987. C’est l’un des deux principaux indices de prix des logements aux Etats-Unis, avec l’indice FHFA (http://www.fhfa.gov/Default.aspx?Page=87).
En France, l’indice Notaires-INSEE français n’a rien à envier à ces deux indices.
Par ailleurs Robert Shiller a publié un indice reconstitué depuis 1890, par raccord d’indices préexistants. Il est décrit dans “Irrational Exuberance”..
Au cours des dernières années, Robert Shiller a eu raisons à deux reprises.
« Une première fois à la fin des années 1990, lorsqu’il a annoncé le caractère insoutenable du prix atteint des actions. Il s’est ensuite effondré à partir de 2000, lors du krach des actions technologiques. Une seconde fois, dans les années 2000, lorsqu’il a souligné le caractère insoutenable du prix atteint par les logements » m’explique Jacques Friggit.
R Shiller avait prédit la crise des subprimes, mais les autorités américaines ne l’avaient pas écouté.
A quand un krach immobilier en France ?
Comme ce dernier, il utilise des régularités sur le long terme. Sur les actions, ses travaux sont bien antérieurs à ceux de Jacques Friggit. En revanche, sur le prix des logements, les travaux de Jacques Friggit ont démarré un an environ, avant ceux de Shiller. Notre économiste français a-t-il influencé le prix Nobel ?
” Bien que j’aie publié mon indice et mes premières analyses séculaires sur le prix des logements un peu avant qu’il ait publié le sien, il n’y a pas de preuve qu’il se soit inspiré de ma démarche. En tout cas, Shiller ne le dirait certainement pas ” répond en toute modestie Jacques Friggit.
Reste à savoir si et quand Jacques Friggit aura raison avec sa théorie du tunnel. Ce jour là, les prix de l’immobilier résidentiel décrocheront sérieusement en France.