Durant les premiers mois de son mandat, François Hollande avait déclaré que l’école et la jeunesse seraient des priorités pour le gouvernent au cours du quinquennat. L’arrestation de Léonarda, une jeune collégienne kosovare, lors d’une sortie scolaire il y a quelques jours, vient complètement discréditer ce discours. Ceci d’autant plus, que le candidat du Parti socialiste s’était engagé durant la campagne présidentielle auprès de RESF à faire primer « la protection de l’intérêt supérieur des enfants ». Aujourd’hui, la jeunesse de France est dans la rue pour crier son indignation face à cette situation inique. Cependant, une fois de plus, le gouvernement n’a que le mépris en guise de réponse.
Lycéens bloquant leur établissement à Montreuil.
Des lycéens sans valeurs ni conscience, manipulés par des opposants au gouvernement ?
La réaction des solfériniens face au mouvement de contestation qui grandit dans l’ensemble des lycées du pays depuis l’expulsion de Léonarda et de Khatchik (lycéen parisien expulsé en Arménie) est symptomatique du gouffre qui sépare aujourd’hui les élites dirigeantes françaises du reste de la population et plus précisément de la jeunesse.
Les propose tenus récemment par Jean-Pierre Chevènement, sénateur MRC et soutien du gouvernement, en sont l’illustration. En effet, après avoir présenté le mouvement lycéen d’indignation comme étant le résultat de la « dictature de l’émotion », l’ancien ministre de l’Éducation nationale a expliqué que la jeunesse était selon lui « utilisée » et « manipulée » dans l’unique but de « déstabiliser le ministre de l’intérieur ».
Pour vérifier l’absurdité de ces propos, il suffit de se rendre devant les établissements bloqués et de s’entretenir avec les lycéens. Ceux-ci n’ont bien évidemment attendu personne pour penser par eux même et agir selon leur conscience. Si Manuel Valls et ses soutiens sont dénués d’empathie, la jeunesse française n’a elle aucun mal à ressentir la détresse de ces jeunes expulsés du territoire.
Plutôt que d’exprimer son mépris envers le mouvement lycéen, le gouvernement ferait mieux de saluer cette prise de conscience collective qui voit le jour dans nos établissements. Doit-on rappeler ces mots plein de sagesse et d’indignation tenues par Stéphane Hessel il y a quelques années ? « Les raisons de s’indigner peuvent paraître aujourd’hui moins nettes (…). Mais dans ce monde, il y a des choses insupportables. Pour le voir, il faut bien regarder, chercher. Je dis aux jeunes : cherchez un peu, vous allez trouver. La pire des attitudes est l’indifférence » !
CRS déployés en nombre à l’arrière de la manifestation parisienne.
Peillon demande aux lycéens de stopper le mouvement faisant ainsi le jeu de l’UNI
De son coté le ministre de l’Education Nationale, Vincent Peillon, a lui aussi décidé de soutenir Manuel Valls, son collègue du gouvernement. Pour cela, il a demandé aux lycéens de « rentrer dans leur établissement et puisqu’ils veulent le droit à l’éducation, de pas bloquer ceux qui souhaitent entrer dans leur lycée ».
Cette réaction est une preuve de plus, s’il en fallait une, du profond mépris qui anime ce gouvernement. Elle marque aussi symboliquement la transformation idéologique du PS qui aujourd’hui préfère répondre aux demandes de l’UNI, syndicat lycéen et étudiant de droite extrême, plutôt que de la jeunesse indignée défilant dans nos rues.
En effet, l’organisation lycéenne avait demandé il y a quelques jours au ministre de « prendre des mesures nécessaires pour faire ré-ouvrir les derniers lycées bloqués » ajoutant même, « il est du devoir de Vincent Peillon de faire appel aux forces de l’ordre ». A ma connaissance, les CRS ne sont heureusement intervenus dans aucun établissement à ce jour.
Cependant, il semble que le ministre de l’intérieur ait lui tout de même décidé de répondre à l’indignation par l’intimidation et la répression. On a aujourd’hui pu apercevoir un nombre particulièrement important de CRS mobilisés pour encadrer la manifestation parisienne. Présent sur place, ce déploiement de force m’a paru disproportionné, d’autant que la manifestation s’est déroulée dans une ambiance bon enfant. Par ses méthodes ultra-sécuritaires dignes du Sarkozysme et son incapacité à comprendre la colère populaire, Manuel Valls démontre une fois de plus sa véritable nature.
Doutes quant aux véritables motifs du mouvement, appelle à cesser les blocages et les manifestations, réponses favorables aux demandes de l’UNI, déploiement impressionnant des forces de l’ordre, le gouvernement semble indéniablement douter de la capacité des lycéens à s’indigner, se lever et persévérer. Ses prises de position comme ses méthodes laissent plus que jamais transparaitre son profond mépris envers la jeunesse.