Une poule de batterie heureuse de l'enclos de 50 cm² dans
lequel elle passe ses journées à picorer et à pondre. Un zoo censé participer
activement à la préservation des espèces rares où les visiteurs pensent
davantage à consommer et à se bâfrer qu’à découvrir les animaux. Un mouton
mégalo et fasciste à la rhétorique persuasive. Un chien de chasse à la retraite
qui découvre les affres de la téléréalité…
Christophe Léon propose quatre fables dont la morale n’est
pas forcément explicite. Il faut fournir un petit effort de réflexion pour
comprendre les enjeux de chaque texte, ce qui n’est pas plus mal. D’ailleurs
est-ce vraiment des fables ? On est sans doute ici plus proche de la
parabole, mais peu importe finalement. Ce qui compte, c’est la limpidité du
propos. Pas de dénonciation grossière à coup de gros sabots mais plutôt un discours
tout en finesse dont l’évidence se dévoile peu à peu. D’où une lecture de
chaque histoire nécessairement attentive voire accompagnée pour certains
enfants qui auront peut-être du mal à en saisir les subtilités.
Le ton est caustique, souvent drôle. Il y a aussi une
certaine gravité et de jolies trouvailles, comme cette « passerelle »
imaginée entre les deux textes qui ouvrent et ferment le recueil où la poule et le chien se
rejoignent dans un final inattendu.
De la littérature jeunesse engagée qui appuie avec intelligence
là où ça fait mal et qui reste dans la lignée de ce que proposent les éditions
Le muscadier depuis leur création. Personnellement, çà me convient tout à fait.
Pense bêtes de Christophe Léon. Le muscadier, 2013. 82
pages. 7,90 euros.