Sous l'égide de l'Institut Economique Molinari, de 24h GOLD et du Groupe ESC Troyes en Champagne, du 4 au 6 octobre 2013 a eu lieu la 3ème édition de l'Université d'automne en économie autrichienne.
Plus de 80 participants ont assisté aux différentes conférences dans les locaux du Campus Brossolette du Groupe de l'ESC Troyes.
La soirée du 4 octobre 2013
Dans un restaurant de la ville de Troyes, l'Université d'automne commence par une intervention de Guido Hülsmann, professeur d'économie à l'Université d'Angers.
Dans cette intervention, Guido Hülsmann rappelle qu'en 1912, il y a un siècle, Ludwig von Mises a développé, pour la première fois, dans son livre Théorie de la monnaie et du crédit, une théorie correcte du cycle économique.
S'appuyant sur les travaux de Ricardo et sur ceux de Carl Menger, il montre, il y a un siècle déjà, dans ce livre que les cycles économiques, d'expansions suivies de dépressions, sont dus à l'expansion du crédit monétaire, stimulée par la banque centrale et l'intervention de l'Etat, avec pour conséquences inflation et baisse artificielle du taux d'intérêt, et récession brutale quand cette expansion monétaire cesse après avoir duré longtemps.
Le matin du 5 octobre 2013
La conférence de Renaud Fillieule, professeur de sociologie à l'Université Lille 1, a pour thème Les régimes monétaires et leur évaluation par les Autrichiens.
Quels sont les systèmes monétaires?
1) Les marchandises
2) Les marchandises avec réserves fractionnaires
3) Le papier monnaie
1) Pour qu'une marchandise puisse jouer le rôle d'une monnaie, encore faut-il qu'elle soit liquide et qu'elle soit divisible. C'est en remplissant ces conditions qu'elle facilite la division du travail.
L'or et l'argent se sont révélés les plus propices pour jouer ce rôle. A l'origine, non seulement leur poids et leur teneur étaient connus mais également leur provenance. Les certificats de monnaie leur étaient matériellement incorporés. Mais il était possible également d'émettre des certificats de monnaie qui leur étaient séparés matériellement sous la forme de pièces et de billets.
Dans un esprit de simplification, l'Etat intervient, et soit l'or, soit l'argent, joue le rôle de monnaie. Il s'agit alors de monométallisme. Le cours est forcé, ce qui est difficilement défendable moralement. Le cours légal permet de générer une inflation institutionnalisée.
Quand l'or et l'argent coexistent, l'Etat intervient encore, toujours dans un esprit de simplification, pour établir un taux fixe entre eux. Il s'agit alors de bimétallisme. Le problème est que l'un va être surévalué par rapport à l'autre et va le chasser. On retrouve là les effets pervers de tout contrôle des prix.
Enfin, en réduisant la teneur en métal précieux, l'Etat dévalue la monnaie et rembourse plus facilement ses dettes. Ce qui est là encore moralement discutable.
2) En prêtant une partie de l'argent des déposants, une banque fractionne les réserves. Murray Rothbard considère qu'il s'agit d'une fraude, car la propriété privée n'est pas respectée.
George Selgin et Lawrence White ne sont pas de cet avis. Leur argument est que les déposants savent que les banques fractionnent les réserves, qu'il s'agit donc d'un choix volontaire et qu'il n'y a donc pas de problème éthique.
Il existe deux régimes de banques: quand les banques sont libres, elles sont responsables et peuvent faire faillite; quand existent des banques centrales, les banques prennent davantage de risques. Les banques centrales jouent en effet le rôle de prêteurs en dernier ressort. Leur existence a conduit successivement à la suspension de la convertibilité, à sa suppression et à la création du papier-monnaie.
3) La monnaie-papier décrétée par l'Etat est un système récent (1971). John Stuart-Mill disait déjà en 1848 que la monnaie-papier était un mal intolérable. Car, en abaissant sa valeur, elle permet de diminuer une dette. C'est pourquoi elle est imposée par l'Etat qui trouve là moyen de diminuer la sienne.
Les partisans de la monnaie-papier disent qu'elle permet une économie sur les coûts de production (ce qui est illusoire, de même que sa prétendue gratuité, parce qu'en fait beaucoup de gens y travaillent) et qu'elle permet la mise en oeuvre d'une politique monétaire.
