Les nuages passaient, poussés par les grands vents atlantiques.
Dès l’aube naissante, ils défilaient, troupeaux affolés et sauvages,
Ravageant le ciel pâle.
Plus noirs que des chevaux fous, ils couraient vers des horizons improbables,
Venant des plaines océanes dont ils avaient conservé l’amertume.
Et moi, sur ce quai désert, je les regardais passer, incrédule.
Moi qui n’allais plus nulle part et qui avais raté tous les trains, je restais là,
Perdu dans ma solitude.
Je les regardais, formes éphémères et changeantes
Chargées de tous les chagrins du monde.
Parfois, je me demandais où finirait leur course,
En quels pays lointains ils déverseraient leur pluie,
Et sur quel visage d’enfant ils feraient couler des larmes.