Avec : Lauren Hutton, David Birney, Adrienne Barbeau, Charles Cyphers, Grainger Hines, Len Lesser, John Mahon, James Murtaugh, George Skaff, J. Jay Saunders, Robert Phalen, Robert Snively...
Genre : Thriller.
Origine : États-Unis.
Durée : 1 heure 33.
Date de sortie : 1978.
Synopsis : Leigh Michaels, nouvelle habitante de Los Angeles, emmenage dans un luxueux appartement placé dans les hauteurs d'un immeuble californien. Mais tout se complique lorsque Leigh découvre qu'elle est épiée. Pour elle, c'est le début de l'angoisse : coups de fils anonyme, lettres mystérieuses, système électrique défaillant... Leigh va devoir prouver qu'elle est bel et bien épié à chaque moment de sa vie...
Bande annonce originale
"Monsieur le cambrioleur ? Êtes vous la ? Je pense honnête de vous prévenir que j'ai été élève de Bruce Lee avant sa disparition. J'ai une belle ceinture noire pour vous et que je m'empresserai de passer autour du cou !"
Avant de commencer mon cycle sur John Carpenter, je n'avais jamais entendu parler de son téléfilm "Meurtre au 43ème étage". C'est dommage car le pitch avait tout pour me plaire et avec en crédit John Carpenter derrière la caméra, j'aurais sans doute essayé de le voir plus tôt. Fort heureusement, disponible en dvd, j'ai enfin pu le voir et me faire mon avis sur le sujet.
Fidèle à ce que j'attendais, j'ai bien aimé ce scénario écrit par John Carpenter. Bien entendu, il respecte les codes du genre et par moment il sens un peu le déjà vu (On pense beaucoup à Hitchcock notamment avec des références très appuyés à "Fenêtre avec vue" ou encore "La mort aux trousses") avec son histoire de femme esseulé, épiée et harcelé face à un danger anonyme. Mais au delà de ça, le scénario puise sa grande force dans ce qui l'entoure et habille cette histoire. Déjà, la proie en elle même est très intéressante avec son côté extrêmement vulnérable et en même temps diablement fort. J'ai beaucoup aimé le contraste de ce personnage principal qu'on sens sur la corde raide mais qui malgré tout continue de se battre face à un adversaire dont on ignore quasiment tout et dont on sais qu'il est inutile de deviner son identité, celle ci nous étant révéler à la toute fin histoire de conclure mais n'étant pas le vrai intérêt de ce film.
Car au final, plus qu'un simple thriller, c'est un véritable film d'angoisse qui prend vie sous nos yeux. La tension est palpable, le jeu du chat et de la souris gagne en consistance et prend de l'ampleur au fur et à mesure que le film avance. L'identité du prédateur est anecdotique (j'aurais même presque aimé qu'on ne sache pas de qui il s'agit) mais on reste vraiment captivé par cette intrigue. De plus, il y à tout un thème autour de ses immeubles sans âmes où tout le monde se côtoie mais ou personnes ne se connait qui est très fort. Cette déshumanisation que l'on ressens accentue encore un peu plus cette tension qui était déjà bien palpable avec notre héroïne qui arrive dans une nouvelle vie et qui manque donc de repères.
Après, tout n'est pas parfait non plus. Il y à quand même de grandes facilités scénaristiques, la fin apparait peut être comme étant un peu classique au vue de la force véhiculé par ce téléfilm et à titre personnel, je ne suis pas très fan de la romance que l'on à essayé d'installé et qui à été fait de façon un peu trop rapide et simpliste à mon goût mais à côté de ça, ça reste diablement efficace avec de belles prises de risques assez savoureuses comme le personnage de Sophie, pas toujours bien exploités mais qui apporte de bonnes choses en tant que l'une des premières femme personnage lesbienne non stigmatisé de la télévision américaine.
Puisque j'évoque les personnages justement, la réussite de ce téléfilm vient à mes yeux en grande partie grâce à la performance de Lauren Hutton que j'ai trouvé parfaite en Leigh Michaels. Très bien dirigé, avec sa gestuelle et son jeu, on ressens bien le côté fragile mais également offensif de son personnage. Elle possède un certain charme qui fait que l'on éprouve tout de suite une sympathie pour son rôle même si par moment, on à un peu du mal à la comprendre, les traumas du passé de son personnage n'étant pas toujours bien exploité alors même qu'on les évoque. L'actrice m'as en tout cas bien convaincu dans son rôle.