Pour les Autrichiens et les libéraux classiques, il n'y a pas de création de richesses: on se contente de les redistribuer en faveur de ceux qui sont proches de la source de création de monnaie.
Il est possible de le faire de manière discrétionnaire (on donne carte blanche à des fonctionnaires en matière de quantité de monnaie et de taux d'intérêts), c'est le cas de la FED, ou de le faire en se donnant des règles (en matière de quantité de monnaie, de taux d'inflation, de taux de changes fixes, de PIB nominal), c'est le cas de la BCE.
François Facchini, professeur d'économie à l'Université Paris 11, revient, lui, sur Les causes de la crise et les politiques mises en oeuvre.
Quelles sont les conséquences de la crise en France? La croissance est de plus en plus faible, le chômage est fort (8 à 11%) et les Français se désintéressent de la politique (l'abstention est supérieure à 42% en 2012).
Qu'est-ce qu'une crise? Pour Karl Marx, c'est une caractéristique du capitalisme qui, d'une crise l'autre, finira bien par être détruit; pour Milton Friedman, c'est une turbulence dans une économie prospère; pour Keynes, c'est un défaut de régulation; pour les libéraux classiques, c'est la fin d'un cycle, avant qu'un autre ne commence.
Le capitalisme régulé est fragile. Plus les régulations étatiques assurent contre les défauts de paiement, plus il y a de comportements imprudents. La banque centrale favorise l'aléa moral, c'est-à-dire la prise de davantage de risques par les banques qui savent qu'elles seront sauvées en cas de défaillance.
Selon Hyman Minsky, c'est le capitalisme qui est défaillant par nature en raison de par sa fragilité systémique.
Les capitalistes font preuve d'avidité. Ils anticipent des gains pour financer leurs dettes. C'est une structure financière à la Charles Ponzi.
Le moment Minsky se produit quand les investisseurs surendettés sont contraints de vendre en masse.
La crise serait due à un capitalisme non régulé. Or la crise des subprimes est justement le résultat d'un capitalisme régulé de
par la politique étatique d'accès à la propriété et d'argent bon marché.
Dans un régime de banque libre, la couverture partielle des dépôts est quelque chose de marginal, alors qu'elle est généralisée dans un régime de banque centrale.
Dans le cas de la banque libre, soit la couverture partielle est illégale, soit la couverture est proche de 100%, en raison de la loi de l'offre et de la demande qui s'exerce en chambre de compensation.
Dans le cas de la banque centrale, au contraire la couverture partielle est légale. L'aléa moral joue à plein parce qu'elle est prêteur en dernier ressort (ce qui conduit à la socialisation des pertes et à la privatisation des gains).
Le cours légal empêche la loi de l'offre et de la demande de fonctionner. Est rendu solvable ce qui ne l'était plus. Sont favorisés les comportements malsains. De plus ce modèle, qui est un modèle de rente, s'avère moins performant que le modèle de profit.
Selon, le diagnostic post-keynésien, la crise provient d'un capitalisme non régulé.
Pour en sortir il faut donc:
1) Sauver les banques
2) Maintenir longtemps des taux d'intérêts bas, ce qui rend la crise plus profonde en bloquant le réajustement à la hausse
3) Augmenter la régulation, ce qui conduit à la contourner
4) Soutenir l'économie par la dépense publique, ce qui se traduit par une augmentation de la dette publique.
Dans sa Théorie de la monnaie et du crédit (1912), Ludwig von Mises disait que plus un modèle de croissance
artificielle est longuement entretenu, plus la récession qui s'en suit est longue et intense...
Dans Monnaie, crédit bancaire et cycles économiques, Jesus Huerta de Soto propose de revenir à une couverture à 100%, de démanteler les banques centrales et de revenir à l'étalon-or...
L'après -midi du 5 octobre 2013
Nikolay Gertchev, économiste à la Commission européenne, se propose de répondre à la question: Réforme bancaire: par où commencer?
1) Problème
2) Solution politico-institutionnelle
3) Propositions autrichiennes
4) Conclusion
1) Quel est le problème? La récurrence des cycles économiques a des conséquences sur les banques.
De mauvais projets d'investissements sont lancés. Les créances deviennent douteuses. Le capital des banques est consommé. De là naît une perte de confiance qui conduit à des retraits, lesquels provoquent de l'illiquidité. La contagion se répand. En présence d'un prêteur en dernier ressort, les banques ont pris des risques qu'elles n'auraient pas dû prendre. On retrouve là encore l'aléa moral.
