SOMBRE MARDILe jour où les vieilles dames parlent aux morts
Editions Fleuve Noir525 pages20 euros
4ème de couv :
Un homme nu comme un ver, assis dans un fauteuil, une pâtisserie à la main... et pourtant bien mort. Voilà la découverte que fait l'assistante sociale chez l'une de ses patientes, Michelle Doyce. Celle-ci, pourtant, ne peut dire au policiers d'où vient cet homme, ni qui il est.
Face à ce mystère, l'inspecteur Karlsson fait appel à la psychothérapeute Frieda Klein et à son incomparable capacité de sonder l'âme humaine. Car pour découvrir le meurtrier, il faut d'abord connaître la victime, un certain Robert Poole. Escroc de charme ayant sévi auprès de femmes vulnérables, Poole s'est fait de nombreux ennemis, tous suspects.Un criminel devenu victime, un témoin clé qui a perdu la tête, et une psy qui enquête tout en ayant le sentiment d'être épiée : non, rien dans cette affaire n'est à sa place. La pièce maîtresse manque encore au puzzle...
L'avis de Dup :
En relisant le résumé ci dessus, on rentre immédiatement dans l'ambiance Nicci French. C'est compliqué, c'est dense, et presque toujours façon puzzle géant. Nicci French c'est, non, ce sont puisqu'ils sont deux sous ce pseudonyme, une valeur sûre. Enfin, si on aime le thriller psychologique.
Mais là, avec cette série sur Frieda Klein, si on est en plein dans le côté psychologique, on est plutôt côté polar que thriller. Quoique... je pense que le côté thriller ne va pas tarder à s'installer avec les tomes suivants. Les indices semés ici et là ouvrent grand la porte. Et il nous reste quelques jours de la semaine à explorer ! Après Lundi mélancolie, voici donc Sombre mardi.
Frieda est un médecin psychiatre à la base, mais qui exerce seulement en tant que psychothérapeute, tirant un maximum profit de l'incroyable empathie dont elle est dotée. Elle a déjà aidée la police à résoudre une affaire dans laquelle elle a perdu quelques plumes ! Pourtant lorsque l'inspecteur Karlsson vient lui demander de l'aide pour tenter de comprendre le discours décousu de Michelle Doyce, elle répond positivement. Pire, elle ne peut s'empêcher d'aller plus loin, de suivre ses intuitions et s'immiscer dans l'enquête.
L'intrigue en elle-même est tarabiscotée à souhait, la victime étant au départ le malfaiteur, un arnaqueur de première. Toutes ses victimes deviennent des suspects potentiels. Le travail de recoupement de la police est immense et semble sans fin. L'empathie extrême dont est dotée Frieda va les aider à éclaircir bien des pistes. Cependant, la conscience de Frieda est mise à rude épreuve et bascule sans cesse entre l'envie de faire progresser l'énigme et celle d'aider les personnes impliquées dans l'affaire et qui, du coup, en sont fortement perturbées. Et puis, c'est la première fois que Frieda se trouve confrontée à un criminel qui en quelque sorte lui ressemble. Cet individu se servait de son empathie pour cerner ses victimes et mieux les escroquer.Les Nicci French font dans ce roman la part belle à la psychologie sur laquelle l'intrigue est entièrement basée. Sujet qu'ils dominent à fond. Intriguant le pouvoir d'écoute et d'analyse. Captivant le pouvoir de déduction. Sous la plume des auteurs, on voit naître chez leur personnage principal la passion du métier de profiler, même si Frieda s'en défend. Mais on aborde également les retentissements que celui-ci a sur la vie privée, sur l'impact que peut avoir cette démarche sur la psychologie du dit profiler, et c'est passionnant.Le tout servi par une écriture fluide, un tantinet froide, toute britannique en somme. Toute britannique également cette passion pour leur capitale, qui est ici presque un personnage à elle toute seule. Londres, avec la Tamise, ses ponts et ses marées, ainsi que ses affluents sous-terrains. On retrouve l'ambiance des romans de Ben Aaronovitch, la magie en moins, le suspense en plus. Une valeur sûre comme je disais plus haut, pour les amateurs du genre, qui apprécieront leur lecture sans aucun doute.