A ses côtés, j'ai bien aimé aussi David Birney dans le rôle de Paul Winkless. La romance de son personnage avec celui de Leigh m'as pas vraiment convaincu. Je l'ai même trouvé assez facile dans son traitement et très prévisible mais l'acteur en soit m'a toutefois bien plu. Son rôle est sympathique aussi et son côté plus posé, presque en retrait parfois, apporte un certain calme à cette intrigue qui évite de trop s'emballer. L'acteur marque bien de sa présence lorsqu'il est à l'écran même si son personnage est parfois maladroit avec ce professeur de philosophie qui semble connaître plein de monde à Los Angeles et possède une attitude de journaliste plutôt que de professeur qui perd un peu en crédibilité.
J'ai beaucoup aimé aussi Adrienne Barbeau dans le rôle de Sophie. Que son personnage soit lesbienne n'apporte pas grand chose en soit à l'histoire (même si sa relation avec Leigh est traité de façon très intéressante et jamais condescendante ou moralisatrice) mais j'ai bien aimé la façon dont il est écrit et la façon dont la comédienne l'interprète. J'aurais d'ailleurs bien aimé la voir un peu plus souvent à l'écran car elle aussi m'est apparu très sympathique et plaisante à voir. J'aime beaucoup sa façon de voir cette histoire et l'attitude que l'on donne à son rôle.
Concernant le reste de la distribution, je n'ai rien à redire. Tout le monde est dans la même continuité et tient bien son personnage dont celui qui incarne le harceleur et dont je ne révélerai pas l'identité ici pour ceux qui souhaitent découvrir ce téléfilm et garder la surprise. Charles Cyphers en Gary Hunt est bon même si son rôle d'Inspecteur reste académique et les différents protagonistes tiennent la route. Il y à juste Grainger Hines en Steve avec qui je n'ai pas trop accrocher, son personnage étant vraiment trop caricatural à mon goût et l'acteur étant un peu trop dans le sur-jeu mais bon, comme on le voit peu au final ça ne m'as pas non plus gâché le film plus que ça.
Dans sa mise en scène, John Carpenter nous livre un travail plus que correct pour un téléfilm. Il nous montre à quel point d'ailleurs ses films de télévision peuvent être d'une grande qualité que ce soit dans leur construction scénaristique mais aussi dans leur réalisation. Ici, la caméra fourni des plans assez classique en soit mais qui sont transcendé par John Carpenter qui donne une autre dimension à cette histoire en transformant visuellement et dans son ambiance ce thriller. Il devient alors presque un film d'épouvante tant on s'identifie vite au personnage principal et qu'on se dit que le danger peut venir de partout.
J'ai beaucoup aimé aussi son exploitation des différents décors et notamment ceux de ses immeubles si vide de vie malgré la population qui y habite que ses grandes tours que l'on peut contrôler deviennent presque des personnages à part entière d'où le danger peut venir. On ressens bien la vulnérabilité des lieux malgré la technologie qui nous entoure. La façon de nous montrer comment le harceleur traumatise sa proie en contournant le système judiciaire est aussi très bien montré je trouve et assez puissant. Le montage est efficace ce qui fait que l'on ne voit pas le temps passé.
Très rythmé et avec une photographie qui fait qu'on ressens bien également les années 70, je me suis en tout cas beaucoup diverti avec ce film que j'avais l'impression d'avoir déjà vu mais qui me montrait en même temps des choses différentes. Je trouve en tout cas qu'il est bien ficelé et ça même avec une bande originale composée par Harry Sukman qui est très classique (et qui pour une fois n'est pas composée par John Carpenter lui même). Avec peu de moyens, ce téléfilm nous montre en tout cas je trouve qu'on peut faire quelque chose d'assez profond et intéressant à voir tout en respectant le cahier des charges.
Pour résumer, "Meurtre au 43ème étage" m'a vraiment beaucoup plu. Je me doutais, au vu du synopsis, que j'allais passer un bon moment car il y avait tout pour me plaire mais je ne me doutais pas que j'accrocherais autant. Sans prétention et avec peu de moyens, John Carpenter réalise un petit thriller qui frôle l'épouvante et nous tient en haleine jusqu'au bout avec une tension bien palpable. Parfois académique, parfois surprenant, ce téléfilm mérite le coup d’œil je trouve et on y retrouve toute la maitrise de son cinéaste qui contrôle bien son sujet. Un très bon petit film que j'ai pris plaisir à voir et que je reverrais volontiers en tout cas.