Les conséquences sont la destruction de l'épargne et l'interruption du flux de crédit.
Il y a deux causes du point de vue autrichien:
- les réserves fractionnaires: les actifs les plus liquides ne représentent qu'une partie des actifs;
- les fonds propres sont insuffisants.
2) Les solutions du mainstream:
- Accords de Bâle III: renforcement des bilans par des ratios de couverture de liquidité et des fonds stables; renforcement du capital de base qui doit être d'au moins 4,5%
- Fonds commun de résolution des banques pour éviter que ce soit aux Etats nationaux de recapitaliser les banques.
Il en résulte une réglementation centralisée au lieu d'une régulation par l'intérêt individuel. A l'intérieur des banques, une agence est chargée de contrôler que cette réglementation est bien appliquée, ce qui conduit à leur bureaucratisation. Il s'agit en définitive d'une approche administrative du risque qui suppose l'existence d'une banque centrale et qui se traduit en définitive par une collectivisation des risques.
3) Les propositions autrichiennes:
- Soumettre la production de monnaie à la concurrence généralisée
- Eliminer la réglementation bureaucratique
Le débat est ouvert entre ceux qui sont favorables à une réserve intégrale ou non, entre ceux qui pensent que l'Etat doit jouer un rôle ou non, entre ceux qui sont favorables à une transition immédiate ou graduelle.
4) Conclusion
Il y a plusieurs scénarios chez les Autrichiens.
Celui de Ludwig von Mises consiste à geler la production de monnaie, à exiger 100% des réserves; à libéraliser le marché de l'or; à décréter la convertibilité des billets en or, après stabilisation de son prix; à créer une Caisse d'émission pour remplacer les anciens billets par des nouveaux garantis à 100%.
Concrètement l'or servirait aux petites transactions et circulerait effectivement. Les grandes transactions se feraient avec de grandes coupures. Il n'y aurait plus d'expansion du crédit et l'on éviterait la déflation de la masse monétaire.
Restent en suspens les questions des pertes dues aux mauvais investissements et de la libération en totalité de l'emprise de l'Etat sur le système financier.
Celui de Murray Rothbard consiste à réévaluer le stock d'or; à restituer le stock public d'or; à annuler les titres de dette publique détenus par la FED; à abolir la FED.
Ce qui est peu clair dans ce scénario c'est comment se ferait le retour graduel des réserves à 100% (par l'amortissement naturel du crédit bancaire?) et comment le prix de l'or s'ajusterait instantanément.
Celui de Jesus Huerta de Soto consiste à restreindre le nationalisme monétaire par la coopération internationale; à créer des banques à réserves intégrales en séparant les dépôts et les fonds mutuels; à couvrir les dépôts par des billets garantis par le stock public d'or; à rembourser la dette publique par la richesse nette des banques; à abolir les banques centrales; à établir la liberté monétaire.
Ce scénario suppose la coopération de l'Etat, ce qui semble peu réaliste.
Celui de Friedrich Hayek consiste à réformer le système bancaire (100% de réserves); à éliminer le cours légal (liberté d'émettre du papier-monnaie et liberté de choix des monnaies-papier); à faire apparaître une monnaie dominante par la concurrence; à arrêter les crédits nouveaux pour graduellement retrouver de meilleurs taux de couverture...
Comme on le voit, les scénarios pour la réforme bancaire sont divers et variés chez les Autrichiens, même si les objectifs sont similaires...
Gabriel Giménez-Roche pose la question: Réforme du marché du travail: et s'il fallait commencer par là?
Dans la théorie autrichienne l'origine des crises se trouve dans le financement des investissements par le crédit. Elles ne se résolvent que par une liquidation, le plus souvent partielle, rarement totale (la liquidation de 2002 en Argentine a été suivie 2-3 ans plus tard par de l'interventionnisme).
Comme il n'y a pas eu de liquidation totale après 2007-2008, il y a de quoi s'inquiéter, parce que plus l'intervention est grande, plus douloureux est l'ajustement...
Comme toute réforme passe par l'Etat, la question à se poser est: quel est le marché qu'il faudrait réformer en premier? Or le grand problème est la population. Toute réforme devrait donc, semble-t-il, passer par le marché du travail.
Pourquoi?
