Le principe :
Le principe de la pêche au toc est basé sur la dérive naturelle. Il consiste à faire passer un appât (naturel ou autre) à proximité du poisson dans l'espoir de déclencher chez celui-ci l'envie d'y goûter. Le concept de dérive naturelle suppose que l'appât doit se déplacer le plus librement possible, mais doit informer rapidement le pêcheur qu'un poisson s'y est intéressé.
Le toc joue alors de la simplicité : une canne, du fil, quelques plombs pour alourdir le montage, un hameçon... c'est tout ! On est ainsi en permanence en contact avec l'esche, et avec sa main on peut savoir de manière tactile ce qui se passe de l'autre coté du fil.
En gros : on dépose l'esche devant la truite, et dès qu'on la sent : on ferre !
Voila une pêche de sensation, mais nous nous rendrons vite compte que l'aspect visuel a aussi son importance.
Le matériel :
Coté matériel, le toc a plusieurs écoles. Les différences en terme de matériel permettent de s'adapter à beaucoup de situations. En fait la pêche au toc n'a rien de complexe, il suffit d'avoir à l'esprit quels sont les avantages d'une canne par rapport à une autre, mais aussi ses défauts par exemple.
Commençons justement par les cannes, et voyons les spécificités de chacune :
- Les cannes téléréglables : Généralement d'une longueur comprise entre 3,60 m et 6 m, ces cannes ont un atout indéniable : leur longueur est variable. Ceci leur permet de s'adapter à la configuration de beaucoup de postes, surtout lorsqu'on pêche en ruisseau. Les emmanchements sur maintenus grâce à des bagues en caoutchouc, les réglages sont ainsi précis. Par contre, la glisse de ces cannes n'est pas phénoménale du fait du faible nombre d'anneaux qu'elles comportent. Leur poids dans les grandes longueurs n'est pas négligeable. Par contre, elles sont télescopiques, et par conséquent, elles offrent un faible encombrement lorsqu'elles sont pliées, et sont facilement transportables. Leur prix modeste est très attractif pour les pêcheurs débutants.
- Les cannes anglaises : Voila une tendance bien moderne de la pêche au toc, l'emploi de ces cannes fait aujourd'hui figure de mode. Evidemment, leur origine provient des cannes spécifiques à la pêche à l'anglaise, mais elles ont été adaptées à la pêche au toc. Leurs longueurs varient entre 3m et 5m. Ces cannes se distinguent par leur légèreté et leur nombre important d'anneaux. Cela leur permet d'être agréables et avec un fort pouvoir de glisse du fil. Par contre, elles n'ont pas la possibilité de varier en longueur comme les téléréglables et sont plus fragiles.
- Les cannes à fil intérieur : Particulièrement efficaces lors des pêches encombrées (ruisseaux, rus...), les "fil intérieurs" permettent de se faufiler partout, que ce soit en action de pêche ou lors des déplacements au bord de l'eau. Le fil, au lieu d'être porté par des anneaux extérieurs, passe dans la canne et glisse grâce à des entretoises. Plus le nombre d'entretoises est élevé, plus on a une glisse qui est facilitée. Ces cannes ne sont d'ailleurs pas employées systématiquement lors des pêches encombrées, certains les utilisent quelles que soient les conditions. Elles ont aussi l'avantage d'être plus performantes lorsqu'il pleut, mais deviennent inutilisables si elles ont été plongées dans l'eau (en cas de chute par exemple). Un autre inconvénient réside dans le fait qu'il est obligatoire d'utiliser une aiguille spéciale (un passe fil) pour enfiler le fil dans la canne. Les longueurs sont variables, car certaines cannes ont une partie qui est téléréglable, mais se situent généralement entre 3,60m et 4,20m.
Coté moulinets, le choix est assez varié également. Les pêcheurs au toc définissent généralement leurs moulinets comme une simple réserve de fil. De ce point de vue, il parait sans importance d'accorder de la complexité au moulinet. Pourtant, plusieurs modèles sont disponibles et utilisables, avec chacun ses spécificités :
- les moulinets à tambour fixe : Ces sont les moulinets qui sont employés pour la pêche au lancer. Ils sont faciles à trouver et peuvent s'adapter à la pêche au toc à la condition d'être légers, sinon ils vont porter préjudice à l'équilibre de la canne. Ils ont l'avantage de permettre des lancers plus longs, et permettent d'avoir un frein précis. Par contre, les emmêlements sont fréquents à cause du pick-up et de la manivelle.
- Les moulinets talon : relativement discrets, il s'intègrent parfaitement à la canne. Leurs poids est très faible mais leur maniement requiert un peu d'habitude. Ils sont peu faciles à trouver et leur prix n'est pas des plus abordables.
