Ce film s'appelle "Paris N'existe pas", il a été sélectionné à la Semaine de la Critique à Cannes en 1969, et il est réalisé par un certain Robert Benayoun, dont je n'avais jamais entendu parler avant de voir ce DVD, et qui a, entre autres curiosités, la particularité d'avoir dans son casting une immense star et un comédien rare et si précieux, Serge Gainsbourg lui même.
Du coup, après avoir vu ce film, qui est quand même un vrai OVNI un peu déroutant, j'ai fait des recherches sur Robert Benayoun et j'ai appris qu'il a été pendant près de trente ans un des critiques de cinéma les plus influents en France, l’auteur de plusieurs ouvrages importants sur le Septième Art (à propos de Jerry Lewis et de Woody Allen, entre autres) et Serge Gainsbourg comptait parmi ses admirateurs déclarés, au point d’accepter de tourner pour lui dans son premier film et d’en faire la musique ( en collaboration avec Jean-Claude Vannier deux ans avant de se retrouver pour le mythique album "l’Histoire de Melody Nelson").
Décédé en 1996, à l’âge de soixante-dix ans, Robert Benayoun est en fait une des grandes figures du surréalisme, un enfant spirituel d'André Breton, et il faut le savoir avant de voir ce Paris n'existe pas qui est effectivement une belle incarnation du courant surréaliste, si prisé dans les années 60-70.
Le scénario n'a pas vraiment d'importance, j'ai juste compris qu'il était question de Simon, un jeune artiste peintre en pleine crise d’inspiration qui se réveille après avoir pris une drogue lors d’une soirée et qui découvre qu’il a désormais la faculté de voyager dans le passé par la pensée.
Tout à fait, il a des espèces de flashes, il voit ce qui s’est produit avant : ainsi, d’un coup, il se retrouve dans la rue durant l’Occupation, ou bien il voit dans son propre appartement la locataire précédente, dans son lit.. Et Serge Gainsbourg joue le rôle de son ami Laurent qui tente de le rassurer et de l’arracher à ses nombreuses hallucinations.
Bref, ce film aborde pas mal de thèmes ( comme la panne d'inspiration des artistes, le temps qui passe, l'histoire, le pouvoir de l'art), mais de façon totalement peu rationnelle, et il faut vraiment pour apprécier le film, accepter de se laisser happer par l'univers dans lequel la musique et la peinture joue un rôle prépondérant. Benayoun nous livre en effet un voyage hallucinatoire d'une heure et et demie, dans lequel le rêve et l imagination ont totalement droit de cité.
Personnellement, j'ai parfois été charmé, et à d'autres moments, un peu plus paumé. A mes yeux, ce véritable OVNI cinématographique vaut surtout pour tenter de mieux comprendre le mythe Gainsbourg.
En effet, d'après les passionnants entretiens en bonus du DVD, ceux de l'acteur principal Robert Leduc ( qui a complètement abandonné le cinéma depuis) et du très récemment regretté Gilles Verlant, biographe officiel de Gainsbourg, le personnage de Laurent qu'il incarne lui ressemblait énormément, par son coté dandy avec des codes et des choix vestimentaires très précis, un dandy fragile dont on ne sait s’il est critique d’art, collectionneur ou fils à papa mais « un personnage très proche de celui qu’il incarnait à l’époque dans la vraie vie et le seul rôle qu’il n’ait pas dénigré dans sa filmographie » comme nous le dit Richard Leduc dans ces bonus.
Bref, les nombreux fans de l'artiste ne pourront pas passer à coté de cette perle qui leur manquait jusqu'à présent. Pour les autres, à vous de voir...
Un grand merci à Xavier pour la totale découverte!!