- Le taux de chômage en France est de 10,4% et le chômage de longue durée représente 41,5%;
- Les Français sont productifs: du fait du chômage important ils sont peu nombreux à travailler;
- Les cotisations sont élevées et progressives;
- L'inflexibilité du marché du travail est caractérisée par le maintien des 35 heures et la refiscalisation des heures supplémentaires;
- Les emplois les plus qualifiés et les délocalisations sont favorisés;
- Le salaire minimum est élevé, ce qui a un effet négatif sur tous les salaires;
- Les coûts de licenciement, qui augmentent avec l'ancienneté, sont prohibitifs;
- La formation technique est inadaptée (le taux de chômage pour les titulaires d'un brevet ou des non diplômés, sortis depuis 1 à 4 ans de leur formation initiale, est de 45,7% en 2011...);
- La bureaucratie et la fiscalité sont complexes.
Un déblocage du marché du travail se traduirait par de nouveaux débouchés et par une hausse généralisée de la demande d'employés.
En fin d'après-midi du 5 octobre 2013
Une discussion avec tous les intervenants de la journée a lieu. Elle tourne autour de l'inflation et de la déflation et de leurs conséquences sur l'économie.
Il ressort de cette discussion que la déflation est bonne si elle correspond à un gain de productivité et qu'elle est mauvaise si elle correspond à une baisse de la masse monétaire et qu'elle provient de la politique monétaire qui est menée par la banque centrale.
En cas d'inflation le créancier y perd parce que son capital est dévalorisé. En cas de déflation c'est le débiteur qui y perd.
Dans l'un et l'autre cas, c'est le rythme qui pose problème, c'est-à-dire s'il y a accélération.
En présence d'inflation, on a moins de ressources qu'on ne le croit et, en présence de déflation, on a plus de ressources qu'on
ne le croit.
Quand il y a inflation généralisée, elle ne peut être que d'origine monétaire.
Le matin du 6 octobre 2013
Avec verve et schémas, voire formules mathématiques financières, Gabriel Giménez-Roche décrit les sept sceaux du boom qui expliquent Les bulles spéculatives dans les cycles économiques:
1) Il y a abondance de capital: à l'offre d'épargne réelle s'ajoute l'offre de crédit du système bancaire, ce qui a pour effet de faire passer le taux d'intérêt bancaire (taux d'intérêt de la banque centrale + prime) en-dessous du taux d'intérêt naturel qui résulterait de l'offre d'épargne réelle et de la demande de capital.
2) La rentabilité potentielle est augmentée: le calcul entrepreneurial est falsifié, d'autant qu'il y a incitation à emprunter de la part des institutions. Des projets non rentables le deviennent comme par enchantement. Même en utilisant ses capitaux propres, le coût du capital baisse. Il en résulte une estimation optimiste et faussée des ventes.
3) Les effets de Cantillon se produisent: l'injection de monnaie profite à ceux qui en sont les bénéficiaires au détriment de ceux qui ne le sont pas.
4) Le boom des prix des facteurs de production se produit: quand la demande est boostée et dépasse la demande de facteurs de production, l'offre de facteurs augmente. Dans un premier temps il y a réactivation de la capacité oisive, puis recours à l'immigration, ensuite délocalisations, enfin adoption accélérée de nouvelles technologies pour épargner des ressources. Car il s'agit de produire plus rapidement pour répondre à la demande. La pression inflationniste est contrecarrée par ces nouvelles technologies, mais elle n'est pas annulée. Aussi la stabilité des prix est-elle illusoire.
5) Les bulles se forment: dans un premier temps la demande augmente. La spéculation de demande s'ajoute à la demande initiale. Dans un deuxième temps l'offre augmente. La spéculation d'offre s'ajoute à l'offre initiale. Car la spéculation résulte de l'harmonisation des marchés, c'est-à-dire de l'offre et de la demande.
6) Les marchés financiers sur-performent largement par rapport aux marchés des biens et services.
7) Il y a redéploiement vers des processus de production plus longs: or, tout le monde veut tout maintenant. Il y a saturation. La pression consumériste est instantanée et la production ne suit pas. La liquidation commence. Les clients des banques n'arrivent plus à rembourser leurs dettes.
Les keynésiens et les monétaristes ne voient qu'une partie de ces sceaux, qui, pour compliquer encore les choses, ne touchent pas tous les secteurs en même temps et ne se produisent pas dans l'ordre de cet exposé. C'est seulement quand il y a liquidation que les choses finissent par apparaître...