- Les moulinets pour le toc : ils sont conçus pour la plupart des conditions. ils ressemblent beaucoup aux moulinets qui existent pour la pêche à la mouche (d'ailleurs, il est possible de les utiliser moyennant quelques adaptations) et constituent une réserve de fil. Ces moulinets ont l'avantage d'être légers mais n'ont pas un frein très précis.
Il faut d’abord garnir le moulinet avec du fil qui glisse de manière impeccable, avec peu de mémoire mais pas trop de raideur. Le choix du fil fluo est intéressant en début de saison car il permet une meilleure visibilité de la ligne. Mais il est ensuite à proscrire lorsqu’une plus grande discrétion sera exigée. De même, les diamètres de fil doivent diminuer au fil de la saison. Certains commencent la saison avec du 18/100 et n’hésitent pas à terminer avec du 12/100. Du fil spécialement adapté à la pêche au toc est facile à trouver chez les détaillants.
Du fil est aussi nécessaire pour constituer les bas de ligne. Pour celui-ci, la discrétion est un atout car il est directement monté sur l’hameçon. Son diamètre doit être inférieur à celui du moulinet, car il est préférable que ce soit lui qui casse en cas d’accrochage (afin de ne pas avoir à tout remonter). Une règle d’or s’impose : ne jamais dépasser 4/100 entre le corps de ligne (fil du moulinet) et le bas de ligne, sous peine d’une fragilité excessive. Le raccord entre le corps de ligne et le bas de ligne se fait avec un simple nœud « boucle dans boucle ». Pour limiter le vrillage de la ligne, certains pêcheurs préfèrent utiliser un micro émerillon.
Pour terminer, je dirais que certains pêcheurs simplifient les montages au maximum, en employant que le fil du moulinet, translucide. L'hameçon est monté en direct. Le gain de temps en action de pêche en cas de casse n'est pas si évident avec cette méthode : chacun sa préférence.
Le guide fil est un repère visuel qui permet facilement de suivre la dérive. Les anciens utilisaient un bout de laine noué sur le corps de ligne. Certains pécheurs utilisent de la pâte malléable qui se fixe sur le fil, d'autres préfèrent de la gaine plastique (genre scoubidou) pour plus de discrétion. Aujourd’hui, les guides fluorescents genre « rigoletto » sont très utilisés. Le guide fil doit, dans tous les cas, être léger afin de ne pas provoquer de « cassure » dans la sensibilité de la ligne.
Les plombs vont assurer le lest et la présentation de l’esche. Il faut préférer des plombs mous, facilement déplaçables, avec une teinte discrète. Une boite qui contient un assortiment de plombs de toutes tailles vous permettra sans doute de survenir à vos besoins. Nous verrons plus loin quelles sont les subtilités du positionnement des plombs sur le bas de ligne.
L’hameçon est un élément à ne pas négliger. En effet, c’est votre seule arme contre le poisson. Des hameçons adaptés assurent un bon piquage lors du ferrage. Ils doivent aussi être discrets dans l’esche. Le choix de la taille des hameçons dépend essentiellement de l’esche que vous utilisez. Ils ne doivent être ni trop gros ni trop petits. Par contre, ils ne doivent pas être choisis en fonction de la taille du poisson recherché. Généralement, on utilise des hameçons allant du n°6 au n°12 ou 14. Afin de gagner du temps au bord de l’eau, il est préférable de monter à l’avance ses hameçons et de les enrouler autour d’un porte ligne.
La technique de pêche :
Les rudiments qui concernent cette techniques concernent avant toute chose le lancer. Savoir poser correctement sa ligne à l'endroit où on le souhaite constitue un atout indéniable pour le pêcheur. Commençons par des choses simple, comme le lancer en balancier. Il consiste à tirer un peu de fil avec la main qui ne tient pas la canne et faire un système de balancier pour que le montage oscille d'avant en arrière. Lorsque le montage bascule vers l'avant, il suffit de donner un mouvement de canne sec et de lâcher le fil pour atteindre l'objectif visé. Un peu d'entrainement est nécessaire, mais le mouvement est en général vite compris. Par contre, si vous pêchez en rivière assez large et que vous êtes équipés d'un moulinet pour lancer, vous pouvez effectuer un mouvement latéral de la canne avec le pick-up ouvert pour projeter votre montage plus loin. Les lancers latéraux peuvent également s'effectuer en ruisseau avec un peu d'entrainement.
Une fois que le lancer est effectué, vient la dérive. C'est le moment où le pêcheur au toc accompagne son montage qui dévale le courant. Il doit faire en sorte que la ligne ne soit ni trop tendue (sinon la dérive perd de son naturel) ni trop relâchée (sinon on perd la sensation des touches). La présentation de l'appât est très importante, et la dérive doit être bien contrôlée. Le poisson doit voir arriver en premier l'appât, et non les plombs. Des défauts de présentation entraînent des refus très fréquents.
