Félix Vallotton, La Loge de théâtre, le Monsieur et la Dame, 1909 Collection particulière © DR
Le week-end dernier, en compagnie de mon cher et tendre, j’ai redécouvert Vallotton peintre nabi dont j’avais, non pas oublié l’existence, mais peu perçu l’unicité et surtout la différence… Né à Lausanne le 28 décembre 1865 et mort à Paris le 29 décembre 1925, Vallotton est un artiste peintre, sculpteur,graveur sur bois, critique d’art et romancier suisse. En 1900, il a acquis la nationalité française.
Aplats de couleur et japonisme ne suffisent en aucun cas à dépeindre son univers.. un univers où la femme séductrice représente un danger pour l’homme alors que la "maternante" le rassure et l’enveloppe..
L’insouciance de l’enfance qui irradie dans Le Ballon, ne survit pas dans son œuvre.
Félix Vallotton, Le Ballon, 1899, huile sur carton marouflé sur bois, 48 x 61 cm, Paris, musée d’Orsay, legs de Carle Dreyfus, 1953 © Rmn-Grand Palais (musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski
Progressions picturales sous tension croissent à mesure de l’avancée dans les salles de l’exposition. Je suis fascinée par la précision et le réalisme de ses (auto)portraits où chaque personnage semble vouloir s’affranchir et sortir de la toile…
Peu à peu, on pénètre dans un univers d’intérieurs bourgeois semblant a priori sans histoire… à l’exception de la posture des personnages.. subrepticement tendus et crispés, laissant entrevoir la violence sous-jacente des dissensions conjugales..
Félix Vallotton, Le Provincial, 1909, huile sur toile, 50 x 53 cm, collection particulière © collection particulière / photo Reto Pedrini, Zürich
La Femme, aux visages souvent ingrats et masculinisés, y est malmenée par le peintre dont on sent qu’il en a peur malgré son désir…
Voudrait-il la posséder pour, au final, la réduire, à néant ? Serait-ce la vengeance douloureuse d’un fils privé d’amour maternel ?
La rivalité entre l’Homme et la Femme émerge fréquemment dans son œuvre, parfois en un affrontement nu corps à corps, dans un combat sans merci, comme dans Le Viol. Certaines, endormies dans une chambre ou alanguies sur un canapé, traduisent plus la Mère (rassurante), que le séductrice (dévorante). L’artiste me fait penser à Edward Hopper, peintre plus tardif du XXème siècle mais proche de cette quête de viol de l’intimité de ses personnages..
Félix Vallotton, Sieste, 1908, huile sur toile.
Félix Vallotton, La Chambre rouge, 1898, tempera sur carton, 50 x 68,5 cm, Lausanne, musée cantonal des Beaux-Arts, acquisition 1983 © musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne / Photo J.-C. Ducret
Vallotton,, par ailleurs écrivain, auteurs de romans, de pièces de théâtre et de nombreux écrits, a le sens de la mise en scène pour narrer les tensions obscures.. Il investit l’intimité de ces femmes dans leurs boudoirs, prêtes à s’abandonner à une nudité solitaire… Il les observe comme un voyeur se tenant derrière une porte… Ses gravures corrosives traduisent la part sombre de l’individu…
Félix Vallotton, Femmes à leur toilette, 1897, huile sur carton, 49 x 60,8 cm, Paris, musée d’Orsay © Fondation Félix Vallotton, Lausanne
Peindrait la sexualité pour ne pas la vivre ? Cette exposition suscite mille questions attendant mille réponses…
Un pur moment… "hors du temps" !
Félix Vallotton, La Valse, 1893, huile sur toile, 61 x 50 cm, Le Havre, MuMa – Musée d’art moderne André-Malraux, collection Senn © MuMa, Le Havre / photo Florian Kleinefenn
Au Grand Palais, jusqu’au 20 Janvier 2014
Tous les jours de 10h à 20h, sauf le mardi
Nocturnes jusqu’à 22h le mercredi
Félix Vallotton, Intérieur avec femme en rouge de dos, 1903, huile sur toile, 93 x 71 cm, Zurich, Kunsthaus Zürich, legs Hans Naef © Kunsthaus Zurich 2013 / droits réservés