Nicolas Marques termine le cycle des conférences par un exposé sur Sécurité sociale: risques et enjeux.
Que recouvre la protection sociale? Les "risques" suivants:
- Assurance-maladie
- Allocations familiales
- Vieillesse
- Accidents
- Dépendance
Pourquoi des prélèvements obligatoires?
Parce que les individus sont d'incorrigibles imprévoyants. De plus, il est difficile d'anticiper. Il y a le risque de se faire berner et l'imprévoyance est maximisatrice. C'est pourquoi il faut imposer une couverture.
Cette couverture obligatoire et étatique est anti-sélection (le marché disparaît et les mauvais cas ne sont pas refusés...), mais elle conduit à un changement de comportement en raison de... l'aléa moral.
La théorie en cours est que, sur un marché, il n'y a pas ce qu'on veut. Pourtant, avant l'intervention de l'Etat, il y avait des sociétés de secours mutuel qui couvraient maladie, accident et dépendance.
Pourquoi cela marchait? Parce qu'un processus concurrentiel était suivi.
Le livret de mutualiste individualisait les couvertures:
- la date de mise en vigueur pouvait être différente;
- un examen médical préalable était effectué;
- les tarifs étaient différenciés suivant l'âge;
- un calcul actuariel était effectué.
Ces sociétés de secours mutuel ont augmenté au cours XIXe siècle (en 90 ans le nombre des mutualistes anglais est passé de 650'000 à 6'500'000) et elles se sont développées soit géographiquement, soit professionnellement. Elles ont créé des pharmacies, salarier des médecins etc.
Il y avait concurrence des prestations entre les tontines, les assureurs, les mutualistes, les patrons, les caisses d'épargne, les caisses de retraite publiques etc.
Pourquoi ont-elles disparu? Parce que ces sociétés ont été encadrées par l'Etat: en France en 1852, en Allemagne en 1893, au Royaume-Uni en 1911.
Cet encadrement s'est fait en limitant leur taille, limitée à 200 personnes sous prétexte qu'elles pouvaient faire de l'agitation, ou de la propagande. Leur épargne était convoitée du fait de l'existence d'une grosse dette publique.
Les syndicats étaient d'ailleurs opposés à leur fusion dans une caisse publique de retraites qui aurait favorisé les hauts
dignitaires aux dépens des autres.
Comme disait Hippolyte Taine:
"Presque toujours, lorsque les gouvernements mettent la main sur une institution... ils en
détraquent le mécanisme; ils font d'elle un engin fiscal, électoral ou doctrinal, un instrument de règne, etc."
La nationalisation et l'expropriation des sociétés de secours mutuel ont été opérés en 1945. Il s'agissait de généraliser, d'uniformiser.
Comme disait Frédéric Bastiat:
"La généralisation de la prévoyance débouche sur l'imprévoyance généralisée."
Le principe des sociétés de secours mutuel était de mettre en commun pour anticiper, provisionner, épargner. Celui de la Sécurité sociale de 1945 sera de contrôler, de déprovisionner, de faire de l'inflation, avec pour résultat de reporter sur les générations futures la dette sociale.
Aujourd'hui la protection sociale étatique se caractérise par de l'insécurité économique (le déséquilibre des comptes apparaît dès 1950), par de l'insécurité juridique, par le clivage qu'elle instaure entre les jeunes et les vieux, les malades et les bien portants etc.
Depuis 12 ans les régimes de la Sécurité sociale enregistrent des déficits importants (13,3 milliards d'euros en 2012). Si la dette des administrations de Sécurité sociale représente 8% du PIB, les dettes implicites s'élèvent à plusieurs fois le PIB annuel... Les prélèvements obligatoires correspondant aux administrations de sécurité sociale représentent 24% du PIB ...
Alors que la prévoyance c'est anticiper et mutualiser ce qui ne peut être anticipé, l'imprévoyance de la Sécurité
sociale c'est de remettre toujours à demain et de dire que tout ira bien s'il y a des naissances... Avec l'obligation d'assurance, la responsabilité individuelle a été perdue...
Les enjeux de la santé c'est:
- éviter le rationnement comptable (Angleterre, Canada);
- rétablir la concurrence (Suisse);
- ne pas dépenser plus que ce que l'on dispose;
- se projeter dans l'avenir;
- inciter les salariés à capitaliser;
- provisionner les retraites publiques.
Francis Richard