Canne haute, le pêcheur scrute alors tous les indices qui permettraient de déceler une touche : sensations dans la main, arrêt du rigoletto, déplacement anormal du corps de ligne... bref au moindre doute, il faut ferrer, sinon le poisson risque d'engamer trop profondément, ou bien de recracher. La détection des touches vient avec l'expérience.
Les postes à prospecter sont bien sûr essentiellement là où se tiennent les truites. Avec le toc, on ne joue pas sur l'agressivité des poissons. On veut les faire manger. Donc il faut aller chercher les poissons, surtout lorsque les eaux sont froides, et présenter correctement un appât. Il faut séduire le poisson avec l'appât.
L'idéal est de prospecter les postes où se tiennent les poissons, qui évidemment changent suivant les niveaux d'eau, l'avancement de la saison, le gabarit du cours d'eau, ...
Prospectez en premier, les berges creuses, les obstacles tels que les cailloux, les veines d'eau, les trous, le tourbillon d'une petite chute d'eau...
Le choix de la plombée est très important au toc. Il est difficile de concevoir une plombée passe-partout, adaptable à toutes les situations. Nous allons essayer d'énoncer quelques règles qui pourraient vous éclairer dans vos montages.
Pour assurer une présentation convenable, il est fréquent d'utiliser une plombée dégressive. Soit au niveau de l'espacement des plombs, soit au niveau de la taille des plombs. Ainsi, le montage gagne en sensibilité. En règle générale, plus on s'approche de l'hameçon, plus les plombs sont petits, et plus les plombs sont espacés. Pour s'adapter, des plombs mous ont un avantage car on peut facilement les ajouter et les enlever, et cela sans blesser le fil. Vous pourrez ainsi vous adapter et varier le lest suivant les situations.
Certains pêcheurs s'interrogent sur la distance entre le dernier plomb (normalement le plus léger) et l'hameçon. Il dépend des conditions de pêche bien sûr. Globalement, vous pouvez rapprocher le dernier plombs pour les cas suivants : posers de précision, ferrages loupés, appâts volumineux (gros vers), débit rapide.
Au contraire, vous l'éloignerez en cas de : poissons difficiles, appâts légers, eaux claires, pêches en étiage.
Un autre paramètre à maîtriser, c'est l'étalement global de la plombée. Vous pouvez écarter les plombs dans les cas suivants : pêche en étiage; accrochages fréquents; plombée lourde, pêche à distance. Par contre, on groupe les plombs : posers précis, débit important, grande profondeur, pêche avec du vent. Voici un schéma qui illustre les 2 extrêmes :
Evidemment, il faut adapter le poids de la plombée au conditions de pêche. Pas assez plombé, les lancers seront difficiles et l'appât n'évoluera pas près du fond. Trop plombé, les accrochages seront fréquents et la discrétion moindre. A vous de trouver les juste milieu.
Les esches :
Des pêcheurs vous diront : "Pour savoir ce que mangent les truites, il suffit d'en capturer une et d'examiner le contenu de son estomac". Le raisonnement a du bon, mais il faut tout de même capturer cette première truite. Le choix de l'esche dépend des conditions de pêche, même si certains gardent leur solide fidélité pour le ver par exemple. Le choix du ver peut paraître incontournable après un orage par exemple, celui de la teigne par eau claire et temps ensoleillé, etc. mais rien ne fait figure de certitude.
Les esches très connues sont le ver, la teigne, le porte bois, ou encore la sauterelle. Mais certains pêcheurs n'hésitent pas à employer des nymphes (oui, les mêmes que les moucheurs), du fromage... Il parait que ça marche. Très en vogue à une période, les esches artificielles n'ont rencontré un succès probant que sur des truites arc en ciel. Le naturel ayant les faveurs des pêcheurs en général.
Les accessoires :
Comme dirait l'autre, les accessoires ne sont pas toujours accessoires. Et parmi eux, il y a forcément des indispensables. Petite revue d'effectif sur des détails qui mettent du confort dans une partie de pêche au toc :
- Les cuissardes ou waders : évidemment pour pouvoir facilement s'approcher des postes, changer de rive, se décrocher.
- Le gilet de pêche : pratique et léger, il permet de ranger son matériel et de le trouver facilement. S'il fait froid, le gilet risque de se retrouver sous une grosse veste. Dans ce cas, je le remplace par une sacoche-ceinture (banane), qui reste facilement accessible à la taille.
- Le dégorgeoir : histoire de décrocher proprement les prises que vous souhaitez relâcher.
- Un panier : pour mettre vos prises.
- Pecheaveyron : La pêche au toc
- Sylvain Perron : La pêche au toc
- Passion Toc